Selon la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, le volume de production de riz paddy en Afrique est passé de 32,9 millions de tonnes à 37,9 millions de tonnes entre 2017 et 2020. Les pays ayant le plus grand volume de production étant le Nigeria (8 172 000 tonnes), l’Egypte (4 895 507 tonnes) et la Tanzanie (4 528 000 tonnes).
S’il est vrai que la production africaine de cette céréale a connu un bond considérable, il n’en demeure pas moins vrai que la demande en termes de consommation est plus forte encore. En Afrique au Sud du Sahara par exemple, le riz représente la deuxième céréale la plus consommée après le maïs, surtout à Madagascar et en Afrique de l’Ouest. Cette région à elle seule, indique Africa Rice, centre de recherche basé à Abidjan pour stimuler la filière, consomme par an plus de 30 millions de tonnes de riz.
D’ailleurs, l’Agence Ecofin, dans un article intitulé « Comprendre le marché rizicole en Afrique subsaharienne en 09 points clés », daté du 02 octobre 2020, estime par exemple que les citadins absorbent plus de 75% du total du riz consommé au Ghana. Ce qui renseigne sur une consommation à caractère urbain. D’après les perspectives agricoles 2019-2028 de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) et de la FAO, le volume consommé par habitant en Afrique devrait augmenter de 5kg d’ici 2028. En atteignant 30,7 kg, ce niveau devrait lui permettre de dépasser l’Amérique latine et les Caraïbes pour se placer juste derrière la zone Asie et Pacifique en matière de consommation.
Des chiffres qui démontrent l’insuffisance de la production africaine de riz, loin de couvrir une consommation grandissante du fait de la croissance démographique, du changement de préférence de consommation et de l’urbanisation. D’où le choix facile porté sur les importations afin de combler le déficit. A ce sujet, toujours à en croire Africa Rice, l’Afrique représente 32% des importations de riz pour 13% seulement de la population mondiale. Car la production locale ne couvre qu’environ 60% de la demande actuelle.
Dans sa note sur le marché du riz de juillet 2020, l’Observatoire des statistiques internationales sur le riz (Osiriz) indiquait que les importations de riz pourraient plafonner à 16 millions de tonnes en Afrique subsaharienne en 2020. Un niveau record porté par le Nigéria avec 2,5 millions de tonnes, la Côte-d’Ivoire 1,9 million de tonnes et le Sénégal 1,5 million de tonnes. Pour l’année 2022, les importations étaient estimées à 19,4 millions de tonnes.
En terme de devises qui s’évaporent du continent au profit des grands producteurs tels que la Chine, l’Inde ou encore la Thaïlande, c’est pas moins de 7 milliards de dollars, souligne le journal Le Monde (l’Egypte étant le seul pays à être autosuffisant).
Potentialités
Pourtant, le continent africain dispose d’énormes potentialités telles que des vastes terres arables, un climat favorable, une pluviométrie abondante, etc. Toute chose qui permettrait à la première région importatrice du riz sur le plan mondial de ne plus dépendre des importations et par ricochet de bénéficier de la plus value qu’offre la production locale.
Des niches d’opportunités s’offrent donc aux investisseurs africains avec le développement de la riziculture locale qui permettra de capter pas moins de 7 milliards de dollars qui sortent chaque année du continent. Pour cela, les pouvoirs publics et leurs partenaires financiers et techniques doivent davantage communiquer sur les opportunités qu’offre la culture du riz en Afrique. Il est question d’inciter davantage les investisseurs à cette culture afin de combler une demande qui va croissante.
A ces actions qui contribuent à lutter contre le chômage, la pauvreté et l’insécurité alimentaire, il faut ajouter le développement de la recherche. Une niche d’opportunités à l’instar de ce qui est fait par Africa Rice, qui a déjà développé plusieurs variétés améliorées de riz dont la plus connue est le Nerica (nouveau riz pour l’Afrique). Ce dernier couvre une superficie cultivée de 1,7 million d’hectares et a permis de sortir 8 millions de personnes de la pauvreté dans 16 pays africains. Enfin il est question de ne pas abandonner les petits riziculteurs en leur octroyant par exemple des subventions, des semences améliorées et des intrants. Car à en croire Africa Rice, la riziculture est la principale activité source de revenus de plus de 35 millions de personnes dans près de 40 sur les 54 pays du continent.