L’Afrique compte environ 600 millions d’hectares de terres arables non cultivées, soit 60% du total mondial. L’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) indique que les terres arables non utilisées en Afrique dépassent les 100 millions d’hectares. Un atout, dans un contexte mondial de rétrécissement de l’offre en terres arables ; de stress hydrique croissant ; et de hausse de la demande alimentaire. La pression est telle qu’on a même vu en 2008, la Libye obtenir un bail de 50 ans sur 100 000 hectares de terres maliennes pour le développement de cultures irriguées. L’intérêt pour les terres africaines résulte aussi de la demande croissante en agrocarburants des États européens, nord-américains, et émergents, en réponse à la hausse vertigineuse du prix des énergies fossiles.
Avec une population projetée à 2,5 milliards d’habitants en 2050, l’Afrique est confrontée à une problématique d’une ampleur sans précédent dans l’histoire de l’humanité : nourrir une population qui aura doublé en 50 ans. Pis, de 1950 à 2050, la population de l’Afrique passera de 228 millions d’habitants à 2,435 milliards selon les projections. Selon un rapport diffusé en septembre 2009 par la FAO, l’agriculture mondiale doit relever des défis de taille aux rangs desquels augmenter la production alimentaire de 70% pour nourrir 2,3 milliards de personnes de plus d’ici à 2050.
D’autant plus que les budgets publics consacrés à l’agriculture ont baissé et sont en proportion du Produit intérieur brut (Pib) les plus bas du monde – environ 0.5 % en 2019, selon la FAO. En 2010 par exemple, les importations alimentaires annuelles de l’Afrique s’élevaient à 33 milliards $US dont près de 3 milliards comme aide.
La demande de céréales
Pour améliorer l’accès à la nourriture de gros investissements sont nécessaires qui devront s’ajouter aux investissements actuels. La demande alimentaire va continuer à s’accroître du fait à la fois de la croissance démographique et de l’augmentation des revenus. La demande de céréales (pour l’alimentation humaine et animale) doit atteindre quelque 3 milliards de tonnes en 2050. La production céréalière annuelle devra s’accroître de près d’un milliard de tonnes (elle a atteint en 2019 2,1 milliards de tonnes). La production de viande devra augmenter de plus de 200 millions de tonnes, totalisant 470 millions de tonnes en 2050, dont 72% seront consommés dans les pays en développement (contre 58% en 2019).
Le secteur des fruits et légumes est une opportunité exceptionnelle pour l’Afrique de répondre à ses gigantesques besoins alimentaires. Les agriculteurs africains ont tout à gagner à ce que la filière soit mieux organisée. Des intermédiaires vertueux permettront de professionnaliser le secteur, en assurant un préfinancement important de la saison pour les agriculteurs, une logistique de qualité qui réduit les pertes, des débouchés stables qui permettent aux agriculteurs de se projeter sur le long terme, et une réduction des importations en proposant des produits locaux à prix concurrentiel. Il faut augmenter de 70% la production alimentaire pour nourrir les bouches supplémentaires qu’accueillera la planète.
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