Les investisseurs Indiens ont répondu à l’appel des opportunités d’investissements qu’offrent le Cameroun et l’Afrique. Un appel traduit par une mission économique en terre camerounaise. Les acteurs des économies des deux pays se sont réunis à Yaoundé ce 21 septembre 2024 pour évoquer l’avenir et de la nouvelle direction de la coopération entre les deux pays. Un avenir dans lequel, l’Inde pourrait infiltrer un peu plus le marché africain à partir du Cameroun.
Devant les investisseurs indiens, Diane Acha Morfaw, présidente du Conseil d’administration (PCA) de l’Agence de promotion des investissements (API), a vanté les atouts de la destination Cameroun pour les investissements indiens. Elle n’a pas manqué de souligner la position stratégique que le pays de Paul Biya occupe sur le marché africain :
Le Cameroun est un pays à haut risque. Il faut venir avec beaucoup d’argent et beaucoup de patience […] Lorsque vous vous intéressez au marché camerounais, vous embrassez aussi le marché de l’Afrique centrale, de l’Afrique australe… Nous ferons de grandes choses en travaillant ensemble. Le partenariat que vous établirez avec le Cameroun sera fructueux. Soyez juste patients,
a affirmé Diane Acha Morfaw.
Des incitations pour attirer les investisseurs
Depuis 2013, l’Etat a fait de la promotion des investissements privés son cheval de bataille. Pour ce faire, il a entrepris d’attirer les investissements à travers des mesures incitatives mises en place dans la loi de 2013 fixant les incitations à l’investissement privé au Cameroun. Ces incitations sont d’ordre fiscales, douanières, administratives (octroi des visas spécifiques aux investisseurs pour éviter les goulots d’étranglement administratifs) …
Pendant la phase d’exploitation qui ne peut excéder 10 ans, en considération de la taille des investissements et des retombées économiques attendues de ceux-ci, l’investisseur peut bénéficier, selon le cas, des exemptions ou des réductions au paiement des taxes, impôts, droits et autres charges suivantes : minimum de perception d’impôt sur les sociétés, d’impôts sur les bénéfices […],
indique la loi de 2013 qui régit les investissements privés au Cameroun.
Réunis autour de la Confédération des industries indiennes (CII) regroupant près de 900 000 entreprises, les investisseurs indiens ambitionnent de surfer sur ces incitations pour renforcer leur présence sur le continent.
Nous avons compris qu’il y a plusieurs opportunités d’investissements et nous sommes prêts à les embrasser pour faire grandir le partenariat. Nous sommes contents de savoir que le Cameroun a manifesté son intérêt. Si nous travaillons ensemble, nous ferons de grandes choses,
se projette Ajay Jain, chef de la délégation indienne.
Un partenaire pour accélérer l’import-substitution
Ces investissements concernent plusieurs secteurs : l’énergie, la santé, la technologie, l’éducation, les infrastructures, etc. Les ambitions d’émergence du Cameroun à l’horizon 2035 sont clairement affichées. L’un des secteurs identifiés comme porteurs de cette émergence, l’import-substitution. Dans sa Stratégie nationale de développement 2030 (SND30), le Cameroun ambitionne de réduire de 50% l’importation de sous-produits dans 11 filières essentielles (les filières aquacole, bois, bovine-laitière, cacao, café, coton-textile-confection, manioc, palmier à huile, oignon, tomate et production des fertilisants biologiques).
L’Inde, aujourd’hui acteur majeur de l’économie mondiale, se positionne comme un partenaire de choix pour le développement de ces secteurs jugés prioritaires.
L’un des gros problèmes que nous devons résoudre dans l’import-substitution c’est le marché. Il faut que nous puissions vendre avant de produire. L’Inde est l’un des pays qui se démarque dans l’industrie pharmaceutique donc, ils peuvent facilement écouler nos sous-produits. Nous pensons aussi qu’ils peuvent venir avec des équipements. C’est-à-dire qu’ils ne vous vendent pas seulement les équipements mais qu’ils s’installent ici,
a indiqué Simon François Yonga Bakalag, coordonnateur du Centre de réseaux des filières de croissance (Crfc).
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L’intérêt des deux pays de nouer des relations ne date pas d’aujourd’hui. Lors du 19e conclave de la CII sur le partenariat Inde–Afrique à New Delhi en août 2024, le Cameroun a mené une mission de prospection dans ce pays dont le PIB est évalué à 3 730 milliards de dollars US, selon le Fonds monétaire international (FMI).
Malgré une baisse des recettes d’exportations vers l’Inde de 41,9%, qui sont passées de 493 milliards de FCFA en 2022 à 286 milliards de FCFA en 2023, ce pays de 1,417 milliard d’habitants (2022) est le troisième partenaire commercial du Cameroun. Selon l’Institut national de la statistique (INS), l’Inde détient 11,6% des parts de marché d’importations du Cameroun en 2023, occupant ainsi la 2ème place derrière la Chine. Le gazole (33,1%), le riz semi-blanchi ou blanchi, poli ou glacé (18,6%), l’essence destinée à l’aviation (9,3%), les médicaments (6,1%), et des poissons congelés (2,8%) sont les principaux produits importés de l’Inde.