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Cameroun : l’exportation annoncée du fer issu de la mine de Grand Zambi inquiète déjà les aciéries camerounaises en manque de matière première

Des dispositions sont déjà prises au niveau du port de Kribi pour les premières exportations de ces minéraux de fer prévues dès le mois de juin 2025. Et selon les responsables de G-Stones Resources S.A, la société qui exploite la mine de fer de Grand Zambi, par Akom 2, dans la région du Sud, 500 000 m³ de minerai brut sont déjà stockés sur place, en attente d’exportation.

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C’est une nouvelle peu rassurante pour les aciéries installées au Cameroun : le fer issu du site d’exploitation de la mine de Grand Zambi, par Akom 2, dans la région du Sud, exploitée par G-Stones Resources S.A, qui dispose d’un permis d’exploitation de 14 ans sur une superficie de 47 km2, est destiné à l’exportation. Les premières exportations de ces minéraux de fer sont même déjà prévues pour le mois de juin 2025. Selon nos confrères d’ « Investir au Cameroun », 500 000 m³ de minerai brut sont déjà stockés sur place, et la première expédition de concentré de fer devrait être effectuée dans six mois, via le port de Kribi. Des informations données par la direction du projet, au cours d’une visite, le 17 janvier 2025, d’une délégation de la direction générale du Port autonome de Kribi (PAK) sur le site d’exploitation minière de Grand Zambi.

Lire notre série : Secteur de la transformation du fer au Cameroun, embellie et défis

Et, le port de Kribi, même s’il ne dispose pour l’heure pas d’un terminal minéralier, semble prêt pour ces opérations d’exportation. Le directeur général du Port autonome de Kribi (PAK), apprend-t-on, a assuré que le terminal polyvalent est prêt à recevoir ces premières cargaisons de minerais. Et, les deux parties se sont entendues sur un partenariat pour le chargement de 3 à 4 bateaux par mois.

L’inquiétude des aciéries locales

Des nouvelles qui ne sont pas du goût des aciéries locales. Lesquelles qui fondaient beaucoup d’espoir sur la mise en exploitation des gisements de fer du pays pour s’assurer de la disponibilité de la matière première, le minerai de fer, et partant la viabilité de ce secteur. Car, comme il est rappelé dans une étude initiée par l’OCITA (Organisation camerounaise de industries de transformation de l’acier), sur « la Viabilité et compétitivité du secteur de la transformation de l’acier au Cameroun », le pays

dispose de ressources minières, notamment le minerai de fer, matière première dont est issu l’acier. L’exploitation locale de ces ressources pourrait permettre aux industries de transformation de l’acier de stopper leur dépendance aux importations de billettes et de développer leur méthode de production, ce qui modifiera la chaine de valeur des aciéries locales et contribuera directement à l’amélioration de la balance commerciale.

Alors, ces aciéries se demandent aujourd’hui pourquoi favoriser l’exportation du minerai de fer produit localement, alors qu’il y a de sérieux problèmes de la disponibilité et de la constance de la matière première dans ce secteur. Car, avec une capacité de production annuelle totale des industries sidérurgiques locales de 627 000 tonnes en 2023, les quantités de ferrailles actuellement disponibles seraient de 150 000 tonnes à 450 000 tonnes, selon l’OCITA. Mais

Les industries de l’acier camerounaises ne dépendent pas du minerai de fer local, mais importent principalement des matières premières telles que les billettes et autres additifs. Ils n’obtiennent que des déchets ferreux à faible quantité du marché local. Cependant, la disponibilité de la ferraille sur le marché local ne suffit pas. Par conséquent, la plupart des industries utilisent des matières premières importées pour produire différents produits ferreux. De plus, il y a un gros souci avec la mauvaise qualité de la ferraille (qui est très souvent de grade inférieur à 50) utilisée par les industriels transformateurs,

constate l’étude de l’OCITA.

Et même, la part de la ferraille dans la production d’acier n’a cessé de baisser, passant de 57 % en 2020 à 40 % au premier semestre 2023.

Des difficultés à importer la matière première

Comme le précise l’étude de l’OCITA, « Importer de la ferraille des pays voisins est aujourd’hui difficile car certains pays comme la Tanzanie, le Kenya et l’Ouganda ont interdit l’exportation de ferraille. En plus de cela, l’interdiction d’importation de déchets ferreux et l’exportation illégale de ferraille locale aggravent la situation».

Pour assurer donc la viabilité des industries de ce secteur, dont la capacité de production de fer à béton était estimée à 627 000 de tonnes en 2023 pour une demande de 180 000 tonnes. Avec 100% du fer à béton et plus de 90% des produits aciers produits localement grâce aux unités performantes et technologies modernes, alors que 80% des produits ferreux étaient importés il y a 10 ans. Il est urgent qu’en lieu et place de l’exportation du minerai de fer au Cameroun, que des dispositions soient prises pour garantir en priorité, la disponibilité de cette matière première aux industries locales. 

Pour en savoir plus...

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