“Ma co’o, il y a pour toutes les peaux ici”. C’est avec ces mots que Gérard Feudjo alias « Gérard cosmétiques » attire les potentiels clients au marché Mokolo (de Yaoundé au Cameroun) ce 13 décembre 2023. Depuis le début du mois de décembre, l’activité tourne au ralenti.
Dans la boutique située derrière de l’une des grandes surfaces du marché, l’on peut apercevoir laits de toilette, savons, etc. de diverses marques exposées sur les six étagères que compte l’espace commercial. Les odeurs chatoyantes à l’odorat renseignent sur le type d’activité y menée. D’après le gérant de cet espace commercial, le mois de décembre n’est pas toujours une période verte pour les acteurs du domaine.
Le secteur de la cosmétique est florissant en Afrique. Si tu investis bien, tu vas faire d’énormes bénéfices. Par contre en période de fêtes, c’est un peu mort parce que l’attention des parents est portée vers les vêtements des enfants,
explique Gérard Feudjo. Une période à faibles bénéfices certes, mais qui n’empêche pas le commerçant de subvenir aux besoins des siens.
Il y a beaucoup d’argent à prendre dans la cosmétique. Donc, même quand le marché est trop dur, je m’en sors avec 83,53 dollars par jours,
affirme le commerçant. Même constat au carrefour Nkolbisson. Les espaces de commercialisation des produits cosmétiques attirent du monde. Elles sont jeunes et moins jeunes à aller de boutique en boutique, à la recherche du produit qui répond à leurs critères. Un défilé qui ne déplait pas aux commerçants de produits cosmétiques.
Ce n’est pas notre meilleure période ici mais on s’en sort. Avec les fêtes de fin d’années les parents s’occupent des enfants. Ce qui fait que les revenus varient souvent entre 49,79 dollars et 83,53 dollars. Par contre, en avant décembre et à partir de janvier, je peux rentrer avec 165,98 dollars par jours. Tout ceci dépend aussi des investissements qu’on fait,
confie un commerçant. Malgré les bénéfices enregistrés, le marché cosmétiques africain reste dominé par les produis importés.
Une concurrence accrue
Pour répondre aux besoins des consommateurs, certaines marques (Shea Moisture ou encore Cantu) tentent de tirer leur épingle du jeu. Estimé à plus de 228 milliards d’euros à l’échelle mondiale, le marché des cosmétiques est en plein essor, avec en 2022 une croissance de 6 % par rapport à 2020. Une croissance qui n’évolue pas en marge du continent africain. Selon les données de Mordor Intelligence sur les tendances du marché des produits de beauté et des soins personnels en Afrique, la taille du marché des cosmétiques est estimée à 3,55 milliards de dollars US (2023). Les mêmes données indiquent que ces chiffres devraient atteindre 4,95 milliards de dollars US d’ici 2028, avec un Taux de croissance annuel composé (TCAC) de 6,86% au cours de la période de prévision (2023-2028).
Ce taux de croissance a engendré une ruée des grands acteurs mondiaux de la cosmétique vers l’Afrique comme L’Oréal. Avec sa marque Dark and Lovely, L’Oréal est devenu le numéro un mondial des produits de défrisage sur le continent.
L’Afrique à la conquête du marché
Dans l’industrie cosmétique la plupart des produits sont décapants et c’est ça qui se vend. Je voulais prendre soin de ma peau avec des produits 100 % naturels, mais c’est très compliqué d’en trouver vraiment orientés pour peaux noires et métissées, biologiques et qui ne décapent pas,
déplorait Sonia Nouneneu, fondatrice de Noire by Sonia, une marque de cosmétique dans les colonnes de Faapa le 26 octobre 2023. Les Africains sont conscients de cette réalité. Depuis le début des années 2000, des initiatives sont observables. L’Afrique australe est l’une des régions d’Afrique qui compte le plus d’initiatives dans ce sens. En 2005, Ian Fuhrouvre des centres de beauté offrant manucure, pédicure, soins corporels en Afrique du Sud. En 2007, de retour des Etats-Unis, elle s’est donnée pour objectif d’être le « Mac de la beauté en Afrique ».
Pour ce faire, elle crée Suzie Beauty et mets ses premiers produits sur le marché en mai 2012. En décembre de la même année, l’entreprise enregistre des bénéfices à hauteur de 142.000 dollars. Aussi, l’Afrique centrale a vu dans la cosmétique un marché à conquérir. Audrey Mouangue, Ange Mbayen et Isma Henani ont lancé Bold Make Up. Pour s’arracher des parts de marché, la jeune entreprise a misé sur le digital.
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