La sortie de l’Afrique du rouleau compresseur de la dette n’est pas pour demain. C’est du moins ce que laisse entrevoir l’annonce faite en grandes pompes par le président de la Banque mondiale, le 6 décembre dernier. En séjour sur l’île de Zanzibar, en Tanzanie, Ajay Banga a promis à l’Afrique une enveloppe de 5 milliards de dollars à investir d’ici la fin de la décennie en cours.
Le patron de la Banque mondiale, en poste depuis juin 2023, s’exprimait devant l’Association internationale de développement (IDA), qui est une banque concessionnaire filiale de la Banque mondiale. S’il n’a pas donné des précisions sur le calendrier du déboursement de cette somme colossale, l’on sait que la dotation sera affectée au vaste chantier d’électrification du continent, aujourd’hui confronté à un déficit criard en matière d’accès à cette source d’énergie.
Les cinq milliards de dollars serviront notamment à moderniser les réseaux électriques existants, améliorer leur fiabilité, construire des centrales solaires et renforcer le commerce transfrontalier de l’énergie. Le but est d’éradiquer à terme la pauvreté sur « une planète vivable » grâce à l’extension du réseau électrique. Une mission de la Banque mondiale que l’Américain d’origine indienne s’est assignée depuis le début de son mandat il y a environ six mois. Selon lui, le développement des énergies propres et renouvelables peut permettre d’atteindre ces fins.
Énergies renouvelables
Nous devons trouver comment financer un monde différent, où le climat est protégé et la pauvreté vaincue,
a annoncé Ajay Banga. Selon l’Agence internationale de l’énergie, en effet, le continent africain peine à fournir l’électricité à 600 millions de ses fils et filles, soit près de la moitié de sa population. Or la croissance démographique, inversement proportionnelle au rythme de développement économique du continent, constitue un frein majeur pour la résorption de cette problématique d’accès à l’électricité.
Les cinq milliards de dollars seront investis sous les formes de dons ou de prêts à taux très favorables, en vue de la construction ou la rénovation de lignes électriques, ou encore le développement de sources d’énergie renouvelable principalement dans les zones situées en dehors des réseaux centraux. Or cette amélioration de l’électrification est également tributaire du développement du commerce, de l’agriculture et de l’amélioration de la sécurité alimentaire et des systèmes de santé.
100 millions d’Africains bénéficiaires
Avec cinq milliards de dollars de l’IDA nous avons la mission de fournir de l’électricité fiable, peu chère et renouvelable à 100 millions de personnes avant 2030,
a déclaré le patron de la Banque mondiale. Dans un premier temps, seuls seront bénéficiaires quatre pays du continent africain : le Rwanda, le São Tomé-et-Principe, la Somalie et la Tanzanie. Six projets ont d’ores et déjà été identifiés et approuvés dans ces pays considérés comme des modèles dans le développement de l’électricité.
Le montant des investissements pour les six projets est d’environ un milliard de dollars. L’IDA va réunir les 3 milliards restants lors de leur prochaine levée des fonds pour pouvoir soutenir à terme 20 pays, a-t-on appris. En dehors des cinq milliards de dollars annoncés, la Banque mondiale a par ailleurs annoncé son souhait de lever une enveloppe supplémentaire de 10 milliards de dollars dans le cadre de partenariats public-privé.
Le Rwanda envisage un taux de couverture de 100% en 2024
Ces dernières années, le Rwanda a réalisé des progrès significatifs en matière d’électrification. De 6% en 2009, le pays a réussi le miracle de porter son taux d’électrification à 61% en 2022 et veut réussir le challenge d’offrir l’électricité à tous les habitants du pays, soit 100% de taux de couverture en 2024.
La Tanzanie, quant à elle, est passée de moins de 5 % dans les années 1990 à environ 40 % en 2020. Un taux qui, bien qu’il soit jugé inférieur à la moyenne du continent, compte parmi les plus rapides de l’Afrique subsaharienne. En 2021, le Sâo Tomé-et-Principe a été classé 13ème pays africain le plus électrifié avec un taux de 78%, et la Somalie 33ème avec un taux de 49%.