C’est sans surprise que l’unique liste candidate à la présidence du Conseil d’administration du Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam), a été portée en triomphe. C’était au terme de l’Assemblée générale élective organisée ce mardi, 09 avril 2024 au siège de la centrale patronale au quartier Bonanjo à Douala.
Conduite par Célestin Tawamba, la liste « Gecam pour une fondation en béton » a été élue à la majorité écrasante de 98,18% soit 550,2 suffrages exprimés sur 560,4 voix possibles, avec seulement dix bulletins nuls enregistrés au décompte final. Célestin Tawamba devient ainsi le président du tout premier conseil d’administration de la jeune organisation. Sous son impulsion, celle-ci a vu le jour le 14 décembre 2023 à l’occasion de son assemblée générale constitutive, sur les cendres du défunt Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) à la tête duquel Célestin Tawamba venait de passer six ans soit deux mandats consécutifs.
Les élections conduites par la secrétaire exécutive du Gecam, Aline Valérie Mbono, sous le regard de Maître Éta Besong Junior, président du Comité de surveillance, et du notaire, se sont déroulées par catégories d’adhérents, des très grandes entreprises (TGE) aux très petites entreprises (TPE) en passant par les petites et moyennes entreprises (PME). L’absence d’Emmanuel Wafo, le chef de file du camp qui s’est farouchement opposé l’année dernière à la formule de fusion-création voulue par les pro-Tawamba, était remarquable.
Protéger les plus petites entreprises
Aussitôt élu, Célestin Tawamba a pris la parole pour annoncer les couleurs de son tout premier mandat sous la bannière du Gecam. Il a présenté les différentes déclinaisons de ses chantiers au cours des trois prochaines années à la tête de la centrale patronale qui compte désormais un millier de membres, grandes entreprises et petites entreprises confondues. Un programme qui se veut « en rupture avec le passé », ainsi qu’il l’a annoncé. Ainsi, l’un des chantiers prioritaires de sa présidence sera la défense des intérêts des plus petites entreprises.
Nous devons résolument nous consacrer au service des adhérents, être à leur écoute, quelle que soit leur taille, les protéger contre les infortunes, les aléas, les crises. Nous formons ensemble une équipe de combat et je voudrais souligner l’honneur qui est le mien de porter au plus haut, comme de coordonner vos compétences et vos intelligences,
a-t-il annoncé sous des acclamations. Ce discours, il l’avait déjà élaboré au cours de son second mandat pour justifier ses choix en faveur de l’unification du patronat camerounais, finalement scellée l’année dernière entre l’alors Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam), creuset des grandes entreprises, et Entreprises du Cameroun (Ecam), qui regroupait pour l’essentiel les petites et moyennes entreprises. D’ailleurs, l’ancien président d’Ecam est d’office vice-président du Gecam, en vertu des clauses conclues entre les deux organisations unifiées. Pour gagner le challenge de la protection des structures de production les plus vulnérables, des points focaux seront désignés au sein de chaque entreprise membre pour servir d’interface avec les services permanents de la centrale patronale.
Ce dispositif a pour but de faciliter la collecte régulière de vos besoins d’appui et de vos doléances pour permettre que nous vous apportions des solutions concrètes en collaboration avec les administrations publiques ou les collectivités décentralisées le cas échéant,
a souligné Célestin Tawamba. Sur le plan du climat des affaires globalement, c’est une autre ère de batailles qui s’ouvre entre le patronat, majoritairement constitué d’entreprises du secteur privé, et les pouvoirs publics camerounais. Célestin Tawamba a plaidé pour la résorption rapide de la crise énergétique à laquelle fait face le Cameroun depuis des années. Pour lui, les propositions faites jusqu’ici par le gouvernement sont « fallacieuses ». La deuxième préoccupation du patronat concerne l’insuffisance des infrastructures de communication et de transports, ou leur état quand elles existent : « Ce n’est pas normal qu’entre Douala et Yaoundé il n’y ait pas de route », a-t-il déploré.
Une fiscalité de développement plutôt qu’oppressante
Dans l’urgence, le patronat demande également :
des propositions urgentes de la résorption de la dette intérieure et des crédits de TVA ; des préconisations des mesures de la réduction du train de vie de l’Etat ; une esquisse de réformes de notre système fiscal basé sur le chiffre d’affaires pour l’érection d’une véritable fiscalité de développement – on doit sortir de ce modèle, de cette fiscalité oppressante, injuste, qui pénalise tous les secteurs d’activité – ; des propositions de réforme de notre système monétaire et d’accès au financement, car il est difficile avec notre modèle hérité depuis de longues dates, que nous soyons en même d’apporter des solutions à la problématique de financement des Pme ; de véritables propositions de transformation de notre agriculture, et non faire des incantations. Et, bien entendu, des indicateurs tangibles de leur adhésion à notre vision de ce que doit être le nouveau dialogue entre les pouvoirs publics et le secteur privé.
Cet état des lieux impose au patronat un droit d’ingérence dans la gestion des affaires publiques. Aussi va-t-il scruter à la lettre les propositions des candidats aux prochaines échéances électorales au Cameroun.