Une assemblée générale est convoquée pour ce vendredi 02 juin au siège du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) à Bonanjo. Cette rencontre se tient dans un contexte de vives tensions entre les membres de cette organisation patronale. Ces derniers ne s’accordent pas sur un projet de dissolution de leur organisation vieille de 66 ans, au profit de la création d’une nouvelle entité.
LIRE L’ARTICLE : Cameroun : que se passe-t-il au principal groupement patronal ?
En effet, le 05 avril dernier, l’actuel président du Gicam, Célestin Tawamba, avait procédé à la signature d’un traité de fusion du Groupement avec une autre organisation regroupant des centaines de petites entreprises, et connue sous le nom d’Entreprises du Cameroun (Ecam). Côté Ecam, le traité avait été signé par le président de ce mouvement, qui n’est autre que Protais Ayangma. Cet ancien adhérent avait quitté le Gicam avec Célestin Tawamba, en 2008, au lendemain d’une élection contestée qui avait alors porté feu le président André Fotso à la tête du Groupement.
L’annonce du projet de fusion-création en avril dernier, avait courroucé certains membres du Gicam d’autant plus que ceux-ci n’ont pas suffisamment été sensibilisés sur la nécessité et le bien-fondé de la formule choisie par leur président, dont le mandat s’achève en décembre prochain.
Le 25 avril 2023, le camp des contestataires, sous l’impulsion d’Emmanuel Wafo, le président directeur général (PDG) de Mit Chimie, par ailleurs président de la commission Economie et développement des entreprises au Gicam, était monté au créneau à travers un brûlot incendiaire pour dénoncer ce qui à leurs yeux apparait comme un « projet funeste » ne visant autre chose que « la mise à mort du Gicam ». L’un des arguments majeurs avancés jusqu’ici est que ce projet de dissolution ne respecte nullement les statuts de l’organisation. L’article 12 préconise que seule l’assemblée générale extraordinaire a compétence pour se prononcer sur un tel projet. Or tel n’a pas été le cas.
Alors que l’Assemblée générale de ce vendredi devrait probablement plancher sur le projet de Célestin Tawamba et que les débats devraient être plus qu’houleux, la faction opposée à la fusion-création, par la voix d’Emmanuel Fotso, a tenu jeudi à repréciser sa démarche. Il ne s’agit nullement d’une opposition absolue à la création de cette « nouvelle centrale patronale » que Célestin Tawamba et Protais Ayangma veulent « plus forte et plus influente ».
D’ailleurs, précise Emmanuel Wafo, le retour de « l’enfant prodige » qu’est Célestin Tawamba à la maison-mère il y a presque six ans, après une aventure à Ecam, avait été fortement salué. Pas plus que ne le serait le retour de Protais Ayangma à la case départ. Toutefois, nuance le membre du conseil exécutif, il n’est pas question que l’on mette à mort le Gicam, ce « label, qui fait partie du patrimoine affectif national, au même titre que la marque ‘‘Lions Indomptables’’ ».
Pour la fusion-absorption
En avril, Emmanuel Wafo faisait déjà valoir cet argument lorsqu’il écrivait que leur institution privée est « un patrimoine national que personne ne peut se permettre d’aliéner ». En outre, Emmanuel Wafo présente le Gicam comme une « organisation faîtière qui ouvre ses portes à tous ceux qui voudront partager un ensemble de valeurs et contribuer à l’épanouissement du secteur privé et au développement de notre pays aux côtés de l’Etat pour le bien-être de nos populations ».
Par conséquent, les contestataires disent :
Non à cette fusion qui appelle à la destruction des acquis engrangés de haute lutte par les pères-fondateurs, [non] à la disparition du nom, du label Gicam, au profit d’une nouvelle structure et d’une nouvelle dénomination. Toutes choses qui traduisent dans les faits la fusion-création qui est présentée comme devant donner des lettres de noblesse à notre organisation.
En revanche, ils disent
Oui à la fusion qui, sous la forme technique, répond à ce qu’il convient d’appeler clairement la fusion-absorption et qui n’est autre que l’acceptation du retour au sein de la maison commune de ceux qui en étaient partis en toute liberté.
Les membres du Gicam pourraient cependant se concerter autour d’une union patronale en ce qui concerne les autres organisations existant déjà ou qui pourront se créer par la suite. Les dissensions actuelles ont déjà eu leur premier désagrément. Mercredi 31 mai, une réunion du conseil d’administration du Groupement a été interdite par le sous-préfet de Douala 1er, sur instruction du ministre de l’Administration territoriale, officiellement pour « défaut de déclaration » de ladite réunion publique.