L’Afrique du Sud est le seul pays en Afrique à disposer actuellement d’une centrale nucléaire opérationnelle. L’Egypte s’apprête à rallier ce cercle très fermé de pays africains dotés de cette infrastructure de pointe au moment où l’entreprise publique russe Rosatom a entamé l’année dernière la construction de la première centrale nucléaire de ce pays. L’énergie nucléaire est très peu développée sur le continent, mais connaît un engouement depuis quelques années.
Selon un rapport du think tank américain Energy for Growth Hub, cité par Radio France internationale, l’Ouganda aussi fait partie des cinq pays en voie d’obtenir une centrale nucléaire d’ici 2030. En mars 2023, l’Ouganda a annoncé qu’il comptait commencer à produire au moins 1 000 MW à partir de l’énergie nucléaire d’ici 2031.
Et lors du sommet sur le café à Kampala, le chef de l’Etat Yoweri Museveni a précisé que la Russie et la Corée du Sud allaient construire deux centrales nucléaires, les premières d’Ouganda, pour un total de 15 000 mégawatts dans un pays qui a une capacité de production de 1 402 MWe, dont seulement 800 MWe sont réellement utilisés.
Le Rwanda va-t-il bientôt rejoindre ce peloton de pays africains disposant ou ambitionnant de se doter d’une centrale nucléaire opérationnelle ? Rwanda Atomic Energy Board, l’Office rwandais de l’énergie a tomique, dans un communiqué rendu public mardi 12 septembre 2023 a annoncé que Kigali va construire un réacteur nucléaire expérimental utilisant une nouvelle technologie pour la production d’une énergie propre et efficace dans le cadre d’un accord entre le Rwanda et une start-up canado-allemande appelée Dual Fluid Energy Inc, spécialisée dans les solutions énergétiques avancées.
Centrale nucléaire destinée à la production d’électricité
Rappelons pour mémoire que la partie de la centrale nucléaire permettant de produire et de contrôler une réaction de fission nucléaire en chaîne est appelée réacteur nucléaire tandis qu’une centrale nucléaire est un site industriel destiné à la production d’électricité, comprenant un ou plusieurs réacteurs nucléaires.
La puissance électrique d’une centrale varie de quelques mégawatts à plusieurs milliers de mégawatts en fonction du nombre et du type de réacteur en service sur le site.
Selon le régulateur rwandais de l’énergie atomique, le réacteur nucléaire rwandais verra s’implémenter une technique innovante mise au point par la start-up Dual Fluid Energy Inc, utilisant du combustible liquide et un liquide de refroidissement en plomb, une tech
ologie énergétique durable, avec pour objectif de réduire les déchets radioactifs émis lors de la transformation. Le but est clairement d’améliorer la production d’énergie tout en minimisant l’impact environnemental. Le prototype de réacteur de Dual Fluid Energy représente une étape significative dans la recherche d’une énergie nucléaire propre, efficace et sûre.
Résultats de l’expérience
Afin de préciser davantage les contours et les détails de cette avancée technologique, le président directeur général de Dual Fluid Energy Inc, Goetz Ruprecht a annoncé, lors d’une conférence de presse dans la capitale rwandaise Kigali, que le réacteur de démonstration devrait être opérationnel d’ici 2026 et les essais ultérieurs de la technologie Dual Fluid devraient être achevés d’ici 2028. On a appris en outre que la phase d’essai coûtera 75 millions de dollars, totalement financée par la start-up canado-allemande.
Rwanda Atomic Energy Board a assuré, lui, avoir convenu avec Dual Fluid d’une feuille de route pour la mise en œuvre du réacteur d’essai une fois les tests terminés, indiquant aussi que tous les critères de réussite atteints, le Rwanda et la start-up passeront aux niveaux de préparation technologique suivants, « y compris les essais de conception, de construction et d’exploitation de la centrale nucléaire sur la base des résultats de l’expérience », a déclaré l’Office.
La capacité de production d’électricité installée au Rwanda est actuellement de 332,6 mégawatts (MW) dont la majeure partie provient de barrages hydroélectriques et le reste du méthane, de l’énergie solaire et de la tourbe.