L’amélioration de la santé est une entreprise coûteuse et de nombreux pays africains disposent d’une marge de manœuvre budgétaire limitée. Actuellement, les pays africains dépensent entre 8 et 129 dollars par habitant pour la santé. La situation sanitaire du continent se résume comme suit : près de 70% des malades atteints de sida dans le monde, plus de 90% des orphelins de sida, et, plus important en termes de dynamique de propagation pandémique, c’est sur ce continent que se produisent 70% des nouvelles infections à VIH. L’incidence de la tuberculose continue d’augmenter à l’échelle mondiale, du fait de l’augmentation du nombre de nouveaux cas en Afrique.
C’est encore ici que se produisent plus de 80% des cas de paludisme du monde, et que le paludisme tue le plus grand nombre d’enfants et de femmes enceintes. L’Afrique c’est aussi 50% des morts maternelles et infantiles : la mortalité des femmes enceintes ou qui accouchent bat les records, la mortalité par avortement y est la plus élevée. Ce n’est pas tout.
Les maladies respiratoires et cardiovasculaires, le diabète, le cancer mettent au défi les autorités et les populations, pour la très grande majorité dépourvue de couverture du risque maladie, de minimiser les dépenses de santé au fur et à mesure que l’urbanisation s’accompagne de l’adoption de comportements à risques (sédentarité, tabagisme, alcoolisme, etc.). La pénurie des personnels soignants y est plus aiguë que partout ailleurs, puisque selon l’OMS, sur les 4 millions de personnels de santé manquants à l’échelle mondiale, il en manque 1 million sur le seul continent africain.
Certains pays africains s’investissent dans le marché de la santé
L’Afrique du Sud, marché le plus important et mature de la zone, est animé par le dynamisme du secteur privé et les marchés d’Afrique de l’Est se restructurent : le Kenya a pour ambition de devenir une plateforme médicale régionale ; quand l’Éthiopie présente des besoins en infrastructures et médicaments importants. Selon Business France, Le marché de la santé sud-africain est estimé à 11 Mds EUR dans sa globalité et connait une bonne croissance, avec notamment une forte demande en équipements médicaux, solutions digitales et innovantes.
Le secteur privé est le plus demandeur de solutions et réalise 80% des achats en Afrique du Sud. Le pays importe 90% des dispositifs médicaux, et pour une valeur totale de 2 Mds EUR de produits pharmaceutiques. Le secteur public quant à lui est en restructuration, ce qui présente des opportunités pour les entreprises françaises. Le projet de National Health Insurance vise à fournir une couverture santé à toute la population mais également à construire et réhabiliter des hôpitaux à travers le pays. L’investissement du médecin milliardaire Patrick Soon-Shiong pour l’ouverture d’une nouvelle usine de vaccins, contre le covid-19, mais aussi la tuberculose et le VIH, montre la dynamique du pays pour les solutions innovantes et les opportunités liées.
Selon le ministère de la Santé éthiopien : le nombre d’infrastructures de santé dans le pays est passé de 93 à 353 entre 2008 et 2021. Mise en place de partenariats publics-privés hospitaliers, concernant notamment le développement d’infrastructures de santé spécialisées et à haute valeur-ajoutée (oncologie, cardiologie…) Développement d’un secteur privé encore minoritaire (20% de la part de marché) mais moderne et concentré notamment à Addis Abeba. Avec une population de 53,77 millions d’habitants et un PIB de 109,49 Mds USD (2021), le Kenya pour sa part, est « la locomotive économique d’Afrique de l’Est ». Au cours des dernières années, le pays a connu un renforcement de ses capacités de soins avec, selon les derniers chiffres du ministère kenyan de la Santé, 10 500 établissements hospitaliers (dispensaires en zones rurales inclus) et 12 000 médecins agréés.
Le marché de la santé représente 1,2 Md EUR, soit 1,5% du PIB kenyan. Le Kenya souhaite renforcer son positionnement de plateforme médicale régionale : bailleurs de fonds, opérateurs privés et gouvernement travaillent à l’augmentation des capacités de soins. La quasi-totalité des équipements médicaux est importée ; la production pharmaceutique locale couvre 30% de la demande. Par ailleurs, le marché des dispositifs médicaux au Cameroun, est estimé à 37 M USD (32,5 M EUR) contre 35 M USD (32 M EUR) en 2019, soit une croissance de 8 % de la valeur en USD courants. La croissance de la demande est portée par le dynamisme du segment des équipements et instruments médicaux, lié aux projets d’infrastructures.
La contrebande un danger pour la population en Afrique
Selon le rapport de l’ONUDC, 270.000 personnes meurent chaque année en Afrique subsaharienne pour avoir consommé des médicaments antipaludiques falsifiés et de qualité inférieure. En outre les décès de 169.271 enfants dans la région sont attribués à l’usage d’antibiotiques contrefaits pour traiter la pneumonie sévère de jeunes malades. Le fossé entre la demande et l’offre de produits pharmaceutiques réglementés laisse place au trafic, incite à l’implication de groupes criminels organisés et alimente la menace permanente pour la sécurité des populations dans ces pays.
Pour preuve, entre janvier 2017 et décembre 2021, au moins 605 tonnes de produits médicaux différents ont été saisies en Afrique de l’Ouest lors des opérations internationales, constate l’ONUDC, qui précise qu’en dépit du manque d’informations fiables sur les volumes de médicaments concernés, diverses études estiment qu’entre 19 et 50% des produits pharmaceutiques sur le marché dans les pays du Sahel sont falsifiés et de qualité inférieure.
Cette vulnérabilité au trafic tient avant tout à l’extrême dépendance des pays du Sahel envers les importations en raison du stade de développement encore insuffisant de leurs industries pharmaceutiques. Sur le total des dépenses pharmaceutiques en Afrique subsaharienne en 2019, les importations ont représenté jusqu’à 70 à 90% et environ 14 milliards de dollars, principalement en provenance de la Belgique et la France, et dans une moindre mesure de Chine et d’Inde.
Quelques investisseurs en Afrique
Medical Credit Fund (MCF) : il se concentre sur l’amélioration de l’accès au financement par l’emprunt pour les petites et moyennes entreprises (PME) du secteur de la santé en Afrique subsaharienne. MCF travaille avec des partenaires financiers (banques, institutions financières non bancaires) pour fournir des prêts aux PME du secteur de la santé, aux prestataires de soins et aux fournisseurs du secteur de la santé, mais peut également prêter directement aux PME du secteur de la santé ou en partenariat avec des acteurs du secteur.
Les prêts vont de 100 dollars pour les prêts de fonds de roulement numériques à 2,5 millions de dollars pour les prêts à terme et sont généralement en monnaie locale. Les prêts sont combinés à un programme d’assistance technique axé sur l’amélioration de la gestion des entreprises et de la qualité, qui est mis en œuvre en collaboration avec des partenaires d’assistance technique et en utilisant les normes SafeCare, qui sont reconnues au niveau international. Le groupe CDC : c’est le premier investisseur à impact social au monde avec plus de 70 ans d’expérience dans le soutien à la croissance durable et sur le long terme aux entreprises en Afrique et en Asie du Sud.
Le CDC est un champion britannique des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies – le plan d’action mondial pour un avenir meilleur et plus durable pour tous. La société a des investissements dans plus de 1 200 entreprises dans les économies émergentes, avec un actif net total de 6,4 milliards de livres sterling et un portefeuille de 4,7 milliards de livres sterling. En 2020, le CDC a investi plus de 1,5 milliard de dollars dans des entreprises d’Afrique et d’Asie en mettant l’accent sur la lutte contre le changement climatique, l’autonomisation des femmes et la création de nouveaux emplois et de nouvelles opportunités pour des millions de personnes.
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