La diversification, un impératif. La Côte d’Ivoire est à la quête de sa transition économique. L’exploitation du sous-sol semble être le chemin pour l’atteinte de cet objectif. Longtemps centrée sur l’agriculture, l’économie ivoirienne s’est tournée vers les richesses de son sous-sol ces dernières années. Depuis lors, d’importants gisements de pétrole et de minerais variés ont été découverts dans le pays.
En l’espace de trois ans, la Côte d’Ivoire affiche les allures d’un potentiel producteur de pétrole et de gaz. Trois gisements ont été découverts dans le pays dont le premier en septembre 2021, le deuxième en juillet 2022 et le troisième en février 2024. Les réserves sont estimées à six milliards de barils, d’après les médias locaux. Exploitées, ces richesses pourraient faire de la Côte d’Ivoire, un exportateur net de pétrole brut d’ici la fin de la décennie.
Le géant italien ENI a d’ores et déjà lancé l’exploitation du premier gisement baptisé « Baleine ». Il devrait produire 150.000 barils par jour d’ici 2027 et 200 millions de pieds cubes (environ 5,7 millions de mètres cubes) de gaz par jour. Une nouvelle dynamique économique qui réjouit les autorités longtemps en quête de solutions de diversification. « Notre pays pourra intégrer s’il le souhaite l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) », prédit Sangafowa Coulibaly, ministre ivoirien des Mines, de l’Energie et du Pétrole.
La Côte d’Ivoire, la nouvelle attraction des investisseurs
Le pays est considéré comme l’attraction des investissements miniers dans la région ouest-africaine. La Côte d’Ivoire bénéficie d’un intérêt croissant des compagnies minières. Le 5 juin 2024, Many Peaks Minerals annonçait une levée de fonds à hauteur de 3,46 millions de dollars US grâce à un placement d’actions. Les fonds levés permettront d’accélérer les travaux d’exploitation sur les gisements aurifères d’Odienne et de Ferke au Nord-Ouest de la Côte d’Ivoire. En mai dernier, Many Peaks a lancé un programme de forage sur 6 500 mètres à Odienné.
Il est prévu pour s’achever en juin. Rappelons que le soutien des investisseurs du marché australien à la levée de fonds de Many Peaks est l’un des indicateurs les plus récents de l’attractivité du pays de l’hospitalité. Le Fraser Institute classe d’ailleurs le pays comme le plus attractif pour l’investissement minier en Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire a attiré certaines des plus grandes compagnies au monde produisant de l’or ces dernières années. Un rayonnement qui a une incidence sur la production nationale d’or. En 2023, la Côte d’Ivoire a produit 50 tonnes d’or contre 18 tonnes en 2014. Elle devrait atteindre 55 tonnes en 2024, grâce à l’entrée en production de nouvelles mines. Cette hausse de la production témoigne de la diversité des ressources dont dispose le territoire pour porter son économie.
Un potentiel important de nickel et de cuivre
La Côte d’Ivoire dispose également d’un important gisement de nickel et de cuivre. Ces minerais attirent également de nombreux investisseurs. Dans un communiqué signé le 25 mars 2024, Ivanhoe Electric a annoncé l’acquisition de 60% des parts de l’exploitation du projet nickel-cuivre Samapleu-Grata, à l’Ouest du pays. Le projet comprend cinq permis d’exploitation : le PR838 (Samapleu-Est), le PR839 (Samapleu-Ouest), le PR300 (Zérégouiné), le PR604(Grata) et le PR837 (Zoupleu). Ces permis démontrent à suffisance le désir de la Côte d’Ivoire de diversifier son économie.
Le projet nickel-cuivre Samapleu-Grata couvre une superficie d’environ 835km². Sa durée de vie est estimée à 16 ans pour une production moyenne annuelle de 38627 tonnes d’un concentré à 26% de cuivre et 55119 tonnes d’un concentré à 13% de nickel. Tout ceci avec des sous-produits associés de platine, de palladium et de cobalt. Il faut noter que cette production sera soutenue par une usine de traitement d’une capacité de 5,47 millions de tonnes par an. Un capital initial de 338 millions de dollars US est nécessaire pour la construction de la mine afin de concrétiser ce potentiel minier, avec un délai de récupération de 3,8 ans après impôts. La valeur nette du projet est actuellement de 257 millions de dollars US, après impôts, avec un taux de rentabilité interne qui s’élève à 22,3%.
La ruée des Ivoiriens vers les richesses minières ne se limite pas qu’au sous-sol marin. Entre 2012 et 2024, le nombre de permis et projets d’exploitation minière en cours dans le pays a triplé. Il est passé de neuf à 28. Celui des permis de recherche est passé de 120 à près de 200 sur la même période. Les autorités assurent que les recettes fiscales générées sont 20 fois supérieures à celles de 2012. Elles sont passées à 372 milliards de FCFA (614,56 millions de dollars US).
L’économie ivoirienne est en train de se diversifier dans tout ce qui est matières premières. On a longtemps dit que l’économie ivoirienne était basée sur l’agriculture, or, aujourd’hui, elle veut également développer le secteur minier,
lançait à la presse ivoirienne Cedrick Sehe, président de la CAMP2E, une structure de promotion du secteur minier.
Les matières premières présentes dans le sous-sol ivoirien s’étendent à l’or. En mai dernier, le plus gros gisement aurifère du pays a été découvert dans l’ouest. Selon Afrimag, il est le troisième gisement aurifère le plus important d’Afrique de l’Ouest. La même source indique que le lithium, le manganèse, le nickel et même le coltan sont également présents dans le sol ivoirien. Des ressources précieuses dans la fabrication d’appareils électroniques. Ces ressources se présentent donc comme la transition économique attendue par la Côte d’ivoire depuis des années.
Une économie longtemps centrée sur l’agriculture
L’agriculture fait les beaux jours de l’économie ivoirienne. Ce secteur occupe plus de la moitié de la population active du pays. La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de fèves de cacao et de noix de cajou. Une performance qui ne laisse pas indifférent les organisations comme le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).
Depuis plusieurs années, l’organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes, coordonne plusieurs projets de recherche sur les principales filières agricoles du pays. Ce sont le cacao, l’hévéa, la banane dessert, la banane plantain, la production animale, le maraîchage, le coton, le riz, les cocotiers entre autres. C’est dire que le secteur agricole est pilier de l’économie nationale.
Le pays de Alassane Ouattara fait figure de puissance économique en Afrique de la sous-région. Il contribue à plus du tiers du PIB de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et plus de 40 % des exportations de la zone, selon le Cirad. Sa population est estimée à 25,6 millions d’habitants, soit 21 % de la population totale de l’Uemoa représente un marché de consommation important. Le secteur agricole représente plus de 25 % du Produit intérieur brut (PIB) du pays.
Toutefois, la santé économique de la Côte d’ivoire, porté par un secteur agricole florissant a récemment été mise à l’épreuve. En avril 2024, la flambée des cours du cacao sur le marché mondial a perturbé l’économie nationale. Habitué à produire environ deux millions de tonnes par an, le pays a fait face à une baisse de 25 % de sa récolte. Ce qui pose le problème de l’approvisionnement en fèves sur un marché mondial déjà marqué, depuis le début de 2023, par une flambée historique des cours de l’or brun. Renseigne Jeune Afrique. Cette situation met la question de la diversification de l’économie au cœur des débats.