Les cinq accords signés concernent des domaines clés : la gouvernance et la résilience économique (600 millions USD), le développement des transports et de la connectivité (440,2 millions USD), la transformation numérique (400 millions USD), la résilience face aux inondations urbaines (200 millions USD), et le développement d’Inga III (250 millions USD). Ce panel d’investissements traduit la volonté d’adosser la croissance économique à une amélioration tangible des infrastructures et des services publics, tout en jetant les bases d’un développement énergétique durable.
Ce plan s’inscrit également dans la mise en œuvre du Programme d’Actions du gouvernement Suminwa, avec une attention particulière aux piliers 1 et 5 : la création d’emplois et la protection du pouvoir d’achat, ainsi que l’amélioration de l’efficacité des services publics. Dans un contexte où seulement 21 % des Congolais ont accès à l’électricité, où les infrastructures routières sont insuffisantes et l’administration fragilisée, ces financements ciblés répondent à des besoins cruciaux.
Le projet Inga III se distingue par son ampleur et son ambition. Situé sur le fleuve Congo, ce barrage hydroélectrique, avec une capacité estimée entre 4 800 et 11 000 MW, a le potentiel d’alimenter non seulement la RDC mais aussi plusieurs pays de la région. Cette production énergétique renouvelable est une réponse directe au déficit énergétique majeur que connaît la RDC : seulement 21 % de la population a accès à l’électricité.
La première phase du programme vise à améliorer les conditions de vie d’environ 1,2 million d’habitants dans le Kongo Central, par des investissements ciblés dans l’accès à l’eau potable, l’électricité, la santé, l’éducation et les infrastructures routières. Ces interventions locales sont essentielles, car elles garantissent que le projet bénéficie directement aux populations vivant à proximité, réduisant ainsi les risques sociaux liés aux grands chantiers.
Les consultations menées auprès des communautés ont permis d’identifier des priorités précises : réhabilitation des routes rurales, construction de marchés modernes, accès à des points d’eau potable, installation d’électricité stable. Ces besoins, exprimés par les chefs coutumiers, administrateurs territoriaux et membres de la société civile, témoignent d’une demande forte et légitime pour des infrastructures de base, sans lesquelles la croissance économique locale resterait limitée.
Le volet formation et développement des compétences n’est pas en reste : former les ingénieurs et techniciens congolais pour la construction et la gestion du barrage est une condition sine qua non pour assurer la pérennité du projet et créer un cercle vertueux d’emploi et de transfert de savoir-faire d’après la Banque mondiale.
Gouvernance et résilience économique
L’appui budgétaire de 600 millions USD, principal volet financier des accords, traduit la confiance renouvelée de la Banque mondiale dans la politique économique et sociale du gouvernement Suminwa. Ce financement est accordé en reconnaissance des efforts de lutte contre la corruption, d’amélioration de l’administration judiciaire, et de réforme du secteur de l’énergie.
Le maintien d’un cadre macroéconomique stable, dans un environnement marqué par des défis multiples, est un impératif pour attirer davantage d’investissements et assurer la viabilité à moyen terme des projets engagés. La Banque mondiale souligne que cet appui contribue à renforcer la résilience économique de la RDC, un élément fondamental pour sécuriser la croissance et protéger le pouvoir d’achat des ménages.
D’autres secteurs prioritaires
Par ailleurs, avec une superficie équivalente à celle de l’Europe de l’Ouest, la RDC fait face à un défi colossal en matière de connectivité. Les 440,2 millions USD dédiés au développement des infrastructures de transport répondent à une urgence : désenclaver les territoires, faciliter le commerce intérieur et régional, et favoriser la mobilité des personnes et des biens. L’amélioration des routes, la réhabilitation des ponts et la modernisation des réseaux logistiques auront un impact direct sur les filières agricoles, minières et commerciales, permettant d’optimiser les chaînes de valeur et d’augmenter les revenus des producteurs locaux. Cette modernisation vise également à renforcer l’intégration régionale, en facilitant les échanges avec les pays voisins, notamment dans le cadre des zones de libre-échange continentales.
Les 200 millions USD consacrés à la résilience contre les inondations urbaines ciblent un enjeu vital pour Kinshasa et d’autres centres urbains confrontés aux risques climatiques. Ces investissements permettront d’améliorer les infrastructures hydrauliques, d’aménager des systèmes de drainage performants et de réduire l’impact des crues sur les populations vulnérables. Ils contribuent ainsi à sécuriser le tissu économique et social des villes, en limitant les pertes humaines, matérielles et financières dues aux catastrophes naturelles, tout en participant à la construction de villes durables.
Malgré ces avancées, le projet Inga III et les autres initiatives restent confrontés à des défis majeurs : lourdeur administrative, risques politiques, et surtout la nécessité d’un financement massif à long terme. Le retrait récent du partenaire chinois Three Gorges Corporation illustre les incertitudes persistantes. Pourtant, la Banque mondiale, avec ses partenaires africains, renouvelle son engagement et apporte une crédibilité cruciale.
