Après une année record en 2023/2024, avec des prix au producteur dépassant les 9,98 dollars US, soit 6 000 FCFA le kilo, le gouvernement entend poursuivre sur cette dynamique. Mais au-delà des seuls résultats, c’est la question de la répartition de la valeur ajoutée qui continue à faire débat. Car, si les revenus des cacaoculteurs ont atteint des sommets historiques, ceux-ci ne perçoivent encore que 7 à 8% de la valeur totale générée par leur travail. Le reste est capté par les autres maillons de la filière, des transporteurs aux distributeurs, en passant par les industriels.
L’équité commande que cette inégalité soit corrigée, non de façon conjoncturelle, mais de manière systémique et dans la durée, au nom de la stabilité du marché et de la pérennité du système, qui appelle à plus d’inclusivité et de transparence,
a plaidé Luc Magloire Mbarga Atangana. Le ministre du Commerce estime qu’
une baisse des prix en dessous des niveaux actuels, que je situe pour ma part autour de 5.000/6.000 Fcfa/kg, serait vécue par les producteurs comme un drame et une remise en cause unilatérale des acquis, au même titre que l’industrie donne le sentiment de vivre mal une poussée des prix au-delà d’un certain seuil. Il nous faut donc, ensemble, production et industrie, trouver le juste équilibre, sous la houlette éventuelle de l’Organisation Internationale du Cacao.
Aussi, précise-t-il,
Nous acceptons les exigences du marché, en termes de qualité et toutes autres normes non exorbitantes, en matière notamment de préservation et de sauvegarde de l’environnement ou de durabilité sociale. Mais, nous redisons que la durabilité économique, c’est-à-dire le juste prix et la rémunération conséquente du producteur, doit en être la contrepartie légitime.
Comment maintenir la bonne santé actuelle de la filière au Cameroun ?
Michel Arion, le Directeur exécutif de l’Organisation Internationale du Cacao, à ce propos, a tenu à préciser que les prix élevés du cacao sur le marché international n’ont pas été répercutés aux producteurs partout, comme c’est le cas au Cameroun. Et pour s’y maintenir, il conseille que l’offre doit rencontrer la demande. La production doit donc augmenter, mais sans dépasser la demande, il faut donc trouver le juste milieu, via la régulation.
Il faut préciser que la demande actuelle du marché mondial de cacao est de l’ordre de 5 millions de tonnes. Aussi, Michel Arion conseille au Cameroun, d’améliorer la compréhension du marché international du cacao, tout en améliorant la qualité du produit qui attire les prix élevés sur le marché international. Il est donc question pour le Cameroun de tirer profit de son entrée dans la liste des pays producteurs des cacaos fins aromatisés.
266 725 018 kg de cacao commercialisés lors de la 2023/2024
Du bilan de la campagne cacaoyère 2023/2024 fait par l’Office National du Cacao et du Café (ONCC), qui s’est étalée au Cameroun sur la période légale, allant du 1er août 2023 au 15 juillet 2024, l’on retient que la production nationale commercialisée était de 266 725 018 Kg contre 263 613 133 kg, la campagne dernière, soit une hausse de 1.17%. Le volume transformé localement était de 85 789 063 kg contre 89 204 772 Kg, la campagne passée.
S’agissant de la commercialisation intérieure, 281 017 947 kg de cacao ont été achetés par les opérateurs ; ces achats ont été effectués dans 08 Régions. La Région du Centre vient en tête avec 44,79%, suivi du Sud-Ouest : 22.35% et du Littoral : 17,55%. A l’export, 655 contrats ont été validés, pour un volume exporté en fèves de 185 613 433 kg. Sur un volume soumis au contrôle de la qualité à l’exportation de 192 115 766 Kg, dont 9,47% a été classé Grade I.
Trois opérateurs ont exporté 69,87% : TELCAR (35,10%), OFI CAM (24,89%), et SBET (9,88%). Le tout pour une masse monétaire générée (en valeur FOB) : environ 813 millions de dollars Us (488 836 289 400 FCFA) contre environ 441 millions de dollars US (265 352 991 689 FCFA) la campagne antérieure, soit une augmentation de plus de 84% due principalement à la hausse des cours tout au long de la campagne.