Lorsqu’elle est lancée le 8 août 2024 à Mvengue dans la région du Sud, la campagne cacaoyère 2024-2025 au Cameroun ne donnait pas toutes les garanties d’un déroulement serein. Il y avait notamment une hypothèque de taille qui était placée au-dessus d’elle comme une épée de Damoclès. C’est notamment l’entrée en vigueur du Règlement européen sur la déforestation. Avec comme conséquence, l’interdiction d’entrée du cacao camerounais ne respectant pas ce Règlement d’entrée sur le marché européen. Une situation qui compliquait davantage la mobilisation des fonds auprès des établissements de crédit par les exportateurs internationaux et même nationaux pour l’achat du cacao camerounais. L’on n’oublie pas aussi les nouvelles dispositions fiscales décriées par les exportateurs.
Mais, comme l’a rassuré le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, les choses bougent finalement et dans la bonne direction. La preuve, le 2 octobre 2024, la Commission européenne a différé d’un an l’application du Règlement européen sur la déforestation. Elle sera suivie, le 17 octobre 2024 par le Conseil européen. Il ne reste donc plus que le parlement européen pour entériner cette décision du report de la mise en application de ce Règlement sur la déforestation. Mais en attendant, le Cameroun a fait des efforts pour montrer patte blanche par rapport à ce Règlement, en géo localisant ses plantations de cacao.
Les prix oscillent déjà entre 5,79 et 6,03 USD (3500 à 3650 FCFA)
Le ministre du Commerce, a tenu à préciser que cette décision du Conseil européen va avoir pour impact un nouveau rebond des prix sur le marché, dont il n’exclut pas qu’ils atteignent d’ici le mois de décembre 2024-janvier 2025, de nouveaux sommets historiques. Les producteurs, en premier, en seront forcément gratifiés, après une année 2023 tout aussi exceptionnelle. Selon Luc Magloire Mbarga Atangana,
Par rapport à la même période l’année dernière, les prix ont été multipliés par deux. Ce qui confirme les propos que nous avions tenus à Mvengue, le 8 août 2024, à savoir que la campagne 2024/2025 serait un label d’exception,
a-t-il relevé.
En effet, le prix moyen du kilogramme de cacao bord-champ à la date de référence du 17 octobre 2024 atteint la barre de 5,79 à 6,03 USD (3500 à 3650 FCFA), contre 2,98 USD (1800 FCFA), l’année dernière à la même date, soit le double des prix pratiqués dans d’autres pays producteurs.
Cette performance exceptionnelle, selon le membre du gouvernement, est le fruit des efforts conjoints des producteurs, des pouvoirs publics et des organisations faîtières pour faire du cacao camerounais, un produit d’excellence en structurant sa commercialisation. Le Ministre a appelé à poursuivre sur cette lancée :
Grâce à la discipline, nous sommes présentement très haut et je suis convaincu que d’ici la fin de la campagne, nous irons encore plus haut, à la condition de persévérer dans l’effort et la rigueur en matière de qualité et dans un esprit de partenariat constructif et de dialogue permanent avec les exportateurs et l’industrie, pour chaque fois trouver le consensus sur le juste prix, sans un affrontement stérile et improductif des uns envers les autres.
Commercialisation du cacao en circuit court
En termes de perspectives, Luc Magloire Mbarga Atangana a indiqué que le gouvernement allait poursuivre les efforts déjà entrepris et porteurs de fruits visant à favoriser la commercialisation du cacao en circuit court, c’est-à-dire dans une mise en relation directe des coopératives avec l’industrie, notamment pour le cacao d’excellence. Synonyme par conséquent, comme cela se pratique déjà, de prix nettement plus élevés au profit des coopératives bénéficiaires. Le ministre du Commerce a annoncé que des discussions sont en cours dans ce sens avec l’industrie, par l’entremise du gouvernement. Des discussions qui devraient se traduire dans les prochains jours par le séjour au Cameroun de certains chocolatiers de renom et la visite des coopératives pour jauger le niveau de qualité des produits.
En réaction, le président de l’Association nationale des producteurs de cacao et café et les autres présidents des coopératives présents ont salué cette la tenue de cette réunion salutaire qui devrait se traduire par une relance des opérations d’achat de cacao sur le terrain et un dialogue mieux structuré avec les acheteurs, sur la base des données objectives du marché et une rémunération conséquente des producteurs, en toute transparence.
En rappel, la rencontre du 17 octobre 2024 entre le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, les représentants de l’Association nationale des producteurs de cacao et café et les présidents des coopératives de producteurs de cacao, visait à évaluer le début de la campagne cacaoyère 2024-2025 et à discuter des défis et opportunités du secteur.