Un nouveau cap pour la libre circulation des personnes et des biens dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Une ligne de transport fluviomaritime professionnelle permettant de relier les villes de Malabo en Guinée-équatoriale à celle de Douala au Cameroun est opérationnelle depuis le 26 avril 2024. Un projet né de la volonté des chefs d’Etats de ces pays respectifs.
L’ouverture de cette nouvelle voie de communication maritime sera bénéfique pour les deux pays. Elle permettra d’accroître le volume des échanges, de renforcer le processus d’intégration sous-régionale et faciliter la libre circulation des personnes en mettant à la disposition des voyageurs, un moyen de transport maritime sécurisé et confortable, selon le communiqué signé de l’ambassadeur de la République du Cameroun auprès de la République de Guinée équatoriale, Désiré Jean Claude Owono Menguele, le 19 avril 2024.
Cette initiative pourrait booster les échanges commerciaux entre ces deux pays voisins qui partagent des frontières terrestres et maritimes. Le rapport 2022 sur le commerce extérieur du Cameroun publié par l’Institut national de la statistique (INS), indique que le Cameroun a exporté 13 400 tonnes de marchandises d’une valeur de 18,59 millions de dollars (11,4 milliards de FCFA) en direction de la Guinée équatoriale, soit 0,3% des exportations globales vers les pays africains. Dans le sens inverse, le Cameroun a importé de la Guinée quatoriale 62 900 tonnes de marchandises d’une valeur de 61,99 millions de dollars (38 milliards de FCFA).
Cette ligne de transport s’inscrit dans le cadre des projets d’intégration initiés par les deux pays depuis quelques années. Il faut noter qu’en décembre 2023, le Cameroun a obtenu un prêt de plus de 78,3 millions de dollars (48 milliards de FCFA), de la Banque africaine de développement (BAD) pour la construction d’un pont sur le fleuve Ntem. Ledit projet rentre ainsi dans le cadre du Projet régional de facilitation du transport et du commerce sur le corridor économique Cameroun – Guinée équatoriale – Gabon. L’aboutissement de ce projet va davantage renforcer la coopération et les échanges entre les deux pays.
Une solution aux problèmes d’infrastructures sous-régionales ?
Le développement de l’Afrique centrale souffre de l’insuffisance des infrastructures depuis des années. En octobre 2023, le député congolais Alban Kaky, relevait au micro de TV5 Monde que les problèmes d’infrastructures routières reliant les pays de l’Afrique centrale sont à l’origine d’une consommation tournée vers l’extérieur. Une réalité couplée à la faiblesse des institutions sous-régionales qui plombe le décollage économique de ses pays membres.
Au niveau de la sous-région Cemac, l’intégration est effective administrativement. C’est-à-dire que des textes ont été pris mais souffrent d’un problème d’applicabilité. Je pense que parmi les difficultés, il y a la limitation des pouvoirs des organisations sous-régionales qui peuvent prendre des décisions qui ne sont pas appliquées au niveau des frontières. Un camion qui partira de Yaoundé pour Ouesso ou de Brazzaville pour Bangui souffrira des difficultés au niveau des frontières alors que les textes demandent une liberté de circulation des biens et des personnes,
explique le député Alban Kaky, député congolais. Des problèmes auxquels les chefs d’Etats de la zone Cemac tentent de trouver une solution. Lors de la réunion de ces derniers à Yaoundé au Cameroun en 2020, le président de la République du Congo, Denis Sassou-Nguesso a proposé un programme de 11 projets intégrateurs prioritaires pour faire face à cette situation. Ces projets portaient sur l’électrification, les corridors routiers, l’interconnexion par fibre optique… l’inauguration d’une voie de transport afin de booster les échanges entre le Cameroun et la Guinée équatoriale est donc une bonne nouvelle pour les économies de ces deux pays qui vont à l’assaut de la Zone de libre échange continentale.