Le premier acte de l’année 2024 pris ce 1er janvier par le président de la transition du Tchad, Mahamat Idriss Déby, est la désignation de l’ex-opposant Succès Masra au poste de Premier ministre du gouvernement de transition, selon un décret lu par le Secrétaire général de la présidence, Mahamat Ahmat Alhabo, au journal de la mi-journée de la télévision publique tchadienne Onama. Succes Masra remplace Saleh Kebzabo à la primature. Celui-ci avait démissionné vendredi dernier après avoir organisé le référendum sur la nouvelle constitution mi-décembre.
Pour les analystes, cette nomination intervient dans le cadre des efforts visant à mettre en place une transition politique stable et inclusive au Tchad. « Sa désignation en tant que Premier ministre peut-être perçue comme un signe de volonté politique de réconciliation et de collaboration au sein du gouvernement de transition », analyse un confrère.
Audience du 20 novembre 2023
En fait, pour donner suite à l’accord de réconciliation de Kinshasa, le président de transition, Mahamat Idriss Déby avait reçu lundi 20 novembre 2023, au Palais Toumaï, le président du parti Les Transformateurs, Succès Masra. Une rencontre déroulée sous la présence du ministre congolais du Transport et Voies de communications Didier Mazenga Mukanzu, envoyé spécial du facilitateur de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac), le président Félix Tshisekedi.
Le leader des Transformateurs avait lancé à l’issue de l’audience un appel à la réconciliation nationale et à l’apaisement pour la poursuite sereine de la transition politique en cours dans le pays. Selon l’accord de Kinshasa signé le 31 octobre 2023, sous la facilitation de la CEEAC assurée par le président congolais, Félix Tshishekedi, le gouvernement tchadien s’engageait à faciliter le retour de Succès Masra et de son équipe en exil dans la sécurité juridique en garantissant le libre exercice de ses activités politiques dans le respect de la loi en vigueur.
Le gouvernement s’engageait aussi à plaider auprès des autorités judiciaires pour la suspension du mandat d’arrêt international émis contre Succès Masra le 8 juin 2023. Le dernier engagement pris par le gouvernement tchadien était l’initiative d’une loi d’amnistie générale pour tous les acteurs, civils et militaires, impliqués dans les évènements du 20 octobre 2022.
Ordre constitutionnel
De son côté, le parti Les Transformateurs, représenté son président Succès Masra, s’engageait à continuer le dialogue avec le gouvernement en vue d’une solution globale pacifique impliquant tous les acteurs non inclus dans le processus de transition actuelle. Succes Masra s’engageait aussi à œuvrer dans le sens de privilégier les actions facilitant le retour à l’ordre constitutionnel dans le délai imparti. Le parti Les Transformateurs s’engageait enfin à respecter les lois et libertés fondamentales garanties par l’ordonnancement juridique du Tchad et à œuvrer pour l’unité nationale.
Le futur gouvernement aura pour mission d’organiser les élections devant mettre un terme à la transition, au plus tard en octobre prochain. Succès Masra était rentré au Tchad le 3 novembre après une année d’exil. Pays sahélien et enclavé d’Afrique centrale, le Tchad fait face à des défis sécuritaires liés aux conflits dans les pays limitrophes ainsi qu’aux conséquences du changement climatique, notamment avec l’accélération de la désertification et l’assèchement du lac Tchad.
Pays producteur de pétrole depuis 2003, le Tchad est devenu très dépendant de cette ressource alors que son économie reposait auparavant sur l’agriculture. Selon la Banque Mondiale, au cours de la période 2024-2025, la croissance devrait s’établir en moyenne à 2,8 % (-0,3 % par habitant), sous l’effet de la modération des prix du pétrole et des effets persistants de la crise soudanaise. Le PIB non pétrolier devrait augmenter de 2,9 % au cours de la même période.