En dehors des hydrocarbures et des produits sidérurgiques qui dominent les exportations turques vers les pays du Maghreb, les produits agro-alimentaires et les vêtements en provenance de la Turquie figurent de plus en plus en bonne place sur les étals des marchés africains. Et pour cause, de nombreux commerçants du continent préfèrent désormais faire leurs emplettes à Istambul, au lieu de Guangzhou, en Chine.
Conséquence : les exportations de la Turquie vers l’Afrique entre 2011 et 2015 ont augmenté de 20,5%, triplant par rapport à son volume d’exportation mondial, qui a crû de seulement 7% sur la même période, selon l’Institut turc de la statistique (TurkStat). Mais, les 12,5 milliards de dollars engrangés par les entreprises turques grâce aux exportations vers l’Afrique en 2015 ne profitent guerre au continent noir.
Mieux, ces achats accentuent le déficit déjà très criard de la balance commerciale des pays africains. A l’inverse, une offensive des investisseurs africains, qui consisterait à catalyser les délocalisations des entreprises turques en Afrique ou en des joint-ventures avec des opérateurs économiques turcs, serait hautement bénéfique pour les parties.
A l’Afrique, cette stratégie procurera des emplois, d’importants investissements dans les infrastructures, une densification du tissu industriel, le transfert de la technologie et même des revenus d’impôts. Un exemple palpable a existé au Cameroun, avec la mise en service de la 4ème cimenterie du pays, en décembre 2016.
En effet, après avoir longtemps importé et distribué en Afrique centrale le ciment du groupe turc Eren Holdings, l’homme d’affaires camerounais, Emmanuel Peughouia, avait pu convaincre son partenaire turc de monter une usine au Cameroun, induisant un investissement de 20 milliards de FCFA.
A la Turquie, la délocalisation des entreprises ou alors la prise d’intérêts dans des investissements en Afrique offrira non seulement l’opportunité de bénéficier de la consommation d’une classe moyenne africaine grandissante, mais aussi de tirer indirectement profit des accords commerciaux tels que l’AGOA ou encore les Accords de partenariats économiques entre l’Afrique et l’Union européenne : deux facilités qui permettent à des pays africains d’accéder aux marchés américain et européen à des conditions préférentielles.