Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la demande mondiale d’uranium pourrait augmenter de 25 % d’ici 2030, soutenue par la transition énergétique vers des sources plus propres. Cette croissance offre des opportunités significatives pour l’Afrique, mais elle présente aussi des défis majeurs en termes de transformation et de contrôle des ressources.
L’uranium est un minerai crucial pour l’Afrique en raison de sa valeur économique et de son rôle dans la production d’électricité par des réacteurs nucléaires. Le continent dispose de vastes réserves, estimées à environ 15 % des réserves mondiales prouvées, selon la World Nuclear Association. La Namibie, avec 10 % des réserves mondiales, est l’un des plus grands exportateurs d’uranium, tandis que le Niger reste un acteur clé, représentant à lui seul environ 5 % de la production mondiale.
Les États africains reconnaissent désormais l’importance de transformer cette matière première au lieu de simplement l’exporter sous forme brute. Actuellement, la majorité de l’uranium extrait en Afrique est exportée sans transformation locale, limitant ainsi les bénéfices pour les économies locales. La mise en place d’unités de transformation pourrait non seulement créer des emplois, mais aussi augmenter la valeur ajoutée et favoriser le développement industriel du continent.
L’uranium africain continue d’attirer les investisseurs basés en Australie. Askari Metals a annoncé le 23 juillet avoir obtenu 562 000 $ (850 000 dollars australiens) pour explorer l’uranium en Tanzanie. La junior minière basée à Perth et cotée sur la bourse ASX en Australie a en effet acquis en février 2024 le projet d’uranium Matemanga dans le pays d’Afrique de l’Est et recherche d’autres opportunités d’investissement dans le combustible nucléaire.
Les grands producteurs africains d’uranium
Trois pays dominent le marché africain de l’uranium : le Niger, la Namibie et l’Afrique du Sud. Le Niger, malgré une instabilité politique accrue, demeure un acteur clé. La récente fermeture de la mine Cominak et l’incertitude liée au coup d’État de juillet 2023 ont provoqué des fluctuations des prix de l’uranium, affectant les exportations. Orano, la société française exploitant les mines Somair et Cominak, joue un rôle vital dans l’économie du Niger et dans l’approvisionnement des centrales nucléaires françaises. Toutefois, les risques géopolitiques continuent de peser sur les opérations, rendant les investisseurs prudents.
La Namibie, deuxième plus grand producteur d’uranium au monde, exporte principalement vers la Chine et la France, qui utilisent ce minerai pour alimenter leurs centrales nucléaires. La Namibie, grâce à des mines comme celle de Husab, est l’un des pays les plus stables et productifs du continent, représentant environ 8 % de la production mondiale. Ce pays offre un environnement favorable aux investissements étrangers, grâce à une régulation flexible et des infrastructures modernes.
Enfin, l’Afrique du Sud, bien que plus modeste en termes de production, utilise une partie de son uranium pour alimenter ses propres réacteurs nucléaires, notamment à Koeberg, près de Cape Town. En 2022, la production d’uranium en Namibie a atteint 5 413 tonnes, selon les chiffres du ministère namibien des Mines, soit une augmentation de 7 % par rapport à l’année précédente. Le Niger a produit environ 2 900 tonnes d’uranium la même année, un chiffre en légère baisse en raison de l’instabilité politique et des difficultés logistiques.
Un marché en pleine mutation
Les pressions géopolitiques au Niger, combinées à la demande mondiale croissante pour une énergie plus propre, ont déclenché une flambée des prix de l’uranium. Cette situation ouvre des perspectives pour des pays plus stables comme la Namibie, où les acteurs miniers peuvent exploiter cette hausse pour augmenter leur production et attirer davantage de capitaux internationaux. L’énergie nucléaire, qui est de plus en plus perçue comme une solution aux émissions de carbone, renforce la demande d’uranium, faisant de l’Afrique un acteur stratégique pour les futures dynamiques énergétiques mondiales.
En outre, l’intérêt croissant pour les énergies renouvelables place les pays africains en position de négocier de nouveaux partenariats, non seulement dans l’extraction, mais aussi dans les infrastructures nucléaires. La diversification des sources énergétiques, soutenue par des initiatives internationales, pourrait renforcer les flux d’investissements vers le secteur de l’uranium africain. En dépit des défis géopolitiques, les perspectives de développement du marché de l’uranium en Afrique sont encourageantes. Des pays comme l’Afrique du Sud, bien qu’ayant une production modeste, ont un potentiel de croissance non négligeable grâce à leurs réserves non exploitées.
Perspectives de développement pour l’Afrique
L’Afrique est confrontée à plusieurs enjeux pour maximiser les bénéfices de l’uranium. La mise en place de mécanismes de transformation locale et le renforcement des infrastructures minières sont essentiels pour que les pays producteurs puissent mieux exploiter cette ressource stratégique. En Namibie, par exemple, des projets sont en cours pour construire des installations de traitement qui permettraient d’augmenter la valeur ajoutée du minerai avant exportation.
Par ailleurs, des initiatives de coopération régionale, comme celles proposées par l’Union africaine, pourraient aider à harmoniser les politiques minières et à attirer davantage d’investissements dans le secteur. L’uranium, en tant que ressource clé pour la transition énergétique mondiale, place l’Afrique dans une position unique pour répondre à la demande croissante tout en développant ses propres capacités nucléaires.
La demande mondiale, en particulier de la part des économies émergentes comme la Chine et l’Inde, devrait continuer à croître, offrant aux producteurs africains des opportunités de diversification de leurs marchés.