La demande en smartphone est croissante en Afrique, favorisée par la transformation numérique accélérée. Selon Canalys, les expéditions de smartphones sur le continent africain ont atteint 68,7 millions d’unités en 2023, soit une augmentation de 6% par rapport à 2022. Le marché des smartphones en Afrique devrait atteindre un Taux de croissance annuel composé (TCAC) de 9% au cours de la période de prévision (2021-2026). Canalys attribue principalement cette croissance au renforcement de la confiance des consommateurs au cours du deuxième semestre 2023 où, 37,1 millions de smartphones ont été vendus sur le continent. L’on peut également mentionner la demande croissante de services numériques, le développement des réseaux sociaux, et la disponibilité de nombreuses offres de moins de 200$.
Les taux de croissance des ventes les plus élevés au troisième trimestre ont été enregistrés en Afrique du Sud (+20%) et en Egypte (19%). En ce qui concerne les marques les plus vendues, le chinois Transsion (Tecno, Itel et Infinix) est le leader sur le marché avec 48% des parts. L’entreprise a consolidé ses positions sur le continent en se concentrant sur les gammes de prix inférieures à 100 dollars. Le groupe sud-coréen Samsung a conservé sa deuxième position avec 26% de parts de marché devant Xiaomi et OPPO. Realme ferme le top cinq des marques les plus commercialisées sur le continent entre le 1er juillet et le 30 septembre 2023.
Le taux de pénétration du mobile en Côte d’Ivoire est de 128%. Les technologies mobiles contribuent à la hauteur de 7,1% du PIB de l’Afrique subsaharienne. D’ici 2050, la population de l’Afrique s’élèvera à près de 2,5 milliards d’habitants, d’après les prévisions de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Autrement dit, plus de 25 % de la population mondiale sera africaine. Le mobile va donc très fortement se développer dans les années à venir, car il y aura une hausse de la demande.
L’Afrique un marché mobile à conquérir
Selon le rapport du cabinet mondial d’intelligence Industrial Development Corporation (IDC), les expéditions de smartphones ont augmenté de 17,9 % en glissement annuel, atteignant 20,2 millions d’unités au premier trimestre 2024, tandis que les téléphones basiques ont diminué de 15,9 %, avec 18,8 millions d’unités vendues. Les marchés sud-africain et nigérian, les plus importants du continent, ont contribué à cette croissance, favorisée par la popularité des marques chinoises. Le Kenya, troisième marché le plus important, a également stimulé les ventes grâce à des plans de financement attractifs.
Les expéditions de smartphones de milieu de gamme ont augmenté au premier trimestre, tandis que les appareils à moins de 100 dollars ont diminué. Ceci indique une préférence croissante des consommateurs pour des modèles riches en fonctionnalités. IDC prévoit une croissance de 5,7 % du marché des smartphones en Afrique pour 2024. À long terme, la transition vers les smartphones se poursuivra malgré les pressions inflationnistes et les incertitudes macroéconomiques.
Les modèles de financement des smartphones gagnent également du terrain, comme en témoigne le récent partenariat entre Safaricom et Google, permettant aux consommateurs à faible revenu de payer les nouveaux appareils 4G par versements quotidiens. Le marché des smartphones en Afrique est également très compétitif. Cependant, moins d’appareils sont conçus pour les clients africains. Un problème auquel Transsion a apporté une solution. Cette « démocratisation » du téléphone lui a permis de devenir un acteur de premier plan dans la région au cours des dernières années. Selon Transsion Holdings, elle a vendu plus de 130 millions de cellules Tecno et Itel dans la région africaine.
Des marques africaines à la conquête du marché
Kunfabo, Okapi et Mara phones sont des marques de téléphones made in Africa. Développées respectivement en Guinée, en République Démocratique du Congo et au Rwanda, ces téléphones font la fierté du continent africain dans la sphère de la téléphonie. Kunfabo (en Malinké signifie « être en contact ») est une marque de Smartphone introduite sur le marché de la téléphonie, en janvier 2020. Elle est conforme aux réalités africaines et propose des téléphones de qualité certifiés par les normes internationales, notamment de l’Union européenne.
Okapi est une marque de téléphones conçue en 2019 par Jean Bele, chercheur en physique nucléaire au Massachussetts Institute of Technologie (MIT), aux États-Unis. Elle propose des Smartphones, tablettes, kits oreillettes, chargeurs solaires et téléphones intelligents grâce à l’utilisation d’une technologie exclusive.
En octobre 2019, le groupe Mara, société panafricaine de services aux entreprises basée à Dubaï, a inauguré une usine de fabrication de deux Smartphones 100% Made in Africa. Le lancement de cette infrastructure a marqué un nouveau tournant dans le renforcement des ambitions du Rwanda de devenir leader technologique mobile sur le continent africain. Le Mara Phones a été conçu en partenariat avec Google dans le cadre du programme Android One. Le Mara X propose 16 Go d’espace de stockage et coûte 120 000 francs rwandais soit environ 130 dollars tandis que le modèle Mara Z a un espace de stockage de 32 Go et est en vente pour environ 175 750 francs (190 dollars).
Des smartphones au service des populations
Du fait de la généralisation de l’utilisation de la technologie mobile au sein de la population locale, de plus en plus d’Africains ont accès aux soins médicaux de qualité. Le nombre de médecins et de professionnels de la santé en Afrique étant insuffisant par rapport au nombre de patients, il est désormais possible d’utiliser son téléphone portable à tout moment pour consulter et obtenir des conseils en matière de santé. Plusieurs applications ont été développées en ce sens, à l’instar de l’application « FD-Detector » lancée par un groupe de jeunes au Nigeria.
Elle sert à vérifier l’authenticité d’un médicament et sa date d’expiration. Ceci en analysant le code-barres ou encore. Dans le même sillage l’application « M-Tiba » au Kenya permet à ses utilisateurs de régler un traitement médical à distance ou de transmettre des données anonymement pour que les autorités de santé puissent détecter les tendances et anticiper d’éventuelles épidémies.
Par ailleurs, la plupart des pays du continent souffrent de lacunes au niveau des infrastructures scolaires. Avec les nouveaux arrivants qui rejoindront bientôt les bancs de l’école (près de 150 millions d’élèves à scolariser à l’horizon 2025), le maintien de la qualité de l’enseignement se trouve compromis. Or, si l’éducation est encore perçue comme un privilège dans de nombreux pays du continent, de nombreuses initiatives visent à pallier ces inégalités.
En Côte d’Ivoire par exemple, l’entreprise « Qelasy » a créé une tablette éducative pour les élèves. Elle peut résister à la chaleur, à la poussière, à l’humidité et permet aux enfants d’accéder à leurs supports de cours, aux exercices quotidiens et de suivre leur progression. Le concept est déjà utilisé dans plus de 200 écoles de différents pays à travers le continent.
« Chalkboard Education », service mobile de e-learning via SMS pour les élèves et étudiants ghanéens et ivoiriens n’ayant pas accès à l’école ou à l’université, est un autre exemple représentatif de l’évolution du phénomène. Il permet aux élèves de télécharger des manuels, des exercices, des tests et d’être en contact permanent avec les enseignants grâce à leur téléphone même sans être connecté à Internet.
Elle est également entrée en partenariat avec des universités du Ghana pour permettre aux étudiants de suivre des cours où qu’ils soient, en contournant les problèmes liés aux infrastructures et aux coûts excessifs de la connexion internet.