Ambiance festive au marché Mokolo à Yaoundé au Cameroun ce 13 décembre 2023. En cette période de fêtes de fin d’années, l’heure est à l’achat des vêtements. Les boutiques sont bondées. Hommes, femmes, adolescents et enfants arpentent les différents rayons. Dans une boutique en plein cœur du marché, les vêtements aux couleurs variées attirent les clients à la recherche de vêtements pour enfants âgés entre 0 et 15 ans. Cet espace commercial qui, en période dite normale, vend la layette a cédé aux sirènes des revenus tirés de l’habillement des enfants en période de fêtes.
En temps normal, nous ne commercialisons que la layette. Nous changeons souvent d’articles pendant les fêtes. Cette année nous avons choisi les vêtements pour enfant de 0 à 15 ans parce que même si le dehors est dur, les parents font l’effort d’habiller leurs enfants,
explique Antoinette Belinga, commerçante. Une stratégie payante puisque la tenancière fait des profits, même si elle n’a pas voulu communiquer les chiffres. Plus loin, au marché central de Yaoundé, Claude T., gérante d’un shopping vend les vêtements des enfants d’un mois à 18 ans. Un business qui, en cette période de fêtes de fin d’années lui rapporte en moyenne 334,14 dollars par jours. Des bénéfices qui évoluent en dents de scie à cause de la pénurie de carburant observée depuis quelques jours.
Ici, on a beaucoup de clients le matin. Avec les difficultés causées par la pénurie de carburant, il arrive qu’on ouvre à 11h comme lundi dernier. Et le marché n’a pas été facile parce qu’on a seulement eu 83,53 dollars de bénéfices,
laisse entendre Claude T.
L’Afrique, un marché pour « les autres »
L’importation des vêtements de seconde main en Afrique emploie près de 2 millions d’Africains. L’Afrique subsaharienne a enregistré une augmentation de 28,84% dans les importations en 2021. Ce qui la classe au rang de première dans l’importation des vêtements de seconde main à l’échelle planétaire avec un taux de 34 %. Ces vêtements viennent principalement de la Chine, de l’Union européenne, du Royaume-Uni, des Etats Unies et de la Corée du Sud. La Chine occupe la première place de ces exportateurs avec une augmentation de 131 % du taux d’exportations en 2021 à 624 millions de dollars. En Afrique, le Kenya est à la tête des pays importateurs de friperie avec 183.500 tonnes importées en 2021.
Quels bénéfices pour l’Afrique ?
Selon la Banque africaine de développement, le marché mondial de la mode va doubler au cours des 10 prochaines années, générant ainsi 5.000 milliards de dollars américains par an. Rappelons que les Etats-Unis dépensent 284 milliards de dollars chaque année dans la vente au détail d’articles de mode par l’achat de 19 milliards de vêtements. Pour l’institution bancaire, cela représente une réelle opportunité pour le continent. Ceci à différents niveaux : la conception, la production et la commercialisation, car, l’industrie de la mode est une activité rentable.
Maurice, Madagascar, le Lesotho et l’Ethiopie, des modèles de réussite
Conscients des enjeux économiques que représente l’industrie de l’habillement, certains pays en ont fait leur cheval de bataille. Maurice a misé sur la production en quantité industrielle, des vêtements locaux. Avec 761,3 millions de dollars d’exportations de vêtements, le pays est le premier pays africain produisant des vêtements et les vendant à l’étranger. En 2012, les exportations vers l’Europe représentaient 48 %, les USA 18 %, l’Afrique du Sud 24 % et les autres pays 11 %. Le pays compte plus de 170 usines de confection qui absorbent 66% de sa masse salariale. A Madagascar, au milieux des années 2000, les vêtements représentaient 50% des exportations de produits de base et l’industrie vestimentaire employait plus de 100.000 travailleurs.
Aujourd’hui, Il existe plus de 70 fabriques de vêtements. Malgré les difficultés observées dans le secteur, la croissance des exportations ne s’est pas effondrée. L’habillement représente 60 % du total des exportations et 80 % de la main-d’œuvre manufacturière du Lesotho. Le pays a multiplié par 2 le nombre d’entreprises productrices de vêtements. En 1999, le pays comptait 21 unités de productions. Aujourd’hui il en comptabilise 34. L’industrie éthiopienne du textile et de l’habillement a connu une croissance moyenne de 51 % au cours des 6 dernières années. La moitié des entreprises éthiopiennes du textile et de l’habillement sont des PME comptant entre 500 et 1000 travailleurs. Le pays possède 2,6 millions d’hectares de terrain adaptés à la culture du coton, dont seuls 5 à 6 % sont actuellement cultivés.
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