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Bénin : le pays tisse sa souveraineté économique avec du coton

Le Bénin, premier producteur de coton en Afrique de l'Ouest, s'engage dans une transformation ambitieuse de sa filière cotonnière. Face aux défis du marché mondial et aux ambitions de développement industriel, le pays mise sur la valorisation locale de son « or blanc » pour renforcer sa souveraineté économique.

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Bénin : le pays tisse sa souveraineté économique avec du coton

Au-delà du patriotisme économique affiché, le Bénin expérimente à travers la zone industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ), une révolution silencieuse. Celle d’un repositionnement stratégique sur l’échiquier de la chaîne de valeur mondiale du textile. Loin des clichés sur l’exportation brute des ressources africaines, le pays capitalise désormais sur son or blanc, le coton, pour bâtir une industrie de transformation locale performante, intégrée et exportatrice.

Dans un contexte où la fast fashion revoit ses circuits d’approvisionnement pour des raisons économiques, écologiques et géopolitiques, le Bénin s’impose comme une alternative sérieuse aux géants asiatiques : Kiabi, Gemo, The Children’s Place. Des marques européennes et américaines qui commandaient auparavant en Chine ou au Bangladesh ont franchi un cap symbolique : elles s’approvisionnent désormais à Cotonou. Ce glissement est moins anodin qu’il n’y paraît.

L’atout du Bénin

Une chaîne complète, maîtrisée de bout en bout : filature, teinture, tricotage, confection. Une rareté sur le continent. En plus de garantir des délais plus courts et une traçabilité accrue, cette intégration permet un contrôle qualité rigoureux, salué par les donneurs d’ordre. Chaque vêtement est inspecté, chaque couture passée au crible. L’industrie textile béninoise ne joue plus en ligue amateur, elle vise désormais les standards internationaux.

Mais ce modèle va au-delà de la compétitivité. Il répond à un impératif social. Dans les ateliers lumineux de la GDIZ, des centaines de jeunes femmes trouvent une première insertion professionnelle valorisante. Pour elles, la couture n’est pas seulement une tâche mécanique, c’est un levier d’émancipation, un nouveau récit de réussite.

Une production en constante progression

Le Bénin s’apprête à franchir une nouvelle étape dans la valorisation de son « or blanc ». Avec une production attendue de 669 000 tonnes pour la campagne 2024-2025, selon le ministre de l’Agriculture, Gaston Dossouhoui. Le stock annoncé affiche une hausse de 11,5% par rapport à la production de 600 000 tonnes réalisée par l’appareil productif au cours de la campagne précédente.  Le pays entend désormais transformer une part significative de cette matière première localement, afin de maximiser les retombées économiques et sociales.

En effet, Depuis la campagne de référence 2015-2016, la production cotonnière du Bénin a connu une croissance impressionnante de 139%, passant de 877 kg/ha à 1 198 kg/ha en 2024-2025. Cette performance est le fruit d’une politique agricole volontariste, soutenue par des investissements dans les intrants, la mécanisation et la formation des producteurs.

Pour rappel, Le coton reste le principal produit d’exportation du pays, générant des recettes estimées à 192 milliards de francs CFA (environ 308,2 millions de dollars) pour la campagne en cours. Il offre des moyens de subsistance à des millions de familles béninoises, et génère des emplois directs et indirects dans le transport, la manutention et l’industrie.

Des ambitions industrielles affirmées

Conscient de la nécessité de créer davantage de la valeur ajoutée localement, le gouvernement béninois a lancé un ambitieux programme de transformation du coton. En partenariat avec le Groupe ARISE IIP, la Caisse des Dépôts et Consignations du Bénin (CDCB) a signé un accord pour la construction de dix unités de transformation dans la Zone Économique de Glo-Djigbé, pour un investissement total de 700 milliards de francs CFA (1,21 millions de dollars).

Ces usines permettront la filature du coton fibre, le tricotage de fil, le traitement, la teinture de tissus et la découpe de tissus teints. L’objectif est de transformer 50% de la production cotonnière à moyen terme, créant ainsi 15 000 emplois directs, et contribuant à la réduction du chômage des jeunes. Notons qu’actuellement, l’essentiel du coton béninois est exporté brut vers les industries asiatiques et européennes.

Avec le développement de capacités de transformation locales, le Bénin ambitionne de pénétrer de nouveaux marchés avec des produits finis à plus forte valeur ajoutée. Cette stratégie vise également à réduire la dépendance aux fluctuations des cours mondiaux du coton brut. La transformation locale du coton s’inscrit dans une vision plus large de développement économique et social.

 Elle permettra de dynamiser le tissu industriel, de renforcer les chaînes de valeur locales et de stimuler l’innovation. Par ailleurs, elle contribuera à l’amélioration des conditions de vie des producteurs et à la réduction des inégalités régionales. Le Bénin est donc à un tournant décisif de son histoire économique.

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