Avant l’annonce de la suspension, le marché du cobalt était en plein débâcle : le prix du cobalt avait chuté jusqu’à 9,5 dollar, la livre, reflétant un déséquilibre entre une offre massive et une demande qui, malgré sa croissance soutenue, ne parvenait pas à absorber l’excédent de production. Dès la mise en œuvre de la suspension, une réaction fulgurante s’est opérée sur les marchés. Depuis la suspension, le prix de l’hydroxyde de cobalt a bondi de 84% pour atteindre 10,5 dollars, la livre, selon les données de Fastmarkets. De son côté, le cobalt métal a progressé de plus de 43%. Ces fluctuations témoignent de la sensibilité extrême du marché aux politiques d’exportation, et démontrent combien l’intervention de la RDC peut rapidement renverser la tendance des prix.
L’impact est tout aussi notable pour l’étain, dont la perturbation de l’offre se traduit par une volatilité accrue et une augmentation des coûts d’approvisionnement pour les industries utilisatrices. Les indicateurs économiques actuels révèlent ainsi une remontée des cours, ce qui peut constituer un signal d’alarme, mais également une opportunité pour les investisseurs cherchant à capitaliser sur la rareté relative de ces ressources.
La suspension des exportations de cobalt et d’étain entraîne une réorganisation immédiate des chaînes d’approvisionnement à l’échelle mondiale. Le secteur industriel, qui repose sur un approvisionnement constant en ces minerais, voit ses modèles logistiques et ses prévisions budgétaires être repensés. Selon BBC Afrique, cette décision incite les acteurs économiques à diversifier leurs sources d’approvisionnement et à investir davantage dans le développement de filières de recyclage des métaux.
Pour les investisseurs, cela représente une double opportunité : d’une part, la hausse des prix peut générer des marges plus importantes pour les entreprises minières et de raffinage ; d’autre part, le développement de nouvelles technologies de recyclage et de transformation offre des perspectives de rendement sur le long terme.
Les constructeurs automobiles, par exemple, qui dépendent des batteries lithium-ion pour alimenter la prochaine génération de véhicules électriques, doivent maintenant intégrer dans leurs calculs, le coût supplémentaire induit par l’augmentation des prix du cobalt. Cette situation pousse également les fabricants de smartphones et d’appareils électroniques à revoir leur stratégie d’approvisionnement, cherchant des partenariats avec des fournisseurs alternatifs ou explorant des innovations technologiques pour réduire leur dépendance aux matières premières traditionnelles.
Qui sera est affecté ?
Pour Pékin, cette annonce représente un défi de taille. Selon Reuters, la Chine a massivement investi dans les mines congolaises, via des entreprises comme China Molybdenum et Zhejiang Huayou Cobalt. Avec cette restriction, ces entreprises devront adapter leur stratégie, au risque d’une rupture d’approvisionnement qui affecterait toute l’industrie des batteries électriques.
Les constructeurs automobiles occidentaux ne sont pas en reste. Tesla, Volkswagen et Stellantis, qui dépendent du cobalt congolais, risquent de voir les coûts de production grimper. Selon Financial Times, cette incertitude pousse déjà certains acteurs à chercher des alternatives en Indonésie ou en Australie, mais ces pays ne peuvent compenser la puissance de production congolaise.
Dans le domaine de l’électronique, l’étain joue un rôle essentiel dans la fabrication des soudures qui assemblent les circuits imprimés. La perturbation de l’offre d’étain se traduit par des coûts de production plus élevés pour les fabricants de smartphones, tablettes et ordinateurs. Selon Financial Times, ces augmentations de coûts influent directement sur les marges bénéficiaires des entreprises du secteur, obligeant ces dernières à repenser leurs stratégies d’approvisionnement et à envisager des investissements dans des technologies alternatives ou dans l’optimisation du recyclage des matériaux. Pour les investisseurs, la situation offre un signal clair : les secteurs dépendants des matières premières congolaises sont appelés à subir une réorganisation profonde, et ceux qui sauront anticiper cette transition pourront tirer parti des nouvelles opportunités qui se présenteront.
Si les fluctuations de prix témoignent d’un marché en pleine réorganisation, elles ouvrent également la voie à des opportunités inédites pour ceux qui sauront s’adapter et investir dans l’innovation. Dans un contexte où la compétitivité passe par la transformation et la valorisation des ressources, la décision de la RDC apparaît, selon les experts, comme le prélude à une nouvelle ère économique, une ère où la maîtrise de la chaîne de valeur et l’agilité des investissements dessineront le futur du secteur minier mondial.
L’offre surabondante a fait chuter les prix
En rappel, face à une conjoncture économique caractérisée par une chute drastique des prix et une surabondance de l’offre sur le marché international, la RDC a opté pour une suspension de ses exportations de cobalt et d’étain. Une mesure qui, selon BBC Afrique, s’inscrit dans une stratégie visant à rééquilibrer un marché mondialisé trop dépendant de ses flux de matières premières. Selon la même source, en avril 2022, les prix du cobalt ont atteint un niveau record de 82 000 dollars par tonne métrique, mais en février 2025, les prix sont tombés à 21 000 dollars par tonne métrique.
Le cobalt, élément essentiel dans la fabrication des batteries lithium-ion pour véhicules électriques et appareils électroniques, et l’étain, utilisé dans l’assemblage des circuits électroniques, occupent une place stratégique dans l’économie mondiale. Cette décision marque un tournant qui redéfinit les bases mêmes des investissements et des prévisions économiques dans le secteur minier.
La RDC, leader incontesté de la production mondiale de cobalt, avec une contribution qui dépasse les 70 % de la production totale. En 2022, le pays a généré environ 145 000 tonnes de cobalt, d’après les données de Global Trade Insights. Chiffre qui illustre non seulement de l’ampleur de sa production, mais aussi, la dépendance de l’économie mondiale à cette ressource stratégique. Ces données confirment également l’importance du cobalt dans le tissu économique international, en particulier dans les secteurs liés aux technologies vertes et à la mobilité électrique.
Parallèlement, le marché de l’étain, quoique moins médiatisé, demeure crucial. En 2022, la RDC a exporté 32 854 tonnes d’étain, générant un chiffre d’affaires de 429 millions de dollars, selon l’International Tin Association (ITA). Un indicateur fort de la valeur économique de ce minerai pour le pays. Pourtant, le jeudi 13 mars 2025, Alphamin Resources a annoncé la suspension des opérations à sa mine de Bisie, en raison de l’avancée de groupes armés dans l’Est de la RDC. Cette décision accentue les tensions sur un marché de l’étain, où les prix ont fortement progressé ces derniers mois à cause des incertitudes entourant l’offre en provenance de Myanmar. Responsable de 6% de l’offre mondiale d’étain, la fermeture temporaire de cette mine vient s’ajouter à d’autres risques pour l’approvisionnement.