La fin du mandat du tchadien, Mahamat Abbas Tolli au gouvernorat de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), a été quelque chaotique, pourrait-on dire. Avec des querelles de clocher au sein du top management de la plus importante institution bancaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Une situation déplorable qui pourrait porter un sérieux coup à la crédibilité de cette banque centrale.

Et, c’est justement le premier chantier auquel entend s’attaquer le nouveau gouverneur. Le centrafricain, Yvon Sana Bangui, dit vouloir amener la BEAC à un meilleur niveau de gouvernance managériale et économique. Pour cela, il entend améliorer la gouvernance interne et externe de la BEAC. Une gouvernance interne qui, à son avis, se traduira par une gestion patrimoniale responsable et une gestion efficace des ressources humaines.

Pendant que la gouvernance externe, quant à elle, se traduira par la maîtrise de l’inflation ; l’accroissement des réserves de change ; la préservation des équilibres macroéconomiques ; la digitalisation des processus de la BEAC et la promotion de l’innovation bancaire, en vue d’une meilleure inclusion financière.

Cette ambition, précise-t-on, s’inscrit dans le cadre des défis actuels et futurs des banques centrales des pays en voie de développement, comme c’est le cas des pays de la CEMAC. Elle s’appuiera sur un partenariat gagnant-gagnant avec tous les partenaires au développement, notamment la Banque Africaine de Développement, le Fonds Monétaire International, la Banque mondiale et la Banque Islamique de Développement.

Le projet GAP (Gouvernance-Assistance-Performance)

C’est ce projet qui porte toute la vision d’Yvon Sana Bangui à la BEAC. Ce projet, selon lui, vise à renforcer le fonctionnement et l’efficacité des missions de la BEAC. Il se décline en trois axes principaux : l’amélioration de la gouvernance interne : ce volet vise à renforcer la transparence et la reddition des comptes de la BEAC, à améliorer la gestion des ressources humaines et à développer une culture de la performance.

L’autre axe de ce projet est l’assistance technique, qui vise à fournir aux Etats membres de la CEMAC, l’expertise de la BEAC nécessaire pour mettre en œuvre les réformes prévues. Enfin, il y a l’amélioration de la performance. Un volet qui vise à mesurer et à améliorer l’efficacité des missions de la BEAC.

Les réserves dans un contexte de parité fixe

Le nouveau gouverneur de la BEAC s’est fixé un certain nombre d’objectifs à atteindre au cours de son mandat. Il s’agit notamment de conformer et augmenter de 30% les réserves dans un contexte de parité fixe, afin de soutenir la monnaie commune, le FCFA ; augmenter le taux de bancarisation de 7% à 20%, la moyenne africaine étant de 29% ; développer les mécanismes participatifs de mise en circulation des billets et pièces ; le projet d’émission et de mise en circulation de la monnaie électronique de banque centrale (MEBC), le e-CFA.

Mais également, développer des innovations dans le domaine des technologies financières bancaires, dans les solutions de technologie financière internes ; solutions de technologie financière par partenariats entre banques et FinTech ; incubateurs pour les entreprises FinTech. Tout comme moderniser les systèmes de paiement pour inclure les innovations technologiques autour des monnaies virtuelles ; développer des indicateurs pertinents de surveillance du secteur financier, afin d’anticiper sur les conséquences d’une crise, et maintenir les charges d’exploitation à un niveau soutenable et fixer un taux de progression de 3%, d’une année à l’autre, tout en développant de nouvelles sources de produits.