L’industrie mondiale de diamant est dominée aujourd’hui par six pays assurant ensemble près de 80% du volume total de la production en carats et en valeur. On retrouve parmi eux quatre États africains, selon les informations publiées par le système de certification du Processus Kimberley (KPCS).
Avec la Russie en tête disposant de 12 mines à ciel ouvert et gardant la première place malgré les sanctions occidentales, le top-5 des producteurs de diamant fait apparaitre trois pays africains, selon les données récemment publiées sur le site Processus Kimberley, forum de négociation international réunissant les représentants des pays de l’industrie du diamant.
Le Botswana se place au deuxième rang en termes de volume en carats. Ces statistiques mettent en lumière l’importance du continent africain dans l’industrie mondiale du diamant. La Russie, représentant 32,94% de la production mondiale ; le Botswana (19,11%) ; le Canada (14,84%) ; la République démocratique du Congo (10,93%) et l’Afrique du Sud (8,18%).
L’extraction mondiale de diamants en 2021 a été estimée à 118,7 millions de carats, selon les statistiques du Processus Kimberley. Le quasi-monopole du marché russe avec la société minière Alrosa, exploite presque 90% des diamants dans le pays.
Parmi les plus grosses compagnies minières du monde figure le sud-africain De Beers, plus gros producteur au monde de diamants en nombre de carats, devant le russe Alrosa détenu à 33% par l’Etat russe, et le brésilien Rio Tinto. Ces trois géants du secteur contrôlent environ 65% de la production mondiale de diamant.
Toutefois, si la plus grande production de diamants est africaine et que le sud-africain De Beers est la plus grande firme du secteur, il n’en demeure pas moins que tous les grands centres de négoces du diamant au monde sont implantés à l’étranger: Anvers (Belgique), Doubaï (Emirats arabes unis), Mumbaï (Inde) et Tel-Aviv (Israël).
Le Botswana, 1er producteur africain de diamants
Le Botswana est le premier producteur africain de diamant et deuxième mondial avec 22,74 millions de carats extraits en 2021, soit 19,11% du marché mondial. Outre l’importance de sa production, le pays est connu pour la qualité de ses diamants qui sont d’ailleurs les mieux valorisés au monde. C’est aussi l’un des rares pays africains dont la ressource est bien gérée et profite pleinement à la population.
Grâce à son poids et à la qualité de ses diamants, le Botswana a imposé la taille et le commerce du minerai sur son territoire. Ce petit pays de 2,6 millions d’habitants, classé parmi les moins corrompus au monde, a imposé au géant sud-africain De Beers, l’implantation sur son sol d’unités de taille et de commerce de ses diamants. Ce qui lui a permis d’échapper à la «malédiction des matières premières» touchant presque tous les pays africains.
Loin derrière, suivent la République démocratique du Congo (RDC), 4e producteur mondial, derrière le Canada, avec une production de 13,01 millions de carats, soit 10,93% de la production mondiale. L’Afrique du Sud avec une production de 9,73 millions de carats, soit 8,18%, figure toujours parmi les grands producteurs mondiaux. Les autres producteurs africains sont la Namibie, le Lesotho et la Tanzanie.
RDC, les plus grandes réserves d’Afrique
Si la République démocratique du Congo détient les plus grandes réserves de diamant en Afrique selon Statista.com, côté production, la situation n’est pas la même. En 2018, le pays a produit 22 938 008,40 carats de diamant, selon le ministère des Mines.
Le gouvernement tablait sur une production de 27 984 370,25 carats en 2019. Si les informations sur les projets diamantifères sont assez rares, le site diamants-infos.com indique que le pays abrite cinq projets et opportunités, à savoir Blue Diamond, K North, Kasai Diamond, Kayembe Project et Soneco SARL Project. La majorité de la production est réalisée de façon informelle et non par de grandes sociétés minières. Selon les estimations, environ 700 000 mineurs artisanaux sont actifs dans le secteur.
En République démocratique du Congo, les gisements de diamants sont concentrés dans le Kasaï-Oriental, près de Mbuji-Mayi, et dans le Kasaï-Occidental. Ils sont alluvionnaires, éluvionnaires et primaires et étroitement liés à des cheminées de kimberlites. On retrouve également du diamant dans le Bas-Congo, le Haut-Congo, le Maniema, l’Equateur et le Bandundu.
Le Botswana, un cas d’école
Le plus gros diamant découvert depuis cent ans, baptisé le Lesedi La Rona, a été mis aux enchères le 29 juin 2016 à Londres. D’une valeur record de 1 109 carats, la pierre faisait la taille d’une balle de tennis et était évaluée à 70 millions de dollars.
Elle a été découverte au Botswana en novembre 2016, dans l’une des nombreuses mines de ce pays. Pourtant l’industrie diamantaire botswanaise, maîtrisée par les pouvoirs publics, fait figure d’exception. Aujourd’hui, les communautés minières sont encore bien loin de profiter des richesses de leurs sous-sols.
Depuis la découverte de la première mine de diamants au Botswana en 1967, un an seulement après l’indépendance, l’industrie diamantaire est devenue un pilier de l’économie du pays.
Durant les années 1980, le Botswana affichait une croissance de près de 10 % par an grâce au secteur, jusqu’à devenir le deuxième producteur mondial de diamants derrière la Russie.
Aujourd’hui, le diamant y représente près de 40 % des recettes de l’Etat, et 89 % des revenus d’exportation. Une exploitation maîtrisée par le gouvernement, grâce à un partenariat public-privé avec le conglomérat diamantaire sud-africain De Beers, et à un système de redistribution fondé sur des taxes importantes : 22 % de taxes sur les diamants pour les entreprises minières, auxquels il faut ajouter 10 à 15 % de royalties sur les bénéfices. L’Etat botswanais détient en outre 50 % de l’entreprise Debswana, chargée de l’exploitation des mines, et de la Diamond Trading Company Botswana (DTCB), fondée pour valoriser les diamants.
Si l’on regarde le partenariat entre le conglomérat De Beers et l’Etat botswanais, on se rend compte que le gouvernement reçoit 85 % des revenus du diamant, et De Beers 15 %. Cette relation entre le gouvernement et De Beers a été très bénéfique pour nous,
assure Charles Siwawa, président de la Chambre des mines du Botswana.
Depuis 2011, De Beers s’est également engagé à commercialiser les diamants depuis Gaborone, la capitale, qui abrite l’un des plus grands centres de tri et d’évaluation de diamants du monde. Ainsi, toute la chaîne de production, depuis l’extraction jusqu’à la vente, se fait au Botswana, générant des revenus qui financent la santé et l’éducation selon le Centre de commerce et d’investissement national. L’école au Botswana est par exemple gratuite jusqu’à 13 ans.
Des communautés minières oubliées
Mais sur le continent africain comme ailleurs, le secteur du diamant se caractérise par son opacité et par des fuites d’importantes sommes d’argent. Les communautés minières ne profitent que rarement des richesses de leurs sous-sols. La région diamantifère du Northern Cape, en Afrique du Sud, est par exemple l’une des plus pauvres du pays, alors qu’elle abrite certaines des mines les plus lucratives du monde.
Là-bas, le taux de chômage avoisine les 70 %, et beaucoup d’habitants vivent avec quelques dizaines de dollars par mois, selon Christopher Rutledge, coordonnateur pour les questions minières chez Action Aid, une ONG qui lutte contre les inégalités. Pour lui,
la nature de l’exploitation minière est si injuste que le ressentiment de ces communautés à l’encontre des sociétés minières ne peut que s’aggraver.
Des centaines de millions de dollars issus de la production de diamants sont détournés chaque année via des montages financiers. En cause, des écarts entre la valeur des diamants déclarée à l’exportation et sur laquelle les entreprises paient des taxes, et la valeur à laquelle le diamant se vend sur le marché international. Finalement, explique Michael Gibb de Global Witness,
l’identité des personnes qui contrôlent réellement les entreprises dans le secteur du diamant est souvent inconnue, cachée derrière de multiples sociétés anonymes enregistrées dans des paradis fiscaux. Il est donc très difficile de savoir à qui revient l’argent au bout du compte.
L’ONG rappelle que l’exploitation du diamant n’est pas mauvaise en soi et qu’elle pourrait et devrait contribuer au développement de nombreux pays. Plus de 10 ans après la mise en place du processus de Kimberley, qui vise à lutter contre « les diamants de sang » qui financent des conflits armés, la lutte doit aussi se faire sur le terrain de la transparence fiscale et de l’institutionnalisation de la production.
Les diamants africains sont les plus précieux au monde
Quant au classement mondial en termes de valeur, le Botswana arrive en tête (28,54%), devançant la Russie (20,45%), l’Angola (12,58%), le Canada (11,70%) et l’Afrique du Sud (10,52%). Le coût total des diamants exploités en 2021 a atteint 12,9 milliards de dollars. Les centres de commerce des diamants sont implantés à Anvers (Belgique), Dubaï (Émirats arabes unis), Mumbai (Inde) et Tel-Aviv (Israël).
Les négociants de diamant ont le privilège d’acheter aux sociétés minières un nombre déterminé de diamants bruts par an. Ces derniers rejoignent le circuit de distribution global pour ensuite se faire transformer en objets de luxe, précise l’agence Mena. Globalement, les diamants du continent sont plus gros et de meilleure qualité que ceux produits dans les autres continents, notamment en Russie.
Le diamant quelque peu déprécié en Afrique
Selon Diamondfact.org, le commerce du diamant rapportait environ 8,4 milliards US$ par an à l’Afrique. La réalité est qu’aujourd’hui ce minerai si précieux s’est déprécié dans des proportions catastrophiques. Le Botswana, plus gros pays producteur de diamant, produisait un peu plus de 20 millions de carats par an. Ces ventes représentaient 76% des recettes d’exportations du pays.
Or, le ministre des Finances et de la Planification du développement du Botswana avait annoncé récemment une baisse de la croissance économique pour s’établir à 2,6%, au lieu des 4,9%, « en raison de l’affaiblissement continu du marché du diamant ».
Dans un tel contexte, et si rien n’est fait pour endiguer maintenant cette crise, le diamant perdra toute sa valeur, les mines fermeront les unes après les autres, les pays miniers d’Afrique ne seront plus en capacité de rembourser leurs dettes, et encore moins d’obtenir de nouveaux prêts souverains ou concessionnels, indispensables au développement économique de leur économie et au maintien de leur démocratie.
Sans une solution concrète à court terme, les conséquences sociales et politiques entraîneront inévitablement des désordres multiples graves et irréversibles, et notamment des troubles sérieux à l’ordre public, que ne pourront supporter le continent africain et ses partenaires occidentaux.
Une seule solution existe pour sauver les Etats miniers et renverser la situation en faveur de l’Afrique et de l’ensemble de la filière mondiale des diamantaires. Plus que tout, cette solution ouvre de nouveaux horizons dans des domaines encore inexplorés qui dépassent la simple activité de joaillerie.
Le diamant : une ressource vitale pour l’Afrique
Le diamant constitue une source de revenus indispensable pour certains pays d’Afrique, il permet de construire les infrastructures et les services sociaux de base tels que les hôpitaux et les écoles. L’industrie internationale du diamant emploie directement et indirectement environ 10 millions de personnes à travers le monde, notamment en Afrique.
Le commerce de diamant rapporte environ 8,4 milliards de dollars par an à l’Afrique. Les revenus générés par l’extraction du diamant ont apporté des avantages concrets à l’économie des pays comme le Botswana, la Namibie et l’Afrique du Sud. Dans ces pays, les diamants ont contribué au financement d’une impressionnante croissance économique et participé à leur stabilité.
D’autres pays comme l’Angola, la Tanzanie, la République Démocratique du Congo et la Sierra Leone profitent également de ces revenus. En exemple, La Sierra Leone a exporté environ 142 millions de dollars de diamants en 2005. Au Botswana, les diamants représentent 76 % des recettes d’exportation du pays, 45 % des revenus de l’Etat et 33 % du produit intérieur brut (PIB).
La croissance annuelle du PIB atteint en moyenne 7 %. En Namibie, les diamants représentent près de 10 % du PIB, 40 % des recettes d’exportation du pays et 7 % des revenus annuels de l’Etat. L’Afrique du Sud produit plus de 1,5 milliard de dollars de diamant, un vivier d’emplois.
En Afrique australe, l’industrie du diamant emploie directement plus de 38 000 personnes. Au Botswana, l’industrie du diamant est le deuxième employeur du pays. Et en Afrique du Sud, 28 000 personnes travaillent dans l’extraction, le tri, l’évaluation, la taille, le polissage, la fabrication et la vente au détail de bijoux. Les revenus générés par le commerce de diamant contribuent également à la construction des pays où ils sont extraits.
Les diamants africains les plus célèbres
Cullinan (1905, Afrique du Sud)
C’est la plus grande découverte de diamant jamais réalisée. Le diamant de 3106 carats a été récupéré en 1905 sur la mine Premier, en Afrique du Sud. Après taille, la pierre a produit 105 gemmes d’un poids total de 1063 carats, dont la plus grosse est un diamant en forme de goutte d’eau nommée Étoile d’Afrique, et pesant 530,2 carats.
Jonker (1934, Afrique du Sud)
En 1934, le plus beau des plus gros diamants jamais trouvés, le Jonker, a été récupéré sur la mine Premier, et pesait environ 726 carats. Il a été taillé en 12 gemmes pesant de 125,35 à 5,3 carats.
La Promesse du Lesotho (1967, Lesotho)
En 1967, fut découvert le Lesotho, d’un poids brut de 601,25 carats. La découverte a été faite par la compagnie minière Gem Diamonds, et le diamant est présenté comme le 15e plus gros diamant jamais découvert. Sa taille ne s’est achevée qu’en 2007. Il a produit 26 pierres pour un poids total de 224 carats.
L’Excelsior (1893, Afrique du Sud)
En 1893, fut récupérée à la mine Jagersfontein, en Afrique du Sud, l’Excelsior, une pierre de 995,2 carats. C’est un camionneur nommé Kaffir qui l’a remis au directeur de la mine, en échange, de 500 £ et d’un cheval équipé d’une selle. Il possède une couleur délicatement bleutée, bien qu’il ait de nombreuses taches noires internes.
L’Esprit de De Grisogono (XXe s, Centrafrique)
C’est le plus gros carbonado taillé avec une masse de 312,24 ct. Si on assimile les carbonados aux diamants, c’est également le 5e plus gros diamant taillé au monde. Il est issu d’une pierre brute de 587 carats. Il a été taillé et monté sur une bague par Fawaz Gruosi, créateur de la marque De Grisogono. Le diamant a été découvert en République centrafricaine, au XXe siècle, à une date inconnue.
Le Golden Jubilee (1985, Afrique du Sud)
C’est le plus gros diamant facetté du monde. De couleur jaune/marron, il pèse 545,67 carats, huitième plus grosse pierre jamais trouvée. Sa caractéristique la plus remarquable est le poids de la pierre taillée, qui dépasse celui du Cullinan I (545,67 carats contre 530,2 carats). Il a été découvert à la mine Premier, en Afrique du Sud, en 1985.
Lesedi La Rona (2015, Botswana)
Cette pierre de 1109 carats a été découverte en novembre 2015 par la compagnie minière Lucara Diamond sur sa mine Karowe, au Botswana. Lesedi La Rona, signifiant «Notre Lumière», est le plus gros diamant brut découvert depuis le «Cullinan».
La Pierre du 4 février (2016, Angola)
«The 4th February Stone» a été découvert en Angola sur la mine Lulo le 4 février 2016. C’est le 27e plus gros diamant au monde et la plus grosse gemme jamais découverte en Angola. Il a détrôné « l’Etoile de l’Angola » (217,4 ct), qui est devenue le deuxième plus gros diamant découvert dans le pays.
La Légende du Lesotho (2018, Lesotho)
L’«exceptionnel» diamant de 910 carats a été récupéré à la mine de Letšeng (Lesotho) par Gem Diamonds. La pierre de couleur blanche et de type IIa est considérée comme le cinquième plus gros diamant de qualité «gemme» jamais récupéré. Elle a été vendue à 40 millions $.