Cette perspective s’inscrit dans la volonté du gouvernement de renforcer le mix énergétique du pays. C’est dans ce contexte que Abidjan a accueilli ce 28 août 2024, une conférence de presse organisée en marge de la sixième réunion de l’Alliance solaire internationale (ASI) tenue ce jour. Au cours de cette rencontre avec les professionnels des médias, Kalifa Ehouman Narcisse, Directeur général de l’Energie au ministère des Mines, du Pétrole et de l’Energie, est revenu sur les mesures incitatives permettant au secteur privé d’investir dans l’énergie solaire.
Il a entre autres évoqué le droit de TVA et le droit de Douanes. Ainsi, en Côte d’Ivoire, le développement de ce secteur est axé sur trois sources distinctes : l’exploitation du potentiel d’hydroélectricité du pays, estimé à 1 680 MW, l’utilisation du potentiel national en biomasse, estimé à plus 12 000 000 t/an et le développement du potentiel solaire photovoltaïque avec une moyenne annuelle d’ensoleillement sur un plan horizontal présentant un potentiel de 5,25 kWh/m²/j.
Un fort potentiel à exploiter
La transition énergétique est depuis quelques années au centre des politiques de développement de la Côte d’Ivoire. Le pays dispose d’un important potentiel hydraulique favorable à la promotion des énergies renouvelables. En 2023, le gouvernement entendait produire 26% de l’énergie propre du pays grâce à cette seule source d’énergie.
Selon les mêmes prévisions, la production de l’électricité à partir des autres sources d’énergies renouvelables devrait atteindre 16% du mix-énergétique en 2030. Dans l’ensemble, la part des énergies renouvelables dans le mix de production sera de 42% à l’horizon 2030. Une contribution nécessaire pour satisfaire la demande en électricité dont les prévisions de croissance annuelle évoluent de 10 à 12%, selon le Paner.
Améliorer l’accès à l’électricité
Les données publiées par la Banque mondiale en mars 2024 indiquent que la Côte d’Ivoire affiche un taux d’accès à l’électricité de 71%. Ce chiffre est supérieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne (50 %) et permet de soutenir la comparaison avec des pays comme le Nigeria (59 %), le Sénégal (68 %) ou le Ghana (86 %). Ce taux de couverture électrique est le fruit des investissements de l’institution de Bretton Woods, de la Banque africaine de développement (BAD), d’autres institutions de financement et des secteurs public et privé ivoiriens.
Aujourdhui, les énergies renouvelables représentent 31 % de l’électricité produite en Côte d’Ivoire, selon les chiffres officiels. Le pays de Alassane Ouattara a initié des projets pour augmenter cette capacité de production. En avril 2024, le pays a inauguré sa première centrale solaire photovoltaïque. L’infrastructure a une capacité de production de 37,5 MW. Son extension est financée conjointement par l’Allemagne, l’Union européenne… à hauteur de 75,6 millions d’euros.
Je me réjouis de la réalisation de ce projet structurant qui s’inscrit pleinement dans les objectifs de transition énergétique de la Côte d’Ivoire qui visent 45% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique national à l’horizon 2030. Un tel objectif ambitieux montre clairement la volonté de l’État de Côte d’Ivoire d’investir davantage le champ des énergies renouvelables,
déclarait Myriam Ferran, Directrice générale des partenariats internationaux à la Commission européenne, présente lors de la cérémonie.
Les énergies propres sont passées de 604 MW à 925 MW depuis 2014
Selon le ministère ivoirien en charge de l’Énergie, ce projet doit permettre de faciliter l’électrification de villages et “l’amélioration de la qualité de service de plus de 430 000 ménages”. En 2022, le taux de couverture en électricité dans le pays était de 82%, contre 33% en 2011. Cette centrale solaire ne représente qu’une petite partie de la production ivoirienne d’électricité, actuellement assurée aux deux tiers par l’énergie thermique, le reste étant essentiellement fourni par des barrages hydroélectriques.
Depuis 2014, les énergies propres en Côte d’Ivoire sont passées de 604 MW à 925 MW, soit une hausse de 53%, selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena). La puissance électrique totale installée dans le pays est estimée autour de 2 500 MW. Le gouvernement prévoit d’atteindre 6 000 MW en 2030, avec une utilisation croissante des énergies renouvelables qui devraient représenter jusquà 42 % du mix énergétique mondial la même année.
La Côte d’Ivoire est le principal producteur d’électricité de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Environ 10% de la production d’électricité de la Côte d’Ivoire est exportée vers six pays voisins : le Ghana, le Togo, le Bénin, le Burkina, le Mali et le Liberia, selon le ministère de l’Énergie.
En plus, le pays s’est engagé dans un programme dinfrastructures ambitieux pour devenir le centre énergétique de la Cedeao. Selon How2Go, le pays pourrait être l’un des principaux moteurs de la création du WAPP (West African Power Pool), un marché régional de l’électricité qui lui permettra d’accroître ses exportations vers les 14 pays interconnectés.
Insuffisance de réseaux de transport de l’électricité
Toutefois, et en dépit d’importants investissements, le secteur électrique ivoirien souffre de l’insuffisance du réseau de transport et des obstacles liés à l’interconnexion des réseaux. Pour pallier ces problèmes, divers programmes financés par le gouvernement ivoirien, les organismes multilatéraux, les agences internationales d’aide au développement et le secteur privé ont été mis en place en 2020.
Il s’agit notamment du Programme national d’électrification rurale (Proner), qui vise à électrifier toutes les villes et villages du pays, du Programme électricité pour tous (Pept) pour faciliter l’accès à l’électricité à un million de foyers en 2020, du Projet de développement et réhabilitation du réseau électrique ivoirien (Proderci) entre autres.