Depuis le 28 octobre 2024, Yaoundé, la capitale du Cameroun, est également capitale des pays membres de l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO). La ville aux « sept collines » abrite en effet la 46e session ordinaire du Conseil des ministres de l’APPO. Et en prélude à ces assises, des réunions de différents comités, notamment ceux chargés de l’audit, du budget et des finances, de la stratégie à long terme, mais également, le comité technique pour l’organisation du Sommet des Chefs d’Etats de l’APPO, prévu au Congo Brazzaville en 2025, ont été lancés, le lundi 28 octobre 2024 à Yaoundé, par le Président en exercice de l’APPO, Adolphe Moudiki, par ailleurs, Administrateur, Directeur général de la Société Nationale des hydrocarbures (SNH).
Également, il est prévu ce mercredi 30 octobre 2024, la 19e réunion ordinaire du Conseil exécutif, avec une séance de travail à huis clos. Et, le Conseil des Ministres proprement dit, se déroulera le vendredi 1er novembre 2024, avec en fin de soirée, un dîner de Gala offert en honneur des délégations présentes à cette 46e Session du Conseil des Ministres de l’APPO.
Comment faire face à la transition énergétique mondiale ?
C’est la trame de fond de cette 46e session ordinaire du Conseil des ministres de l’APPO. Quelle réponse apporter à la transition énergétique mondiale ? Un changement de paradigme préconisé par les pays du Nord, avec comme objectif affiché de modifier un certain nombre d’habitudes de consommation de l’énergie, afin d’agir positivement pour le climat. Ce que les Occidentaux présentent comme un effort pour sauver la terre, est de l’avis des pays producteurs de pétrole, considéré comme un agenda caché : celui de s’affranchir d’une trop grande dépendance envers eux.
Et, face à un désintérêt croissant pour le financement des énergies fossiles, les pays membres de l’APPO ont présenté une position commune sur la question : assurer son indépendance pour le financement des activités liées au pétrole et au gaz sur son territoire. Car, les pays africains ne peuvent se passer des réelles opportunités de développement offertes par l’exploitation des richesses énergétiques de leur sous-sol, dans leur politique de création de meilleures conditions de vie pour leurs populations. D’où l’idée de créer la Banque Africaine de l’Énergie.
D’autres sujets tels que l’accès à la technologie pétrolière et gazière et la participation au développement technologique pour la maîtrise de l’industrie pétrolière et gazière en Afrique ; le développement de l’expertise locale dans le secteur pétrolier et gazier, en dressant l’inventaire des instituts et centres de formation et de renforcement des capacités existants dans les pays membres de l’APPO, et en concevant des programmes de collaboration bénéfiques au profit de tous les pays membres, seront à l’ordre du jour des assises de Yaoundé.
Où en est-on avec la Banque africaine de l’énergie ?
Elle est l’émanation d’une initiative conjointe de l’APPO et de la Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank) pour relever les défis urgents de financement auxquels est confrontée l’industrie pétrolière et gazière africaine dans le contexte de la transition énergétique mondiale. Créée pour combler le vide laissé par les bailleurs de fonds traditionnels qui retirent leur soutien en raison des préoccupations liées au changement climatique, la Banque Africaine de l’Energie vise à assurer la sécurité énergétique et à promouvoir le développement durable sur tout le continent.
Sa mise en place a connu une évolution certaine. Les discussions sur la création de la Banque ont commencé avec la signature d’un protocole d’accord (MoU) en mai 2022 à Luanda, en Angola. Un groupe de travail composé des experts des deux Institutions a été mis en place pour travailler sur les documents fondateurs de la Banque. Parallèlement, un appel à candidature a été lancé au niveau des pays membres de l’APPO avec des exigences minimales pour la sélection du siège de la Banque.
Et, après près de deux ans de négociations et de travail acharné, l’Accord d’établissement et la Charte ont été finalisés et signés par les deux institutions fondatrices le 4 juin 2024 au Caire, en Égypte. La ville d’Abuja, en République Fédérale du Nigeria, a été choisie comme pays hôte de la Banque à l’issue d’un processus de sélection méticuleux, la décision ayant été prise lors de la 45ème session du Conseil des ministres de l’APPO, qui s’est tenue, le 4 juillet 2024, sous la présidence du ministre des Hydrocarbures de la République du Congo, Bruno Richard Itoua.
En rappel, la mission de l’APPO est de promouvoir la coopération dans le domaine des hydrocarbures de ses pays membres et d’autres institutions mondiales, afin de favoriser une collaboration et des partenariats fructueux. Tout en utilisant le pétrole comme catalyseur pour la sécurité énergétique, le développement durable et la diversification économique en Afrique. Le nombre de membres de l’APPO est passé de huit en 1987 à quinze aujourd’hui (Algérie, Angola, Bénin, Cameroun, Tchad, Congo, RD Congo, Côte d’Ivoire, Égypte, Guinée équatoriale, Gabon, Libye, Niger, Nigeria et Afrique du Sud).