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Minéraux rares: face à la volatilité des prix, le Niger limite sa dépendance à l’uranium

Dans son ambition de diversification de son économie, le Niger se tourne désormais vers l’exploitation de ressources minérales stratégiques, notamment le cuivre et le lithium. Ces métaux, essentiels à la transition énergétique mondiale, représentent une opportunité majeure pour le pays de renforcer ses revenus et de stimuler son développement économique.

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L’exploitation du cuivre et du lithium au Niger représente une opportunité majeure pour diversifier l’économie, attirer des investissements et stimuler la croissance du PIB. « Cette décision inscrit le Niger dans le cadre restreint des nations productrices de cuivre », a annoncé le gouvernement dans un communiqué officiel, le 23 février 2025. Le Niger dispose d’un sous-sol riche en ressources minérales, bien que largement sous-exploité. Outre l’uranium, qui représente environ 5% du PIB du pays, selon la Banque mondiale, le Niger possède des gisements significatifs de cuivre ; de lithium ; d’or ; de pétrole et de charbon. Les réserves de cuivre, estimées à plusieurs millions de tonnes, se concentrent principalement dans la région de l’Aïr, tandis que des gisements de lithium ont été identifiés dans le bassin de Taoudeni. Ces ressources, longtemps négligées, suscitent aujourd’hui un intérêt croissant, notamment en raison de leur importance stratégique dans la transition énergétique mondiale.

Selon le rapport ITIE publié en fin juin 2024, le secteur minier a rapporté 45,69 milliards FCFA (75,38 millions $) au Trésor public du Niger en 2021, soit une hausse de 66% en glissement annuel. Le cuivre, métal essentiel pour les industries électriques et électroniques, et le lithium, indispensable à la fabrication des batteries pour véhicules électriques, sont des ressources hautement convoitées.

Selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE, 2023), la demande mondiale de cuivre devrait augmenter de 40% d’ici 2030, tandis que celle de lithium pourrait être multipliée par cinq. Cette dynamique offre au Niger, une opportunité unique de se positionner comme un acteur clé dans la chaîne d’approvisionnement mondiale de ces métaux stratégiques.

Diversification économique : une nécessité impérieuse

Le Niger dépend fortement de l’uranium, qui représente environ 70% de ses exportations, selon un rapport publié par la Banque mondiale en 2022. Cette dépendance expose le pays aux fluctuations des prix internationaux, comme en 2011, lorsque la chute des prix de l’uranium a entraîné une contraction de l’économie nigérienne. L’exploitation du cuivre et du lithium permet de réduire cette vulnérabilité en diversifiant les sources de revenus. En investissant dans ces ressources, le Niger cherche à créer une économie plus résiliente et moins dépendante d’un seul secteur.

La transition vers les énergies renouvelables et les véhicules électriques a accru la demande en métaux stratégiques. Le Niger, en exploitant ses ressources en cuivre et en lithium, peut se positionner comme un acteur clé dans cette chaîne d’approvisionnement mondiale. Par exemple, le lithium est un composant essentiel des batteries lithium-ion, dont la demande explose avec l’essor des véhicules électriques. En capitalisant sur ces ressources, le Niger peut non seulement répondre à la demande mondiale, mais aussi attirer des investissements étrangers pour moderniser ses infrastructures minières.

Par ailleurs, le gouvernement nigérien cherche à attirer des investissements étrangers pour développer son secteur minier. En 2022, le Niger a signé des accords avec des entreprises chinoises et canadiennes pour l’exploration et l’exploitation de gisements de cuivre et de lithium. Ces partenariats visent à moderniser les infrastructures minières et à créer des emplois locaux. Selon le ministère des Mines, ces accords ont déjà permis d’attirer plus de 500 millions de dollars d’investissements en 2022.

En effet, c’est la Compagnie Minière de l’Aïr (COMINAIR SA), contrôlée à 25 % par Niamey, qui a obtenu le permis d’extraction industrielle du cuivre à Tabelot et à Dabaga, des communes de la région d’Agadez (Nord), a indiqué le gouvernement dans le communiqué du Conseil des ministres, consulté par l’AFP. La production envisagée est de 2 700 tonnes de cuivre par an, sur une durée de dix ans, et devrait générer 300 emplois directs. La redevance minière devrait rapporter 4 milliards de F CFA (6 millions d’euros) à l’État.

Importance de capitaliser sur le secteur minier

Le manque d’infrastructures de transport et d’énergie constitue un frein majeur à l’exploitation minière. Pour y remédier, le gouvernement a lancé des projets de construction de routes et de lignes électriques dans les régions minières. Par exemple, le projet de centrale solaire de 50 MW à Agadez vise à fournir une énergie fiable pour les opérations minières. Ces investissements sont essentiels pour permettre au Niger de maximiser le potentiel de ses ressources minérales.

Le Niger investit dans la formation de sa main-d’œuvre pour répondre aux besoins du secteur minier. Des centres de formation professionnelle ont été créés en partenariat avec des entreprises minières pour former des techniciens et des ingénieurs locaux. Cette initiative vise à garantir que les Nigériens bénéficient directement des opportunités créées par l’exploitation minière.

Le secteur minier représente un fort impact sur le PIB du pays. Avec l’exploitation du cuivre et du lithium, cette contribution pourrait augmenter significativement. Selon les estimations du gouvernement, le secteur minier pourrait atteindre 15% du PIB, cette année 2025. Cette croissance est essentielle pour soutenir le développement économique du pays et réduire la pauvreté. L’exploitation minière génère des emplois directs et indirects, essentiels dans un pays où le taux de chômage dépasse 5%, selon un rapport publié en 2022 par l’Organisation Internationale du Travail. Le projet de cuivre de l’Aïr, par exemple, devrait créer plus de 1 000 emplois directs. Ces emplois sont cruciaux pour améliorer les conditions de vie des populations locales et réduire les inégalités sociales.

Il faut également noter que les revenus miniers permettent à l’État de financer des projets de développement dans les domaines de l’éducation, de la santé et des infrastructures. En 2024, les recettes minières ont contribué à hauteur de 331 millions de dollars (200 milliards de FCFA) au budget national, a rapporté Actu Niger. Ces ressources sont essentielles pour soutenir les investissements publics et stimuler la croissance économique.

Les experts estiment que, l’exploitation minière pose des défis environnementaux, notamment la gestion des déchets et la pollution de l’eau. Pour ce fait, le gouvernement doit mettre en place des régulations strictes pour minimiser ces impacts. La protection de l’environnement est essentielle pour garantir que l’exploitation minière profite à long terme à la population. Les communautés locales craignent souvent d’être exclues des bénéfices de l’exploitation minière. Il est essentiel de garantir une répartition équitable des revenus et de promouvoir le développement local. Une gestion inclusive des ressources minières est cruciale pour prévenir les conflits sociaux et garantir la stabilité du pays.

Avec ces nouvelles orientations, le Niger se positionne comme un acteur clé dans la chaîne d’approvisionnement en minéraux stratégiques en Afrique de l’Ouest. Mais les défis restent nombreux : sécurisation des sites miniers, transparence des contrats et montée en compétence des opérateurs locaux. L’exploitation minière n’est plus seulement une source de revenus, mais un levier stratégique pour renforcer la souveraineté économique du pays. Un pari audacieux qui pourrait redessiner le paysage économique nigérien dans les années à venir.

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