Quel est le sens de la participation du Gabon au Forum des affaires Côte d’Ivoire – Gabon ?
La Côte d’Ivoire et le Gabon sont deux pays frères. Une fraternité établie depuis les présidents Félix Houphouët-Boigny et Leon Mba, par la suite consolidée par Omar Bongo Ondimba. Lors de la récente célébration de la fête de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le président gabonais son excellence Brice Clotaire Oligui Nguema était présent en tant qu’invité d’honneur. Sa présence ici avait aussi pour but de consolider les liens existants entre les deux nations. Au-delà de la consolidation de nos liens politiques et diplomatiques, le Gabon entend renforcer ses liens économiques et accélérer la coopération d’investissement avec la Côte d’Ivoire.
En quoi les secteurs stratégiques comme l’agriculture et l’agro-industrie, les infrastructures, les énergies renouvelables, les mines, la finance et la digitalisation peuvent renforcer les rapports entre Abidjan et Libreville ?
Quand on retire le pétrole, le Gabon a une balance commerciale déficitaire. Ceci, du fait que nous importons essentiellement tout ce que nous mangeons. Nous sommes à un peu près de 500 milliards de Fcfa, soit près d’un milliard de dollars d’importations de produits alimentaires. Nous ne pouvons pas rester dans cette situation éternellement.
Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a su développer une expertise sur les questions liées à la production locale, à la souveraineté alimentaire et autres. Donc, dans des secteurs tels que l’agro-alimentaire, l’agribusiness, nous espérons tirer profit de l’expérience ivoirienne pour développer ces programmes chez nous.
A ce jour, nous avons cinq millions de terres arables disponibles. Nous avons déjà sécurisé 45 mille hectares de terres pour développer des programmes bien précis. Quatre filières ont été retenues : le maïs et le soja pour produire les aliments pour bétail, et la banane et le manioc pour nourrir la population.
Nous avons également derrière des programmes comme le cacao et le café qui ont pris suffisamment de retard et pour lesquels nous souhaitons acquérir l’expertise des investisseurs ivoiriens. Nous voulons mettre en place des « Juntes Venturas » au Gabon afin de relancer ces filières, ainsi que l’anacarde. Elles (les filières) ont été sélectionnées parce qu’elles vont générer des recettes d’exportations à l’export au lieu de rester déficitaires. Notamment, sur des questions de change et autres.
Quels types de partenariats attendez-vous d’une coopération avec la Côte d’Ivoire ?
Les partenariats que nous visons s’articulent autour de trois points. Le premier c’est le transfert des compétences. Nous y tenons. Pour le deuxième, il s’agit de construire des « Juntes Venturas » avec les investisseurs ivoiriens qui viendront s’associer aux Gabonais. Le troisième c’est d’identifier les opportunités qui existent en Côte d’Ivoire pour que nos Hommes d’affaires développent des « Juntes Venturas » en Côte d’Ivoire.
Quelles sont les mesures mises en place par l’ANPI-Gabon pour faciliter l’entrée et l’implantation des investisseurs ivoiriens sur le marché gabonais ?
Le dispositif d’accompagnement des investisseurs ivoiriens au Gabon se situe à deux niveaux : d’abord, comment partir de la Côte d’Ivoire pour arriver au Gabon. C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis à Abidjan ce jour (17 septembre 2025 ndlr). J’ai eu une séance de travail avec le Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire (Cepici) et une autre avec le patronat ivoirien (Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (Cgeci)). J’aurais également une séance de travail avec l’ambassadeur du Gabon en Côte d’Ivoire pour mettre en place un couloir vert afin de faciliter l’accès au visa à tous les Hommes d’affaires qui souhaitent rallier le Gabon.
Le deuxième point réside dans le fait que, au niveau local, le gouvernement a créé L’Agence Nationale de Promotion des Investissements du Gabon (ANPI-Gabon), le Guichet unique, principale porte d’entrée des investisseurs au Gabon. Nous faciliterons leur accueil à l’aéroport, leur installation y compris ceux qui voudront formaliser leurs entreprises à l’issue de leur séjour. Nous les accompagnerons également pour démarrer.
Comment les ambitions du Forum d’affaires entre les deux pays se traduisent dans les projets portés par l’ANPI au Gabon ?
Il faut dire que ce forum est une première tentative. L’objectif après c’est de rendre cette rencontre rotative. Cette fois-ci nous commençons au Gabon. Nous espérons que l’année prochaine ou dans deux ans nous serons en Côte d’Ivoire. Les projets structurants seront exécutés dans une approche de « Juntes Venturas ». Donc, l’idée c’est de savoir comment créer des emplois, comment régler les déficits en infrastructures, en agriculture et comment contribuer encore plus à la structuration de notre Produit Intérieur Brut (PIB). Tels sont les enjeux.
Comment les start-ups gabonaises vont bénéficier de la coopération entre la Côte d’Ivoire et le Gabon ?
Nous souhaitons construire un système de sous-traitance bien élaboré. Pour cela, nous devons mettre à contribution les grandes entreprises qui vont passer suffisamment d’appels d’offres en vue de sous-traiter l’exécution et le développement des futurs projets. C’est beaucoup plus dans ce cadre que nous envisageons de mobiliser nos Start-ups et nos Petites et Moyennes Entreprises (PME).
Quel est le dispositif incitatif mis en place pour attirer les investisseurs au Gabon ?
Les notions d’investisseurs nationaux et d’investisseurs étranger n’existent pas dans notre pays. L’investisseur reste l’investisseur. Qu’il soit Gabonais ou qu’il vienne de l’extérieur, tous ont accès aux mêmes avantages. Il est tout de même important de noter que les incitations aux investissements sont bien identifiées au Gabon. Nous avons pour l’instant deux régimes d’investissements : le régime de droits communs qui prévoit des avantages dans le code général des impôts et le régime spécifique qui permet d’investir dans des zones d’investissements spécialisées.
Quel message souhaiteriez-vous adresser aux investisseurs ivoiriens intéressés par la destination Gabon ?
Premièrement, le Gabon est un pays où il fait bon vivre. Avant même de trouver le secteur dans lequel ils vont investir, les Ivoiriens peuvent déjà venir découvrir le territoire. C’est un pays de paix. On y mange du bon poisson. Nous avons des crevettes… il y a une bonne ambiance.
Deuxièmement, le Gabon offre de nombreuses opportunités. Mon message est celui de la mobilisation du secteur privé parce que dans le fond nos pays ne se développeront que par nous-même. Aujourd’hui, chacune de nos nations a atteint un certain niveau d’expertise dans son domaine. Il faut la partager avec les autres.
En matière d’exploitation et de transformation minière, le Gabon, grâce au manganèse, a plus d’expérience que bon nombre de pays africains. Nous partagerons cette expérience avec ceux qui viendront. La Côte d’Ivoire exploite des mines mais elle n’a pas forcément le même recul que le Gabon sur cette question. De même, le Gabon n’a pas le recul de la Côte d’Ivoire quand on parle d’agro-alimentaire, d’agri-business, etc. C’est pourquoi j’appelle à la mobilisation de tous pour faire de cet événement un exemple pour d’autres pays du continent, pour montrer que nous pouvons nous construire ensemble.