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Souveraineté économique du Gabon : 4 axes clés à retenir du conseil des ministres

Moins d'une semaine après le tout premier Conseil des ministres du premier gouvernement de la Ve République du Gabon, un Conseil des ministres s’est réuni ce mercredi 4 juin 2025 à Libreville sous le signe de la consolidation de la souveraineté économique du Gabon.

7 Min Lecture
Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la République du Gabon

Le Conseil qui s’est tenu au Palais de la présidence de la République était présidé par le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema. D’après le président , les indicateurs macroéconomiques actuellement utilisés par les institutions internationales pour noter le Gabon, ne reflètent pas la réalité des actifs stratégiques dont dispose le pays. Les ressources forestières, les crédits carbones, les richesses halieutiques ou encore le potentiel minier sont autant de leviers de valeur non comptabilisés ou faiblement intégrés dans les modèles actuels.

Adapter les indicateurs du PIB  

Pour remédier à cette distorsion, le président de la République a instruit le Gouvernement de conduire des travaux avec les partenaires techniques pour réviser en profondeur les agrégats économiques nationaux. L’objectif de cette réforme est de refléter la valeur réelle des actifs du pays. Cette redéfinition des paramètres économiques ne répond pas à une simple exigence technique. Elle s’inscrit dans une logique de positionnement stratégique du Gabon sur la scène internationale, indique le communiqué final du Conseil. Une telle réforme

Permettra de renforcer la crédibilité financière du pays

a souligné le président Brice Clotaire Oligui Nguema

Et surtout de mieux positionner le pays dans les négociations et partenariats économiques internationaux.

Création de cinq fonds stratégiques

Lors du premier Conseil des ministres du premier gouvernement de la Ve République du Gabon tenu le 31 mai 2025, le chef de l’Etat avait décidé de la création de Fonds stratégiques, pour soutenir les secteurs clés de l’économie. Le Gouvernement a rapidement introduit les projets de loi y relatifs. Le Conseil du 04 juin a donc créé cinq Fonds stratégiques visant les secteurs de l’agriculture ; pêche et aquaculture ; énergie et eau ; habitat ; et infrastructures. Ces instruments ont vocation à être des leviers d’action publique pour structurer l’économie réelle, impulser la création d’emplois, renforcer notre souveraineté productive et accélérer l’investissement et le développement.

Chaque Fonds devra faire la preuve de son efficacité. Sa gouvernance doit obéir aux principes d’exemplarité, de transparence et de redevabilité. Son action sera évaluée à l’aune de son impact tangible sur les territoires, les filières et les populations

indique le Gouvernement.

Revue de l’accord de partenariat de pêche durable avec l’UE

La question de la valorisation des ressources halieutiques était aussi à l’ordre du jour. L’Accord de Partenariat de Pêche Durable (APPD) signé avec l’Union européenne en 2007, renouvelé à plusieurs reprises, et actuellement en vigueur depuis 2021 pour une durée de six ans présente moult limites structurelles. Pour les autorités gabonaises, ce dernier présente de multiples déséquilibres, tant les retombées économiques pour l’État gabonais restent largement insuffisantes, au regard de la richesse extraite de ses eaux territoriales par les flottes européennes.

L’État gabonais n’a pas fait mention des données chiffrées pouvant appuyer sa décision. D’après la Direction générale des Pêche et de l’Aquaculture, la production halieutique évolue en dents de scie au Gabon. De 38 091,40 tonnes en 2007, elle a replié à 33 079,9 tonnes en 2010 pour chuter à 28 000 tonnes en 2022. Par conséquent, les revenus issus de l’exportation des poissons et autres produits de pêches demeurent minimes.

Pour Direction générale des douanes et des droits indirects (DGDDI), la valeur des exportations va également décroissante. Celle-ci s’est établie à 1 milliard de Fcfa en 2021 après 2, 43 millions USD, soit 1,4 milliard de Fcfa en 2020 et 4,54 millions USD (2,6 milliards de Fcfa) en 2017. Pourtant le Gabon avec un littoral maritime long de plus de 800 km et une façade maritime estimée à 213 000 km² dispose des potentialités capturables de près de 842 000 tonnes toutes espèces confondues.

Le chef de l’État gabonais a donc instruit le Gouvernement de mettre en œuvre la procédure de dénonciation unilatérale de l’accord, par voie de notification écrite adressée à la Commission européenne.

Cette dénonciation doit ouvrir la voie à une possible renégociation sur des bases équilibrées ou à l’exploration de nouveaux partenariats plus alignés sur les priorités nationales, notamment la mise en place de prérequis essentiels, pour lesquels le Gouvernement est appelé à s’impliquer pleinement, comme la réalisation des infrastructures indispensables au développement de cette filière : zones de débarquement modernes, entrepôts frigorifiques, unités de transformation industrielle, chantiers navals, etc.

peut-on lire sur le communiqué final du Conseil des ministres tenu le 04 juin 2025 à Libreville.

Le pays entend aussi orienter sa politique halieutique vers la structuration d’une véritable filière thonière nationale avec le concours de partenaires privés solides, qui sont d’ores et déjà vivement sollicités.

Recours aux banques internationales pour piloter la stratégie économique

Une autre mesure aussi importante du Conseil, c’est la désignation de deux banques d’affaires, notamment Rothschild & Cie et Algest en tant que conseils stratégiques et financiers de l’État. Une décision visant à structurer et optimiser la stratégie d’endettement du pays. Dans un contexte post-transition politique, marqué par des défis budgétaires persistants et une dette estimée à plus de 12 189 millions USD, soit 7 000 milliards Fcfa (près de 80% du PIB en 2025), Libreville cherche à sécuriser de nouveaux financements tout en restaurant sa crédibilité financière.

Ainsi, ces deux institutions auront pour mission d’accompagner les autorités gabonaises dans la définition et la mise en œuvre de sa stratégie économique et financière, la mobilisation des ressources nécessaires au financement du Programme national de croissance. Et aussi, les négociations avec les bailleurs internationaux, ainsi que dans la coordination des actions liées à la relance économique. « Leur mission s’effectuera en lien étroit avec les équipes techniques de l’État, avec un reporting régulier destiné à éclairer la prise de décision gouvernementale », a communiqué le gouvernement gabonais au terme du Conseil.

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