En raison de la faiblesse de la demande des secteurs clés de la consommation d’acier et des problèmes d’infrastructure persistants, ArcelorMittal South Africa va fermer ses opérations de production d’acier long, spécifiquement utilisé dans le matériel de clôture, des rails, des tiges et des barres dans les secteurs de la construction, de l’exploitation minière et de l’industrie manufacturière.
Le conseil d’administration et la direction d’ArcelorMittal Afrique du Sud ont atteint ce point après avoir épuisé toutes les options possibles”, déclare le DG, Kobus Verster à boursier.com. ” Nous avons le devoir de veiller à ce que l’entreprise reste pérenne à long terme, dans l’intérêt de la société et de ses parties prenantes.
Cet arrêt de production ne manquera pas d’avoir un impact direct sur 3 500 emplois comprenant le personnel à temps plein et les sous-traitants qui pourraient être affectés.
ArcelorMittal South Africa qui fabrique également des produits de fonderie, des aciers plats et des produits tubulaires a enregistré une perte globale de 24 millions de dollars US soit environ 448 millions de rands au cours du premier semestre clos le 30 juin 2023, contre un bénéfice de 160 millions de dollars US soit environ 3 milliards de rands au cours de la même période de l’année précédente.
Dans ces circonstances, le conseil d’administration et la direction d’ArcelorMittal South Africa n’ont eu d’autre choix que de s’engager dans un processus qui envisage la liquidation de l’activité Longs de la société, qui peut être placée pour l’instant en entretien et en maintenance,
déplore ArcelorMittal South Africa dans un communiqué relayé par Reuters.
L’état de catastrophe nationale
En fait, l’intensification de la crise de l’électricité et les problèmes persistants de logistique ferroviaire en Afrique du Sud ont fini par entraîner des coûts supplémentaires pour l’unité sud-africaine du numéro deux mondial de la sidérurgie. La consommation d’acier dans l’économie la plus avancée d’Afrique avait chuté de 20 % au cours des sept dernières années, en raison de dépenses d’infrastructure limitées et de retards dans les projets.
En ce qui concerne spécifiquement la crise de l’électricité, début février 2023, l’alerte est sonnée. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a même dû déclarer « l’état de catastrophe nationale » pour tenter d’endiguer la crise de l’électricité préjudiciable à l’économie de la première puissance industrielle du continent.
L’entreprise qui produit 90 % du courant consommé dans le pays était alors prise à la gorge par une dette de près de 21 milliards d’euros (400 milliards de rands), que le gouvernement tentait d’éponger, et se débattait avec des centrales au charbon vieillissantes en proie aux pannes.
Il faut dire que l’Afrique du Sud est encore largement dépendante des énergies fossiles, et peine par ailleurs à se lancer dans une transition vers les énergies propres. Un plan d’investissement de 98 milliards de dollars a été approuvé par les pays riches en 2022 à la COP27 dans le cadre d’un accord pour une « transition juste ».
Les performances du réseau de fret se sont fortement détériorées
Quant aux problèmes persistants de logistique ferroviaire, le réseau ferré sud-africain est particulièrement vaste et dense : il couvre l’ensemble du pays avec plus de 30 400 kilomètres de ligne. En 2021, il était de loin le plus étendu sur le continent africain (représentant près de 80% du total des lignes) et le onzième le plus important au niveau mondial. Il s’est notamment développé autour des métropoles des villes de Johannesburg, Prétoria, Durban et le Cap.
L’activité du secteur ferroviaire sud-africain a pourtant enregistré un déclin préoccupant, depuis les années 1990, qui s’est nettement accentué ces dernières années, à la fois sur le segment du transport de passagers et le fret ferroviaire. Le nombre de passagers de Prasa (réseau suburbain) s’est ainsi effondré, avec une chute de près de 90% en dix ans : de 500 M de passagers transportés en 2014/2015 à 65 M en 2021/2022.
Les performances du réseau de fret se sont également fortement détériorées, notamment depuis 2018. Le volume de marchandises transportées par l’opérateur public logistique Transnet et sa filiale Freight Rail a ainsi diminué de près de 25% entre 2018 et 2022 (soit en moyenne 6,5% par an) pour atteindre 173 Mt, alors qu’il avait progressé de 22% (3,5% en moyenne par an) entre 2010 et 2018.
Sous-investissement et un manque de maintenance
Le déclin du secteur ferroviaire s’explique par un sous-investissement et un manque de maintenance. Le secteur n’a en effet bénéficié d’aucun plan de développement ces trente dernières années. Les infrastructures ferroviaires reposent sur des technologies dépassées. Plus de 150 locomotives de Transnet étaient ainsi hors service en 2022, un chiffre en hausse de 23% par rapport à l’année précédente, en raison notamment des difficultés d’obtention des pièces de rechange et d’un manque de compétence pour la réparation du matériel.
Transnet a annoncé en janvier 2023 un vaste plan d’investissement de 6 Mds USD, financé par des obligations internationales et dont une partie sera dédiée à l’achat de nouvelles locomotives. Le gouvernement étudie également le déploiement d’un réseau de lignes à grandes vitesses pour relier certaines agglomérations du pays.