Au cours de la campagne 2016-2017, le continent noir a pu capter l’équivalent de 6% du chiffre d’affaires réalisé par l’industrie chocolatière mondiale. Ce qui demeure très marginal, au regard du boulevard d’opportunités qu’offre encore la transformation dans cette partie du monde.
En effet, selon divers experts, la montée en puissance de la transformation des fèves en Afrique, et par les Africains, est non seulement la voie royale pour échapper au diktat des cours mondiaux, mais aussi un moyen de grappiller une part plus importante des bénéfices réalisés par les chocolatiers (3,5 milliards de dollars pour la campagne 2016-2017).
Le marché du chocolat est détenu par une poignée de multinationales, selon les parts de marché du chocolat dans le monde en 2017, source : Public Eye, 2017. Six groupes se partagent 40% du marché. Le secteur de transformation et du commerce du cacao est également très concentré. 65 de la production mondiale est achetée par trois groupes seulement. Les grandes multinationales sont ainsi en mesure de dicter les prix.
En outre, la transformation locale permettra aux Africains de booster la consommation du chocolat sur place. Ainsi, le continent pourra rogner sur les 15 milliards de dollars empochés par les gouvernements des pays consommateurs de chocolat au titre de la TVA, pendant la campagne 2016-2017 (ICCO).
Cependant, à l’analyse, afin de conquérir le marché encore en friche de la transformation du cacao en Afrique, un défi majeur s’impose aux équipementiers : adapter les équipements au pouvoir d’achat encore faible des Africains, de manière à permettre la multiplication de petites unités de transformation, au détriment de gigantesques usines très coûteuses.
Ainsi, le producteur de Gagnoa, en Côte d’Ivoire, pourrait utiliser les trois Kg de fèves qui lui auraient procuré 2500 FCFA de revenus nets, pour produire un litre de beurre de cacao vendu à 15 voire 20 000FCFA dans un supermarché d’Abidjan. Cette augmentation subséquente des revenus des producteurs sera encore plus consistante si des investisseurs s’intéressaient à d’autres composantes de la cabosse de cacao, en dehors de la fève.
En effet, selon des études agronomiques, les déchets de cabosses sont transformables en fertilisants, ou sont utilisés pour produire du biogaz ou de la biomasse, qui fait encore grandement défaut au mix-énergétique en Afrique.