Monsieur le directeur général, qu’est-ce qui justifie votre présence au salon Promote ?
La Sonatrel est venue comme toutes les autres entreprises, aussi bien au niveau national qu’au niveau international, présenter au public ce qu’elle fait au quotidien, ce qu’elle entend faire dans le domaine qui est le sien, à savoir : le transport de l’énergie électrique haute tension dans notre pays. Ce n’est pas sa première participation, nous constatons que cette année, il y a beaucoup d’entreprises, il y a beaucoup d’entrepreneurs qui sont intéressés par les activités de la Sonatrel, aussi bien au niveau interne, qu’au niveau international.
Je voudrais rappeler que la Sonatrel qui a été créée par le chef de l’État pour essayer de résoudre le problème de transport de l’énergie électrique et des délestages dans notre pays est déjà à la phase opérationnelle, et pas seulement au niveau interne, car nous sommes déjà en train d’aborder les interconnexions transfrontalières avec les États voisins. Nous avons commencé avec le Tchad. Vous avez suivi l’actualité en novembre dernier relative au lancement du projet direct d’interconnexion de réseau électrique du Cameroun et du Tchad. Il faut dire que c’est le premier projet intégrateur dans la sous-région Afrique centrale. Donc, la Sonatrel en particulier et le Cameroun en général ont ainsi l’honneur d’être porteurs de ce projet intégrateur. Le tout premier dans la sous-région Afrique centrale.
Le chef de l’État a mis beaucoup de moyens dans le domaine de l’électricité ceci pour satisfaire la demande sans cesse croissante de nos populations et de nos entreprises. Tous ces moyens que le chef de l’État met à la disposition de ce secteur visent deux objectifs essentiels. Le premier, c’est la satisfaction domestique en énergie électrique.
De manière précise, à combien peut-on évaluer la capacité installée du Cameroun en matière d’énergie électrique. Cette énergie permet-elle de satisfaire la demande locale ?
Notre capacité installée aujourd’hui est à peu près 1600 MW d’électricité et la demande réelle, c’est plus de 3000 MW à l’heure actuelle. C’est pourquoi le chef de l’État fait construire tous ces grands barrages que vous voyez. Je voudrais appeler à la patience de nos compatriotes parce que les projets électriques ne se réalisent pas en un seul jour. C’est tout un système qui est en train d’être mis en place. Au bout du compte, on pourra voir les retombées de cette politique énergétique du chef de l’État implémentée par les structures opérationnelles que nous sommes.
En ce qui concerne la Sonatrel, elle a déjà permis de renforcer considérablement le réseau de transport à travers les transformateurs de puissance dans les postes. En quelques trois, quatre ans, la Sonatrel a acquis 22 transformateurs de puissance de 50 et 60 MVA qui sont installés dans le réseau. En dehors de cela, il y a le projet de remise à niveau qui est en train de tirer vers sa phase finale, cette année. Nous construisons des lignes de transport et des nouvelles lignes de transformation. Parmi ces postes, l’ouvrage le plus important pour l’instant, c’est le poste de Nyom 2, un poste de 225 kw, un poste haute tension qui va accueillir l’énergie de Natchigal. Je vous ai dit que la capacité installée pour l’instant, c’est 1 600 MW, quand Natchigal sera opérationnel dans les tous prochains jours, nous aurons 420 MW supplémentaires dans notre pays. Il faut bien que les Camerounais comprennent cela, l’énergie est déjà proche de nous. À l’arrivée de cette énergie, la Sonatrel est chargée de construire les ouvrages de transport d’accueil et d’accompagnement. Et parmi ces ouvrages, il y a donc le poste de Nyom 2 qui est déjà prêt. La construction est terminée, nous l’avons déjà même réceptionné. Donc, nous attendons juste l’énergie de Nachtigal pour la dispatcher au niveau de la distribution, c’est-à-dire au niveau d’Eneo qui alimente les ménages et les entreprises.
Donc, on va passer bientôt de 1600 MW à 2000 MW, et le Chef de l’État ne s’est pas limité à cela, car il existe d’autres projets importants, tel le projet Kikot, entre la Lekie et le Nyong et Kelle, où l’on attend 500 MW d’électricité. Il y a le projet Grand Eweng avec 1000-1800 MW attendus. Alors, quand vous faites le total, vous vous rendez compte que l’on est déjà autour de 4 000 MW d’électricité que nous pourrons avoir d’ici 2035. Mais pour Natchigal, c’est déjà presque prêt, nous attendons juste le signal de NHPC pour transporter l’énergie de 420 MW et alimenter les ménages et entreprises.
De manière générale, quel est l’objectif visé par la politique énergétique au Cameroun ?
Je disais que la politique énergétique du Cameroun, sous la houlette du chef de l’État ne vise pas seulement à satisfaire les ménages, il s’agit d’amorcer l’industrialisation du Cameroun. C’est-à-dire, avoir une énergie propre, une énergie fiable en quantité et en qualité pour alimenter les industries qui frappent chaque jour, en grand nombre, aux portes du Cameroun pour que le pays amorce son essor industriel. Si nous avons déjà une économie industrialisée, cela nous apporte des emplois, la croissance économique qui est un ensemble d’agrégats, qui devrait se traduire en termes de développement concret.
Voilà donc le projet du chef de l’État à travers l’énergie électrique. Nous sommes un maillon essentiel de la chaîne, parce que nous transportons l’énergie haute tension. Nous le faisons déjà au Cameroun à travers les investissements sur les nouvelles lignes de transport, les nouveaux postes de transformation et d’interconnexion, et nous nous déployons déjà au niveau international à travers les interconnexions transfrontalières. Vous savez que le Tchad est notre premier client au niveau international. Nous avons tenu des comités techniques conjoints ici, nous avons tenu des comités de pilotage avec la partie tchadienne qui était très intéressée, et qui souhaite l’accélération du processus pour que cette interconnexion ait lieu, afin qu’après satisfaction de la demande locale, nous puissions vendre à l’extérieur.
Nous allons vendre au Tchad, premier preneur, près de 100 MW dans un premier temps, et comme cela fait tache d’huile, la Centrafrique demande l’énergie du Cameroun, le Congo est intéressé, le Gabon, etc., et même en dehors du pool énergétique d’Afrique centrale. Le Nigeria est en cours de signature d’un protocole d’accord avec le Cameroun pour la vente d’énergie. C’est pour dire que le chef de l’État a une vision cohérente de sa politique énergétique qui a deux piliers fondamentaux. Au niveau interne, satisfaire d’abord de la demande des ménages, avant de regarder au niveau international, comment vendre l’énergie électrique aux pays voisins, et ça fera du Cameroun, un hub énergétique dans la sous-région, Afrique centrale et même au-delà.
Cela veut dire que le Cameroun pourra créer dans la sous-région, un marché de l’électricité, et à travers les interconnexions transfrontalières qui relèvent de la compétence de la Sonatrel, le Cameroun va exceller à travers la vente de l’énergie électrique qui va nous apporter des devises étrangères au Cameroun. C’est une politique qui s’arrime parfaitement à la SND 30 qui demande qu’il y ait industrialisation, qu’il y ait une croissance à un certain niveau, et qu’il y ait une redistribution équitable des fruits de la croissance, pour que nous ne soyons pas des pays de croissance sans développement. Nous devons être des pays de croissance et de développement, où il y a une augmentation des agrégats, mais aussi, une redistribution équitable de cette croissance économique pour le bien-être commun.
Interview réalisée par Blaise Nnang