Le rotin, le bambou rentrent dans la fabrication des meubles, d’objets d’art pour la décoration et génèrent des emplois et d’importants revenus. L’industrie du bambou et du rotin a réalisé en 2018, plus de 60 milliards de dollars de chiffre d’affaires à travers le monde.
Avec sa poussée très rapide, le bambou peut atteindre sa maturité en trois ou quatre années, ce qui le rend très compétitif par rapport au bois, dont la coupe anarchique a un impact considérable sur l’environnement. Le développement de la filière induit ainsi des opportunités infinies.
Par exemple, le Cameroun seul a importé des cure-dents (un produit dérivé du bambou) à hauteur 8,2 millions de dollars US soit environ 5 milliards de FCFA par an entre 2018 et 2020.
La dégradation de l’environnement interpelle aujourd’hui des États qui s’y attèlent pour lutter contre ce fléau. Parmi ces facteurs qui détruisent notre environnement, la destruction abusive des écosystèmes forestiers, notamment en Afrique ou l’exploitation est souvent peu contrôlée.
De ce fait, la destruction et la disparition de notre écosystème forestier entraine des changements climatiques qui sont traduits soit par des canicules extrêmes qui assèchent les sols en les rendant inutilisables pour l’agriculture et favorables au développement des maladies, soit par des inondations liées à de fortes précipitations qui causent d’importants dégâts matériels.
C’est dans l’optique de préserver nos forêts et de limiter la coupe sauvage ou désordonnée de bois, que l’Organisation internationale pour le bambou et le rotin (Inbar), dans sa représentation bureau Afrique centrale, a pour objectif de promouvoir l’industrie du bambou et du rotin.
L’idée ici étant de réduire l’action de l’homme sur les forêts, notamment sur celle du bassin du Congo, qui représente le deuxième massif forestier au monde après l’Amazonie.
Ces deux produits non ligneux (Bambou et rotin) pourraient palier au déficit en bois sur le continent africain, puisque leur utilisation rentre dans la fabrication des meubles, d’objets d’art pour la décoration etc. sans oublier ces emplois dérivés de ce secteur d’activités et qui génèrent d’importants revenus.
60 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2018
L’industrie du bambou et du rotin a réalisé en 2018, plus de 60 milliards de dollars de chiffre d’affaires à travers le monde à en croire le confrère afrik21.africa qui cite l’International Bamboo and Rottan Organization (Inbar).
Cette organisation non gouvernementale fondée en 1997 par la Birmanie, le Bangladesh, le Canada, la Chine, l’Indonésie, le Népal, le Pérou, les Philippines et la Tanzanie, compte aujourd’hui plus de 46 États membres avec pour mission de promouvoir le développement du rotin et bambou à grande échelle au profit de l’environnement et des populations.
Le marché mondial du bambou est contrôlé à 50% par la Chine qui capitalise 30 milliards de dollars et 10 millions d’emplois direct pour ses populations d’après les références du journal Cameroon Business Today n°314 du 31 mai au 06 juin 2023.
Aperçu et tendances du marché du rotin
Dans le monde entier, plus de 700 millions de personnes commercialisent ou utilisent le rotin à des fins multiples selon les données tirées de l’Etude de la filière rotin, réalisée par Irié A. Zorro Bi, et Kouakou L. Kouakou, dans le district d’Abidjan au Sud de la Côte d’Ivoire.
Dans ladite étude reçue le 27 janvier 2004 puis validée le 27 avril de la même année par Biontechnol.Agron. Soc. Environ. 2004 8(3), 199-209, il ressort que , le commerce du rotin est rentable tant au niveau rural qu’urbain.
Ce qui fait de cette plante un modèle biologique de Produits forestiers non ligneux (Pfnl) pour la mise en place d’un programme de gestion communautaire de forêts villageoises dans le Sud de la Côte d’Ivoire. Ladite étude montre également que l’exploitation de 250 bottes de rotin destinée à la production des meubles simples génère un revenu global de 2830 ou 2877$ US, selon que la récolte soit effectuée par collecteurs urbains ou par des paysans.
Ainsi, cette source précise que ce revenu global à hauteur de 375 $ US( soit 13,03 %) revient aux paysans, 696$ (24,59 %) aux collecteurs urbains, 929$(32,39 %) ou 561$ (19,82 %) aux marchands grossistes et 1573$ (54,67 ou 55,58 % selon le cas) aux artisans.
Cependant de nombreuses contraintes notamment législative, institutionnelle, et logistique menacent actuellement la stabilité et l’expansion de l’industrie et de l’artisanat du rotin. À partir de l’ensemble des résultats, des suggestions sont faites tant pour une gestion et une exploitation durable que pour une meilleure organisation de la filière.
En fait, depuis les 20 dernières années, les bailleurs de fonds et les gouvernements reconnaissent de plus en plus le rôle potentiel des rotins sur le marché mondial, ainsi que la place importante qu’ils occupent parmi les Produits forestiers non Ligneux (PFNL) (Prebble, 1997 ;Johnson, 1998 ; Sastry, 2002).
La Chine est l’un des plus grands producteurs, suivie de l’Indonésie. Elle dispose de ce fait de cinq types de production de bois rotin, ce qui lui confère une grande variété de meubles d’extérieur faits en rotin. Tout comme elle, les Philippines, le Vietnam et Singapour représentent également d’autres sources importantes de meubles en rotin.
Cette forte concentration de production de bois de rotin sur l’Asie-Pacifique favorise alors les exportations des meubles authentiques à des prix moins chers vers les pays occidentaux et d’autres pays du monde. Ces exportations entrainent la croissance du marché des meubles en rotin comme le démontre le diagramme prévisionnel des tendances du marché produit par www.mordorintelligence.com
Le rotin devient de plus en plus un choix préféré par rapport au bois, car il est plus facile à récolter. Ainsi, le marché des meubles en rotin signifie que les pays d’Asie à l’instar de la Chine, l’Inde et le Japon, ou encore ceux de l’Afrique tels que le Ghana, le Nigéria et le Cameroun font la promotion du rotin.
Par conséquent, la fabrication des meubles en rotin se trouve principalement dans les pays asiatiques, faisant alors de l’Asie pacifique son plus grand marché. Les produits économiquement bon marché, sont exportés vers les pays occidentaux, faisant de la demande européenne l’un des principaux moteurs du marché.
À noter que la culture du rotin fournit un moyen économiquement viable permettant d’éradiquer la pauvreté des populations rurales, en les aidants à maintenir et à soutenir leurs moyens de subsistance. Ainsi, dans plusieurs pays où les ressources sont disponibles (Indonésie, Malaisie, Inde, Cameroun, Ghana, etc.) d’importants investissements ont été faits en vue d’une mise en valeur et une promotion significative des rotins.
Comme résultat, depuis les deux dernières décennies, l’on note une croissance remarquable des industries à base de rotin en Asie, générant environ 6,5 milliards $ US par an, l’industrie du rotin emploie 1,2 smillions de personnes à en croire (Sastry, 2001). Tout comme dans les pays d’Asie, les rotins africains font partie intégrante des populations rurales et sont à la base d’une industrie artisanale prospère.
Parallèlement à la croissance de l’industrie du rotin, on note également une augmentation de la quantité de matière première exploitée. Par exemple en Indonésie, premier producteur mondial, les coupes annuelles sont estimées à 700 000 tonnes de cannes.
Suites aux restrictions imposées ces dix dernières années sur le commerce de la canne brute par les principaux pays fournisseurs tels que l’Indochine en particulier, les négociants et gros consommateurs de rotin comme la Chine et les Philippines ont été amenés à chercher des sources alternatives principalement en Indochine, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et plus récemment en Afrique. Une quantité importante de canne brute a récemment été exportée du Ghana et du Nigeria vers l’Asie du Sud-est. Outre les exportations, le commerce intérieur semble croître significativement en Afrique de l’ouest et en Afrique centrale.
Le rotin, un substitut au bois
Souvent confondu à d’autres matières naturelles comme le bambou ou l’osier, le rotin est une plante de la famille des palmiers qui pousse dans les régions tropicales. Ses tiges encore appelées cannes de rotin sont légères, flexibles et très résistantes. Elles sont souvent tressées pour fabriquer des meubles, des paniers, des chapeaux, des objets décoratifs et des accessoires de jardin.
C’est alors un matériau écologique qui peut durer des décennies avec un minimum d’entretien. La promotion du bambou et du rotin en Afrique centrale et de l’ouest ouvre des pistes prometteuses en matière de protection environnementale et de lutte contre la déforestation. L’exploitation anarchique en Afrique est un sujet préoccupant pour les États puisque le bois coupé n’est pas remplacé de façon automatique.
D’après René Kaam
sur le plan environnemental, le bambou a l’avantage qu’il pousse très vite. Il peut atteindre sa maturité après trois ou quatre ans. Ce qui le rend très compétitif au bois et il a aussi une grande capacité de séquestration du carbone. Aujourd’hui, nous parlons de changements climatiques de réchauffement de la planète. Avec des plantations de bambou, nous avons la capacité de séquestrer le carbone en grande quantité,
a souligné le Directeur et chef du bureau régional d’Afrique centrale d’Inbar le 06 décembre 2019 à Yaoundé au Cameroun.
Un produit écologique à impact environnemental réduit
Contrairement au bois qui rentre dans les matériaux de construction, notamment en Afrique où les arbres sont précocement coupés et utilisés dans des chantiers de constructions et Bâtiments de travaux publics (Btp) comme cales pour dalles etc. le rotin a quant à lui cet avantage d’être une plante durable et renouvelable dont la récolte ne nuit pas à l’environnement.
De plus, cette plante à liane pousse rapidement et son utilisation dans la fabrication des meubles et autres objets reste artisanale, puisque fait à la main et ne nécessite aucune intervention mécanique et électrique. En somme, le rotin, outre ses nombreux atouts écologiques à l’exemple du recyclage, offre à ses utilisateurs durabilité, facilité d’entretien, élégance et confort sur ses produits dérivés.
En Afrique, il y a environ 16espèces de rotin. Les rotins d’Afrique se développent dans des conditions écologiques très variées. La majorité de ces espèces poussent dans des forêts denses tropicales, colonisant rapidement les milieux ouverts.
En raison de leur tendance à coloniser les forêts récemment exploitées, le rotin est largement répandu en Afrique de l’ouest et en Afrique centrale, faisant partie de la flore forestière. Les deux espèces commerciales les plus importantes telles que Laccosperma secundiflorum et Eremospatha macrocarpa ont une vaste distribution et se trouvent dans une zone qui s’étend du Liberia à l’Angola, alors que l’espèce Calamus deërratus se trouve dans une aire géographique qui s’étend de la Côte d’Ivoire au Kenya. Ainsi, la plus grande concentration d’espèces différentes se trouve dans les forêts guinéo-congolaises d’Afrique centrale avec 90% des espèces de rotin connues, se trouvent au Cameroun à croire les données de la Food and Agriculture Organization (FAO).
Ces données sont basées sur une récente étude réalisée sur le petit territoire de Rio Muni en Guinée équatoriale, petite région dont la superficie ne dépasse pas 26.000 m2 où près de 70% d’espèces connues sur l’ensemble du continent africain (Sunderland, 1998), reparties en onze espèces différentes de rotin ont été découvert à cet endroit.
Le marché du rotin
En Afrique en général et en particulier en Afrique centrale, des quantités importantes de rotin sont livrées à l’état brut dans des centres urbains ( Trefon et Defo),1998, Sunderland 1998). Dans la sous-région, l’unité d’échange commerciale est « le paquet ».
La contenance d’un paquet est de 20 cannes mesurant chacune entre 3 et 5 mètres de long pour les cannes à diamètre réduit. Le prix quant à lui, varie de 100Fcfa à 200Fcfa, soit 0,16$ et 0,32$ en fonction de l’espèce et de la qualité et de la taille de la canne de rotin. Celui-ci peut grimper, oscillant entre 250Fcfa (0,40$) et 300Fcfa (0,48$).
Au Cameroun par exemple, les communes ont été outillées sur la valorisation de la filière rotin et du bambou le 26 mai 2023 à Yaoundé. L’objectif étant de contribuer au développement de la chaine des valeurs du bambou dans les communes, le Fonds spécial d’Équipement et d’intervention Intercommunal (Feicom) et l’Inbar, ont signé un partenariat en vue de créer localement la richesse et l’emploi, tout en continuant de lutter contre les changements climatiques et la préservation de la biodiversité.
Un marché en pleine croissance qui permettra aux acteurs de la filière d’intégrer le rotin et le bambou dans des choix multiples tels que l’habitat, le culinaire, le vestimentaire et bien d’autres domaines. De ce fait, le Directeur général du Feicom, Philippe Camille Akoa a annoncé 1,932 milliard de Fcfa pour soutenir le développement de la filière bambou au sein des collectivités territoriales décentralisées. Ce financement qui sera réparti sur 36 mois, pourra être complété par l’apport des partenaires au développement tels que KFW, AFD, la FAO etc.
D’après les informations tirées du journal camerounais « Cameroon Business Today » dans son édition n°314 du 31 mai au 06 juin 2023, le ministère des Forêts et de la Faune compte créer 250.000 emplois au Cameroun et valoriser ce secteur d’activité. Pour rappel, le Cameroun a importé des cure-dents à hauteur de 5 milliards de FCFA par an entre 2018 et 2020, un produit dérivé du bambou.