Les diamants fabriqués dans les laboratoires ont le vent en poupe. Selon le rapport « Analyse de la taille et de la part du marché des diamants synthétiques : tendances de croissance et prévisions (2024-2029) », le marché des diamants synthétiques devrait atteindre 20 277,90 millions de dollars US d’ici la fin de l’année et devrait enregistrer un Taux de croissance annuel composé (TCAC) de plus de 7% au cours de la période de prévision.
Lors de la conférence « Facets 2022 » organisée par Antwerp World Diamond Centre, l’analyste de l’industrie du diamant, Edahn Golan, cité par Journal de Montréal, indiquait que l’industrie des diamants de laboratoire représente désormais 10% du marché des bagues de fiançailles en diamant.
Cette avancée des diamants de synthèse n’est pas une surprise pour bon nombre d’experts. Selon Journal de Montréal, l’analyste de marché et consultant indépendant Paul Zimnisky, a expliqué le succès des diamants grandis en laboratoire avec un prix abordable, une qualité supérieure et un positionnement sur le marché bien conçu, en particulier dans les bijoux de mode.
De nombreux consommateurs choisissent un diamant de laboratoire au lieu d’un diamant naturel en raison d’un écart de prix notable. Ils peuvent acheter un solitaire en diamant de laboratoire de 2,15 carats de qualité supérieure à la moyenne pour le prix d’un naturel équivalent de 1,00 carats,
peut-on lire dans les colonnes du journal.
Vu leur pénétration sur le marché mondial de la joaillerie, certaines industries se sont adaptées pour faire face à la crise. Des marques comme Pandora ont accepté les diamants cultivés en laboratoire comme élément intégral du concept de la marque. Elle a refaçonné sa stratégie de marché en choisissant les diamants synthétiques comme moyen de démocratiser son offre. Une autre marque, Swarowski a lancé une ligne aux couleurs fantaisie des bijoux avec des diamants de laboratoire aux teintes vibrantes qui ne sont pas disponibles en diamant naturel. Breitling, la marque de montres de luxe, a également annoncé son passage à l’utilisation de diamants synthétiques, selon nos confrères d’Afrique Média.
Une menace pour les producteurs
Cette nouvelle dynamique imposée sur le marché du diamant par les laboratoires raisonne comme une épée de Damoclès sur les producteurs de diamant naturel. Au Botswana, les diamants représentent environ 33% du Produit intérieur brut (PIB) et 75% des recettes en devises.
Le pays est aujourd’hui le premier producteur mondial de ces pierres en matière de valeur. Toutefois, la montée en puissance des diamants de laboratoire impacte son économie. C’est dire que le Botswana considère les diamants de synthèse comme une menace pour son économie. C’est ce que laissait entendre le président Mokgweetsi Masisi, en prélude à sa participation au salon JCK à Las Vegas, considéré comme le plus grand événement au monde dans le domaine de la joaillerie.
Les diamants sont en effet un moteur de l’économie botswanaise. Leur taux de contribution aux recettes publiques est d’environ 40 %, soit un peu moins d’un tiers du PIB et 75 % des recettes en devises. Cependant, le marché des diamants naturels est en crise, du fait de la baisse de la demande et des prix au profit des pierres synthétiques. Cet état de fait a porté un coup aux recettes du partenaire historique du Botswana, De Beers. L’entreprise a vu ses ventes de diamants bruts baisser à 3,6 milliards de dollars US en 2023, contre six milliards de dollars US en 2022.
En avril dernier par exemple, 45% des bagues de fiançailles en diamant vendues par les détaillants spécialisés américains étaient serties de diamants de laboratoire, selon l’analyste Edahn Golan, cité par l’Agence Ecofin. Une situation préjudiciable aux projets à long terme du Botswana. Le pays prévoit un investissement de six milliards de dollars US, en partenariat avec De Beers. Cet investissement permettra de prolonger la durée de vie de Jwaneng, la plus grande mine de diamant d’Afrique. La première phase de ce projet nécessite des fonds à hauteur d’un milliard de dollars US.