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Afrique : des opportunités d’investissement à saisir dans le marché des sardines en conserve

Le marché des sardines en conserve en Afrique connaît une dynamique nouvelle. Porté par l’urbanisation et l’évolution des habitudes alimentaires, le secteur attire de plus en plus d’investisseurs.

6 Min Lecture

En 2023, près de 65% des boîtes de sardines consommées en Afrique subsaharienne étaient importées, principalement du Maroc et d’Europe, selon les données de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Un paradoxe pour un continent bordé par des eaux parmi les plus poissonneuses au monde. Selon une étude récente du cabinet Africa Food Markets, le marché africain des sardines en conserve a progressé de 7,2% par an entre 2019 et 2023, pour atteindre 1,3 milliard de dollars.

Cette croissance est principalement portée par l’explosion démographique et l’urbanisation rapide. D’après les données de la Banque mondiale, les citadins africains, qui représentaient 43% de la population en 2020, devraient en constituer 50%, d’ici 2030. Or, ces populations recherchent des produits alimentaires pratiques, nutritifs et abordables. Le Nigeria, l’Égypte et l’Afrique du Sud dominent la consommation continentale.

Selon le rapport FishStat de la FAO, le Nigeria absorbe à lui seul près de 25% des volumes importés, avec une consommation estimée à 150 000 tonnes par an. L’Égypte suit avec environ 90 000 tonnes, tandis que l’Afrique du Sud en consomme près de 60 000 tonnes annuellement. Si la demande explose, l’offre locale reste insuffisante. Le Maroc, leader incontesté des exportations vers l’Afrique subsaharienne, a produit plus de 400 000 tonnes de sardines en conserve en 2023, selon l’Office national des pêches marocain.

Les groupes Copêche et Maropesque, qui représentent près de 70% de la production nationale, ont exporté pour plus de 600 millions de dollars de conserves vers l’Afrique subsaharienne, d’après les chiffres du ministère marocain de l’Agriculture. Quelques pays africains tentent toutefois de rattraper leur retard.

En Côte d’Ivoire, la Société ivoirienne de thon et de sardines (SITRAS) a produit 28 000 tonnes en 2023, générant un chiffre d’affaires de 45 millions de dollars, selon le ministère ivoirien de l’Industrie. Au Sénégal, l’usine de la société Sendou, soutenue par des investisseurs saoudiens, a atteint une capacité de 20 000 tonnes en 2024, avec des exportations évaluées à 32 millions de dollars. 

Des opportunités d’investissement colossales

Malgré ces progrès, le manque d’infrastructures modernes freine le développement du secteur. Une étude de la Banque africaine de développement (BAD, 2023) révèle que seulement 15% des ports de pêche africains disposent de chaînes de froid fonctionnelles. Résultat : près de 30% des prises de sardines périssent avant transformation, ce qui représente une perte annuelle estimée à 200 millions de dollars. 

Depuis le début de l’année 2025, le secteur des conserves de sardines fait face à une baisse notable de l’approvisionnement, en raison d’un recul important des captures au large du Maroc, principal exportateur mondial. Des importateurs britanniques rapportent une réduction significative des volumes disponibles, rendant les livraisons presque inexistantes. Cette situation fragilise l’approvisionnement des marchés dépendants, notamment au Royaume-Uni.

Cette baisse est attribuée à une combinaison de facteurs : surpêche exercée par des flottilles locales et étrangères, et perturbations environnementales affectant les courants marins et le plancton, essentiel à la survie des sardines. Plusieurs bateaux reviennent sans prises, poussant les autorités marocaines à engager des discussions avec les acteurs du secteur.

En 2024, les débarquements dans les ports du Sud du Maroc ont chuté de 60% par rapport à l’année précédente. Les conditions météorologiques peu favorables au début de l’année compliquent les perspectives pour 2025. Les entreprises importatrices multiplient les commandes anticipées, mais les conserveries marocaines, confrontées à une surcharge de demandes, limitent leurs engagements. Cette tension sur l’offre entraîne une hausse des prix.

Au Royaume-Uni, certaines références de sardines en conserve se raréfient. Malgré la reprise de la pêche après la période de repos biologique, les captures demeurent insuffisantes. Des données préliminaires suggèrent un déplacement des bancs de sardines vers des zones moins accessibles aux petits navires. Le secteur est confronté à une limitation croissante des ressources, alors que la demande mondiale reste soutenue.

Pourquoi prendre le risque ?

Pour combler ce déficit, la BAD estime que l’Afrique aurait besoin d’investir au moins 500 millions de dollars, d’ici 2028 dans la modernisation des ports, des usines de transformation et des réseaux de distribution. Les opportunités sont particulièrement prometteuses en Afrique de l’Ouest, où le Ghana et le Sénégal ont lancé des programmes incitatifs pour attirer les investisseurs privés. 

Au Ghana, le gouvernement a alloué 50 millions de dollars en 2023 pour soutenir les pêcheurs artisanaux et améliorer l’approvisionnement des usines locales. Résultat : la production de conserves a bondi de 18% en un an, atteignant 12 000 tonnes, selon l’Autorité ghanéenne des pêches. Selon le cabinet Mordor Intelligence, le marché africain des sardines en conserve pourrait atteindre 2,1 milliards de dollars, d’ici 2028, avec une croissance annuelle moyenne de 8,5%. D’autres analyses, comme celle de McKinsey, prévoient même un doublement de la demande, d’ici 2030 si les investissements dans la transformation locale s’accélèrent. 

Alors que l’Afrique a encore des besoins de sardines en conserve chaque année, la question n’est plus de savoir si le marché va croître, mais qui en tirera vraiment profit : les géants étrangers… ou les industriels locaux ? Avec des mers parmi les plus poissonneuses du monde, le continent a les cartes en mains.

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