Le constat est clair. La quasi-totalité des économies africaines souffrent des effets néfastes des changements climatiques. Dans le souci d’apporter une réponse à cet épineux problème, la Banque africaine de développement (BAD) entend désormais, en dehors de son traditionnel soutien aux pays du continent, promouvoir une croissance résiliente verte et durable.
Raison pour laquelle, l’institution africaine de financement du développement a lancé en novembre 2022 l’initiative dite de la « Banque verte africaine ». Ceci, indique une publication de la BAD datée du 15 mai 2023, « en soutien à la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national (CDN) des pays africains qui restent confrontés à d’importants défis pour le financement de leur transitions climatiques ».
Et pourtant,
les besoins d’investissement résultant des contributions déterminées au niveau national, remarque la banque, sont estimés à 2800 milliards de dollars américains d’ici 2030, les fonds investis sur le continent quant à eux ne représentent qu’une infime part des flux mondiaux de financements verts, et la part couverte par le secteur privé reste limitée.
À en croire la Bad, l’initiative de la Banque verte africaine a donc été conçue dans le cadre des mesures visant à faciliter l’accès au financement mondial, qui passerait de 3% actuellement à 10% par an d’ici à 2030. Elle a été lancée suite à une évaluation menée par la Bad et les fonds d’investissement climatiques dans six pays africains à savoir : le Bénin ; le Ghana ; le Mozambique ; la Tunisie ; l’Ouganda et la Zambie.
Pour un départ, ajoute la banque, c’est la Caisse des dépôts et consignations du Bénin (Cdc Bénin), et la Banque nationale d’Investissement en Côte-d’Ivoire qui sont les premières institutions publiques africaines à bénéficier des facilités de financements qu’offre la « Banque verte africaine ». « Environ 1,6 millions de dollars avaient déjà été mobilisés pour la création des deux premières facilités », a indiqué la coordinatrice de l’initiative, Audrey-Cynthia Yamadjako.
Novatrice, cette initiative fait la part belle au secteur privé. Sur ce point, la BAD indique que l’évaluation a révélé que les banques vertes ont un potentiel important pour attirer de nouvelles sources de fonds catalytiques lorsqu’elles soutiennent un développement à faible émission de carbone et résilient aux changements climatiques par le biais de capitaux mixtes et de la mobilisation d’investissement privés locaux pour des investissements verts en Afrique.
L’initiative de la banque verte africaine est un outil puissant pour réduire les coûts de financement et mobiliser les investissements du secteur privé dans l’action climatique en Afrique,
a déclaré le vice-président de la bad, chargé de l’énergie, de l’électricité, du climat et de la croissance verte, Kevin Kariuki. Et selon Salemon Quaynor, vice-président de la BAD, chargé du secteur privé, de l’infrastructure et de l’Industrialisation :
cette assistance technique renforcera la gouvernance climatique des institutions financières locales, l’organisation et le suivi des projets verts. Ce qui est donc essentiel pour attirer les capitaux privés en renforçant la confiance des investisseurs sur le long terme ».
Pour rappel, les Fonds d’investissement climatiques, un important mécanisme mondial de financement de la lutte contre les changements climatiques, Action climatique en Afrique du Canada, le Green Bank Network et la Société européenne de gestion d’actifs (Amundi) soutiennent l’initiative.