La Guinée détient la première réserve mondiale de bauxite : 25% du stock. Selon l’Agence de promotion des investissements privés de Guinée (APIP), les réserves guinéennes de bauxite sont estimées à plus de 40 milliards de tonnes. 23 milliards de tonnes étant localisées dans la région de Boké. Les régions de Boké ; Kindia ; Fria ; Boffa (Basse Guinée), de Tougué, Pita, Mali, Mamou, Dalaba (Moyenne Guinée) et de Dinguiraye, Dabola, Siguiri (Haute Guinée) sont les bassins de production de la bauxite guinéenne. En 2016, la production nationale était de 20 millions de tonnes. Ces chiffres ont été portés à plus de 72 millions de tonnes en 2022 puis à 97 millions en 2023, selon Statista.
Plusieurs entreprises se démarquent dans la filière bauxite. Les sociétés telles que AGB2A SDM, Ashapura, Alufer, CBG, Chalco, Cobad, CDM Chine, GAC, SMB, Spic, AMR-TM ont globalement produit 29,98 millions de tonnes avec une exportation totale de 30,43 millions de tonnes par rapport au premier trimestre 2022 qui s’élevait respectivement à 24,91 millions de tonnes et 23,13 millions de tonnes, soit une augmentation de 20% pour la production et 34% pour l’exportation. Friguia quant à elle, a produit et exporté respectivement 73 100 et 84 860 tonnes, soit une baisse de 27% de production et une baisse de 18% d’exportation par rapport au premier trimestre 2022. Ces chiffres sont du Bureau de stratégie et de développement du ministère des Mines et de la géologie. Malgré le fort potentiel de la bauxite guinéenne et d’autres minerais, les observateurs estiment que les populations locales ne bénéficient pas des retombées de son industrie minière.
Un potentiel inexploré
Avec 2/3 des ressources mondiales, la Guinée est le deuxième producteur mondial de bauxite, derrière l’Australie. Le pays est par ailleurs le premier fournisseur de la Chine, le plus important producteur d’aluminium au monde.
La Guinée détient plus d’un quart des réserves mondiales de bauxite et a de grandes quantités de réserves de minerai de fer de haute qualité avec, pour la plupart, une teneur supérieure à 60%. Ces gisements sont largement inexploités et représentent ainsi une opportunité majeure pour les sociétés minières,
renseigne le Guide sur le secteur minier en Guinée, cité par Anadolu Ajansi.
L’industrie minière guinéenne est considérée comme un des leviers de l’économie nationale. Les matières premières représentent 35% du Produit intérieur brut (PIB) et 85% des exportations du pays.
Bien que parmi les producteurs importants de bauxite, le potentiel de la Guinée reste limité du fait de la faiblesse de son industrie de transformation. Le secteur industriel guinéen est encore peu développé. Il dispose de larges opportunités de croissance. Cependant, l’économie nationale se heurte aux importations de biens alimentaires principalement de l’Union européenne (UE) et aux exportations de minerais non transformés notamment la bauxite et l’or qui représentent 94 % des exportations totales.
Ces matières premières brutes sont principalement acheminées vers la Chine et les Emirats Arabes Unis. Une situation peu favorable à un développement efficient du pays.
Il faut noter que bien que la Guinée soit le plus grand exportateur de bauxite, elle ne fait pas partie des plus grands producteurs, principalement du fait que les autres grands producteurs transforment principalement la bauxite en alumine avant son exportation. La mise à niveau de la structure du secteur manufacturier vers la production et l’exportation de produits à plus fort contenu technologique s’avère impérative,
peut-on lire dans le rapport d’évaluation du projet d’appui au développement industriel et à la résilience des PME en Guinée, publié par la Banque africaine de développement (BAD) en juin 2024.
Le carburant dont l’économie nationale a besoin pour décoller
La valeur ajoutée des matières premières réside dans leur transformation en produits finis. Avec ses importantes réserves jusqu’ici exportées à l’état brut, la Guinée souhaite relever ce défi. Le 8 avril 2022, le président de la Transition, le colonel Mamadi Doumbouya a convoqué les chefs d’entreprises exploitant la bauxite dans son pays. D’après nos confrères d’Africa CEO, l’ordre du jour portait sur la transformation locale de la bauxite extraite dans le pays. La bauxite est importante dans la fabrication de l’aluminium. Sa transformation avant exportation pourrait être le carburant dont l’économie nationale a besoin pour décoller.
Pour ce faire, le Colonel Mamadi Doumbouya, avait donné aux patrons des compagnies minières jusqu’à fin mai 2022 pour présenter leur plan de construction d’usines de transformation de la bauxite :
Désormais, la transformation sur place devient incontournable. C’est un impératif. […] En dépit du boom minier du secteur de la bauxite, force est de constater que les revenus escomptés sont en deçà des attentes. Vous et nous ne pouvons plus continuer ce jeu de dupe qui perpétue une grande inégalité dans nos relations. Il faut la corriger et c’est maintenant,
peut-on lire dans les colonnes de la Tribune Afrique.
La question de la transformation de la bauxite se pose alors que la Guinée veut développer son industrie. Selon les informations collectées auprès de Geology Science, cette matière première est essentielle à la production de l’aluminium. Elle permet de produire de l’alumine. Qui alimente l’industrie de l’aluminium métallique. Le métal léger, solide et résistant à la corrosion est un matériau important dans la construction, le transport, l’emballage et l’électronique… Aussi, les matériaux réfractaires sont des produits dérivés de la transformation de la bauxite. Ils servent à revêtir les fours et les fours à haute température, d’après Geology Science. Les applications de la bauxite sont multiples. Sa domestication permettra de donner un nouveau visage à l’industrie guinéenne.
Un investissement de quatre milliards de dollars US pour une raffinerie d’alumine
Des entreprises semblent avoir saisi le potentiel de la bauxite guinéenne. Début juin 2024, de la Guinea Alumina Corporation (GAC), filiale de Emirates Global Aluminium (EGA) et Aluminium Corporation of China (Chinalco) ont signé un accord cadre pour faire avancer le développement d’une raffinerie d’alumine en République de Guinée, selon le communiqué publié par la GAC sur son site officiel le 1er juin 2024. Ce partenariat permettra de mettre en place une raffinerie d’alumine dans le pays tout en améliorant sa production.
L’accord, connu sous le nom de « Term Sheet », stipule que la société, par l’intermédiaire de sa société Guinea Alumina Corporation (GAC), construira la raffinerie d’une capacité de 2 millions de tonnes métriques d’ici septembre 2026 dans l’ouest du pays. La production initiale devrait être de 1,2 million de tonnes par an,
renseigne Reuters.
L’agence de presse indique que la GAC s’associera à Aluminium Corporation of China (Chinalco) pour réaliser ce projet qui nécessite un investissement de quatre milliards de dollars US.
Selon Anadolu Ajansı trois entreprises extraient la bauxite en Guinée maritime. Il s’agit de la Société minière de Boké (SMB-Winning), un consortium franco-sino-singapourien avec plus de 58 % de la production en 2018 ; la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG), opérateur historique du gisement de Sangarédi, détenu à 49 % par l’État et à 51 % par un consortium regroupant Rio Tinto Alcan, Alcoa et Dadco (25 % de la production) et la Compagnie des bauxites de Kindia (CBK), filiale de Rusal (6 % de la production).
La Compagnie des Bauxites de Guinée est un leader mondial dans l’industrie de la bauxite. Elle met en valeur des ressources bauxitiques situées dans le nord-ouest de la République de Guinée. Elle expédie plus de 15 millions de tonnes de bauxite de qualité supérieure par an. Depuis le démarrage de ses opérations en 1973, elle a contribué à plus de 5 milliards de dollars américains aux revenus de l’Etat guinéen,
s’est vanté dans les colonnes d’Anadolu, le Directeur général de la CBG, Souleymane Traoré, en 2022.
De l’industrie automobile à l’industrie navale en passant par l’aviation, etc. les applications de la bauxite sont multiples. La maîtrise complète de la chaîne des valeurs est donc un impératif pour une Guinée dont les ambitions de développement sont clairement affichées.