Lors de la vitrine Macfruit 2018 (un salon international spécialisé dans les fruits et légumes) tenue à Accra au Ghana, le producteur et exportateur d’ananas tropicaux Sam Valley Farm a présenté ses réalisations au grand public. Il s’agit d’un producteur et exportateur d’ananas tropicaux situé dans le district d’Awutu Senya, dans la région centrale du Ghana, en Afrique de l’Ouest. La compagnie sert actuellement les marchés de l’UE et du Moyen-Orient avec la variété d’ananas MD2.
L’entreprise fait partie du groupe Trasacco (propriété de la famille italienne Taricone). Elle occupe 800 hectares, dont 300 hectares pour la culture de l’ananas. Par hectare, sont plantés 65.000 plants d’ananas, pour une production annuelle moyenne de 90 000 tonnes. L’objectif est de produire 110 000 tonnes par hectare à la longue. Dans cette production, le fruit pèse en moyenne 1,7 kg, mais son calibre peut varier de 1 à 2,5 kg.
Les produits qui ne sont pas adaptés à l’exportation – environ 20 tonnes par semaine – sont envoyés à une usine de transformation afin d’en faire du jus. Le prix moyen d’une boîte de 12 kg est de 5,80 USD, au port d’Accra. Chaque semaine, l’entreprise traite 5 à 10 conteneurs frigorifiques et effectue de nombreuses expéditions par avion. Selon la période et la disponibilité des conteneurs frigorifiques, ils coûtent entre 2 500 et 4 000 USD chacun.
L’ananas occupe 0,6% du PIB Ivoirien
L’ananas bien qu’originaire de l’Amérique du sud a été introduite en Côte d’Ivoire dans les années 1930, pendant la colonisation, grâce aux échanges. Appartenant à la famille des Broméliacée, l’ananas compte aujourd’hui 1900 espèces, 45 genres et 5 variétés parmi lesquelles la « Cayenne lisse », majoritairement cultivée en Côte d’Ivoire.
Dans un souci de diversification des exportations agricoles, le gouvernement ivoirien a donné une impulsion à la culture de l’ananas à travers divers plans d’aide au cours des années 70 (encadrement, recherche appliquée, financement de structure étatique).
La production est en moyenne de 170.000 tonnes par an, et le pays détient environ 39% de part de marché dans l’Union Européenne. Le secteur se caractérise par une grande diversité d’opérateurs à tous les niveaux : on relève environ 2.500 petits planteurs d’ananas qui réalisent 80% de la production de façon informelle ou traditionnelle. Ils sont affiliés pour la plupart à des coopératives pour le groupage, l’emballage et le transport de leur production destinée à l’exportation.
La superficie moyenne de leurs exploitations est de 5ha. A l’opposé, se rencontrent des exploitations de type industriel appartenant à de grands groupes de distribution de fruits dans le monde. C’est le cas de la SCB (Société de Culture Bananière) appartenant au groupe international DOLE, pratiquant une production intensive de fruits pour l’exportation, avec des exploitations de superficie moyenne de 500 ha.
Les principales zones de production de l’ananas sont situées à l’Est du fleuve Comoé et concerne notamment les villes de Grand-Bassam, Bonoua, Adiaké et Aboisso qui assurent 80% de la production, selon le site d’information agriculture.gouv.ci. Les autres zones de production sont Dabou, Tiassalé, Agboville, etc. En Côte d’Ivoire, l’ananas représente environ 0,6% du PIB national et 1,6% du PIB agricole.
L’ananas « Pain de sucre » du Bénin obtient son label d’excellence à l’OAPI
C’est la première étape d’une valorisation du fruit et de l’agriculture du pays. En obtenant sa première IGP (Indication géographique protégée) pour l’ananas « Pain de sucre », le Bénin s’assure une visibilité à l’international pour l’un de ses principaux produits agricoles. A plus long terme, c’est toute l’agriculture nationale qui pourrait profiter de ce processus. « Ananas pain de sucre du plateau d’Allada-Bénin ». C’est sous cette appellation exacte que la première Indication géographique protégée (IGP) jamais obtenue par le Bénin a été enregistrée, le 28 octobre 2020, à la Chambre de commerce et de l’industrie du Bénin.
Cette IGP est délivrée par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), qui compte 17 États membres africains. Elle met en avant des produits dont la qualité est liée à un terroir spécifique (qualité du sol, climat…), à des techniques ou encore à un savoir-faire particulier. En un mot, c’est un atout majeur dans le commerce international. Elle est le résultat de plusieurs années de collaboration entre l’OAPI et le Projet d’appui au renforcement des acteurs du secteur privé (Parasep), financé par l’Agence française de développement et l’Union européenne.
L’ananas fait partie des filières agricoles porteuses particulièrement accompagnées par le Programme d’actions du gouvernement (PAG), mis en œuvre par le président Patrice Talon depuis cinq ans, avec, outre le coton, le riz, l’anacarde ou encore le karité. Son but : impulser la création de pôles agricoles et industriels et faire du secteur agricole, qui emploie 70 % environ de la population active, un levier de développement économique.
Fruit de cette politique, la production totale d’ananas a atteint 350 345 tonnes en 2019 au Bénin, soit environ 100 000 tonnes de plus qu’en 2016. Toujours dans ce cadre, les autorités publiques et leurs partenaires ont multiplié les efforts pour améliorer la filière de l’ananas, de la production à la distribution, en passant par la transformation, lui permettant de conquérir le marché domestique avant de sortir vers le Nigeria, le Burkina Faso, le Niger, le Mali et jusqu’au Maroc.
L’IGP « Pain de sucre » sera un nouvel argument pour consolider ces parts de marché et en gagner d’autres, notamment en Europe. Gaston Dossouhoui, le ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, qui est aussi le Président du comité national des indications géographiques, s’est réjoui de l’obtention de cette IGP. Il a néanmoins précisé qu’elle « ne doit pas être perçue comme une finalité, mais plutôt comme une étape qui doit être suivie d’un travail continue afin de respecter les cahiers des charges établis. Je voudrais compter sur la participation des opérateurs économiques pour développer de véritables clusters, de façon à porter haut le flambeau de l’ananas ».
Un plan pour produire 88 782 tonnes d’ananas au Togo d’ici 2028
Le Togo est parvenu à occuper le rang de second exportateur africain de produits bios à destination des pays de l’Union européenne, derrière l’Égypte, passant de 22 000 tonnes à près de 45 000 tonnes, soit une hausse de 102% enregistrée. En effet, le pays avait plus que doublé ses exportations de produits biologiques vers l’Europe entre 2018 et 2019. Ce chiffre faisait du Togo le 14ème exportateur mondial (contre la 31e place en 2018).
Tout récemment, le Togo a validé un plan d’investissement dans la filière ananas, avec pour objectif de stimuler sa croissance et sa durabilité, de 2024 à 2028. Ce document, dénommé Plan d’action d’investissement de la filière ananas 2024-2028, daté de mai 2023, regroupe les actions prioritaires à mener pour un investissement total de 16 millions USD (9,5 milliards FCFA) sur cinq ans, indique le site d’information togolais Togo first. Le plan vise principalement à doubler la production d’ananas, passant de 44 391 tonnes à 88 782 tonnes d’ici 2028. Il s’agit également d’accroître la transformation locale en portant le pourcentage d’ananas transformés de 35% à au moins 75% à l’horizon 2028.
Les sources de financement pour la réalisation de ce plan devraient provenir de l’État togolais, du Conseil interprofessionnel de la filière ananas au Togo (CIFAN) et des partenaires techniques et financiers. Dans le détail, la mise en œuvre de ce plan d’investissement se concentrera sur trois axes stratégiques majeurs. Tout d’abord, la promotion des modes de production durables qui garantissent de meilleurs revenus. Ensuite, la promotion d’un meilleur accès au marché pour les producteurs togolais. Enfin, l’amélioration du cadre institutionnel et de la gouvernance de la filière ananas. « La chaîne de valeur ananas est encore peu développée, mais elle offre des perspectives intéressantes pour l’économie agricole togolaise à condition que les acteurs se mobilisent pour la renforcer », indiquent le ministère de l’Agriculture et les parties prenantes de ce plan.
Dans le développement de cette filière, l’ananas togolais devrait ainsi capitaliser sur des avantages par rapport aux pays concurrents, tels que son arôme et son goût. De plus, le pays dispose d’une capacité d’extension de la culture d’ananas et occupe une place de choix sur le marché des produits biologiques, en forte demande. Cette chaîne de valeur possède suffisamment d’atouts pour s’inscrire dans la dynamique agro-industrielle et des agropoles, promue par les autorités nationales et leurs partenaires. Par ailleurs, selon des données de la GIZ, la production biologique nationale représente actuellement 76% contre 24% pour la production conventionnelle. Les rendements varient quant à eux de 40 à 50 tonnes par hectare, pour une production nationale d’ananas de 44 391 tonnes.
Le Togo, pays d’Afrique de l’Ouest est le premier plus gros exportateur de la CEDEAO vers l’UE dans le domaine biologique. Avec la filière de l’ananas bio, le Togo connait une croissance exponentielle. Entre 2017 et 2019, la production d’ananas a connu une hausse de 11,6% dans le pays, passant de 27.000 à 30.149 tonnes. L’ananas togolais est très prisé en Europe et en Amérique du Nord. 60% de la production est exportée vers l’Europe et la sous-région.
En effet, « la filière a un potentiel extraordinaire pour l’économie togolaise », a indiqué au début du mois de juillet Alex Adabra, un responsable du CIFAN (Conseil interprofessionnel de la filière ananas au Togo). Si la filière est aujourd’hui prometteuse, c’est grâce à la détermination des producteurs, couplée aux financements de l’Etat et au soutien de Fonds d’appui aux initiatives économiques des jeunes (Faiej). Aujourd’hui, l’activité génère près de 10 millions USD (6 milliards de FCFA) par an et emploie près de 6.000 personnes.
trentaine d’entreprises recensées sur le territoire produisent plus d’un million de litres de jus d’ananas dont 200.000 litres pour le marché bio. Cependant, la demande est plus forte que la capacité des producteurs.
« Jus Délice » produit du jus d’ananas biologique togolais
La transformation de l’ananas se développe au Togo. Le cas d’espèce de l’usine « Jus Délice » installée à Gbatopé, à 47 km au nord de Lomé. La construction de cette usine a commencé en novembre 2018 et celle-ci a été inaugurée fin avril 2019. Développée avec un investissement d’environ 3 millions USD (1,7 milliard de francs CFA) du fonds Moringa, avec l’appui de l’Union européenne et de la coopération allemande, Jus Délice est une usine ultramoderne qui produit du jus d’ananas « biologique ». Son Directeur, Augustin Nanfan, explique le processus de transformation.
Une fois le lavage terminé, le fruit tombe dans une trémie munie d’un couteau latéral qui le fend en deux, 2 écorcheuses raclent l’intérieur du fruit, la pulpe raclée tombe dans (Ndlr un) bac extracteur-batteur pour y être broyée et les épluchures tombent dans (Ndlr une) vis sans fin, pour être envoyées vers la plateforme de compostage.
Le compost est ensuite distribué aux producteurs. Selon Gustav Bakoundah, directeur général de l’unité industrielle, son entreprise est un modèle du social lucratif.
Jus Délice c’est tout ce qui est promotion de l’agriculture biologique avec les petits producteurs formés, regroupés, certifiés et affiliés à l’usine. Jus Délice, c’est une responsabilité sociétale et environnementale, c’est un partenariat gagnant-gagnant avec nos premiers partenaires : les producteurs.
La production de l’usine est entièrement destinée à l’exportation, dans des fûts de 250 kg chacun. L’objectif est d’exporter 4 à 5 containers par expédition, détaille Augustin Nanfan, dans le local où des fûts remplis sont déjà entreposés.
Là, nous avons des fûts de produits finis qui sont déjà prêts. Sur chaque palette en bois, il y a 4 fûts. Dans un container de 20 pieds, on aura 80 fûts à envoyer.
L’usine compte pour l’instant une vingtaine d’employés, car elle ne fonctionne encore que 8 heures par jour. A terme, il y aura 60 employés sur le site. La ligne de production de Jus Délice a une capacité de traitement de 1 500 kg de fruits par heure, pour produire l’équivalent de 1 000 litres de jus. Elle peut fonctionner 24 heures sur 24. Cependant elle n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière.
Les petits producteurs de jus d’ananas et dérivés en vogue au Cameroun
Au Cameroun, le projet club Afrique Agropme a pour objectif la transformation d’ananas en jus 100% bio.
Nous sommes partis du constat selon lequel, la plupart des cérémonies organisées dans nos villes, plusieurs personnes ont souvent une certaine réticence vis-à-vis des boissons industrielles gazeuses contenant les produits artificiels qui sont les boissons que l’on trouve toujours,
indiquent les bénéficiaires de ce projet, du versant de la production de l’ananas.
« Notre principale vision est de vulgariser la consommation des jus de fruits naturel dans notre sous-région et à l’international », précisent-ils.
En outre, dans le pays, il existe une multitude de PME qui transforment de l’ananas en produits finis ou semis finis, tels que de l’ananas séchée, de la confiture d’ananas etc.
Le changement climatique entraine la baisse de la production de l’ananas
Pour la FAO, la baisse de la pluviométrie a eu un impact sur les zones de production d’ananas en Côte d’Ivoire. En 2023, la Sodexam, en charge des prévisions météorologiques, a constaté une baisse de la pluviométrie de 7% par rapport à la moyenne des 30 dernières années. Et les perspectives pour 2024 semblent similaires : « Des sécheresses vont impacter la disponibilité en eau dans les barrages hydroélectriques », alerte la Sodexam. Mais la baisse de la production semble aussi structurelle. « On note des problèmes de financements et des difficultés pour accéder à des semences certifiées », explique Drissa Traoré, expert au ministère de l’Agriculture.
À cela s’ajoute la hausse du prix des intrants. Ainsi, le prix du sac d’engrais a connu une forte augmentation en 2022. Il coûte désormais environ 25 000 FCFA… Faute de moyens, les producteurs entretiennent moins bien leur plantation et certains réduisent le nombre d’épandages. « Les plantations n’ont pas eu de bons rendements car elles n’ont pas été bien nourries », affirme Ousseini Ouédraogo, responsable d’une coopérative dans le Sud-Comoé.
Enfin, les producteurs se heurtent à des difficultés pour acquérir les terres. Ils cultivent sur des espaces de plus en plus petits. Ils louent des terres pour un cycle de 12 à 14 mois, sans garantie sur la saison suivante, car selon certains producteurs, les prix ont augmenté : avant, les producteurs pouvaient payer 70 000 francs CFA/ha pour une année. Depuis 2022, ils doivent débourser 325,70 USD (200 000 francs CFA) /ha pour un cycle de 12 mois. Ces conditions moins attrayantes ont une conséquence : la baisse du chiffre d’affaires. Pour redresser la barre, certains producteurs misent sur la patience et le développement de l’agriculture biologique.