Les prix des fèves de cacao sont en hausse depuis le dernier trimestre 2023, atteignant un niveau record de 10,97 dollars le kilogramme, le 19 avril 2024, selon l’International Food Policy Research Institute (IFPRI). La flambée des prix est due à une baisse significative de la production de fèves de cacao des principaux fournisseurs mondiaux. En effet, quatre pays producteurs clés d’Afrique de l’Ouest et centrale représentent plus de 60 % de l’approvisionnement mondial en fèves de cacao : la Côte d’Ivoire (avec 38 % de la production mondiale en 2022), le Ghana (19 %), le Nigéria (5 %) et le Cameroun (5 %).
Selon les prévisions de l’Organisation internationale du cacao (ICCO) le déficit atteindra 375.000 tonnes en 2023-2024, contre 74.000 tonnes en 2022-2023, avec une production mondiale de 4,45 millions de tonnes pour la campagne en cours, contre 4,99 millions de tonnes lors de la précédente. Un déficit qui accentue le déséquilibre entre l’offre et la demande de cacao brut. Alors que l’offre baisse de 11%, la demande mondiale ne devrait reculer que de près de 5% pour s’établir à 4,80 millions de tonnes.
Chute de la transformation locale
La flambée actuelle des prix a été déclenchée par les effets étroitement liés du changement climatique et d’El Niño, qui ont entraîné des précipitations irrégulières et des températures plus élevées dans les régions productrices de cacao, favorisant la prolifération de ravageurs et de maladies du cacaoyer telles que la maladie de la pourriture noire et la maladie du virus des pousses gonflées du cacaoyer. Les problèmes structurels tels que le vieillissement des arbres sont une autre source de pénurie d’approvisionnement.
En Côte d’Ivoire, où l’Etat encourage la transformation locale, les transformateurs déclarent ne pas disposer de moyens suffisants pour s’approvisionner. Transcao, entreprise contrôlée par l’Etat ivoirien, a déclaré avoir cessé d’acheter des fèves en raison de la flambée des prix et ne transforme plus que ses stocks, indique le média Le 360 Afrique. De ce fait, les chocolatiers mondiaux font face à une baisse significative des produits dérivés du cacao (beurre, liqueur, poudre…) et une flambée des prix du produit dont le cours a atteint des niveaux jamais égalés depuis 1977.
Les géants chocolatiers mondiaux fortement impactés
Résultat, la chaîne de valeur du marché de cacao, qui était jusqu’à présent très structurée, est perturbée par l’incapacité des transformateurs locaux et des négociants à acquérir les quantités souhaitées de produits transformés et à faire face à la flambée des prix.
Or, les chocolatiers ne peuvent pas produire du chocolat à partir du cacao brut et dépendent des transformateurs de fèves en beurre, poudre et liqueur de cacao. Les géants chocolatiers mondiaux tels que Nestlé, Mondelez, Hershey, Lindt etc. font face à cette pénurie et à la flambée des prix. En France, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques, les boissons cacaotées et les chocolats à croquer ont augmenté respectivement de 23,3% et 17,3% entre janvier 2022 et mi-février 2024, informe Le 360 Afrique.
Suspension de la vente des contrats d’exportation de cacao
En Côte d’Ivoire, le gouvernement n’a pas tardé à suspendre la vente des contrats d’exportation de cacao pour la saison 2023/2024. Ce moratoire n’a pas seulement porté un coup dur aux réserves de change, il a également affecté des sociétés clés de négoce de cacao telles que Cargill, Barry Callebaut, Nestlé et Hershey, d’après l’IFPRI.
Cela est également valable pour les entreprises ghanéennes dont certaines avaient suspendu leurs activités durant des semaines l’année dernière en raison de la pénurie de fèves. Les transformateurs locaux sont concurrencés par les négociants mondiaux qui ont de plus gros financements pour acheter des fèves afin de s’assurer des quantités suffisantes qui leur permettent de respecter leurs engagements envers les géants mondiaux du chocolat.
Malgré la conjoncture actuelle, le marché mondial du cacao et du chocolat devrait passer d’une valeur de 48 milliards de dollars en 2022 à près de 68 milliards de dollars d’ici 2029, selon les analystes de Fortune Business Insights, société d’études de marché.