La mise en service des satellites échappe encore largement aux pays africains. Bien que l’Afrique ait fait des progrès remarquables dans le domaine spatial ces dernières années, le lancement de satellites se fait principalement hors du continent. Cela est dû au manque d’infrastructures adéquates et de capacités techniques. En 2024, plusieurs pays africains ont franchi des étapes cruciales, mais les défis restent nombreux.
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Le lancement de satellites nécessite des infrastructures sophistiquées, telles que des bases de lancement et des installations de suivi, qui sont coûteuses à construire et à maintenir. En l’absence de telles installations, les pays africains doivent se tourner vers des partenaires étrangers. Le coût d’un lancement spatial peut varier considérablement selon le type de satellite et la complexité du lancement. Par exemple, d’après Space News Africa un lancement basique peut coûter entre 50 et 100 millions de dollars, tandis que des missions plus complexes peuvent atteindre 150 millions de dollars. La complexité du satellite lui-même joue aussi un rôle majeur dans le coût global du projet.
Par exemple, le tout premier satellite sénégalais, GAINDESAT-1A a rejoint l’espace le 16 août, après 3 mois de retard sur le calendrier prévu. Son lancement a été effectué depuis la base de Vandenberg en Californie aux Etats-Unis, à 18h56 mn sur la fusée de transport Falcon 9 de SpaceX dans sa mission Transporter 11. Le nanosatellite a été construit par des ingénieurs et techniciens sénégalais formés par le Centre spatial universitaire de Montpellier (CSUM) en France, dans le cadre d’un partenariat avec le gouvernement sénégalais. La construction et la mise en orbite du GAINDESAT-1A constituent la 1ère étape du programme spatial national sénégalais dénommé « SenSAT ».
Il vise à faire du secteur un véritable levier pour le développement socio-économique du pays, à travers la conception et l’exploitation d’outils dans l’espace. Pour l’Afrique en général, ce satellite démontre la capacité croissante des pays africains à utiliser la technologie spatiale pour résoudre des problèmes locaux, tout en participant activement à l’économie numérique mondiale.
L’utilité des satellites pour l’Afrique
Les satellites sont des outils indispensables pour le développement économique et social de l’Afrique. Leurs applications couvrent plusieurs domaines clés, tels que la gestion des ressources naturelles, l’agriculture, les télécommunications, la gestion des catastrophes, et la sécurité. Dans le cas du Sénégal, GAINDESAT est un satellite d’observation de la Terre qui sera utilisé pour améliorer les prévisions météorologiques, surveiller les côtes et optimiser la gestion des ressources naturelles. Ce satellite sera crucial pour renforcer la résilience climatique du Sénégal, un pays particulièrement vulnérable aux changements climatiques.
Dans le domaine agricole, les satellites permettent de suivre l’évolution des cultures et des ressources en eau. Ils offrent des images à haute résolution qui aident les agriculteurs à prendre des décisions éclairées concernant les périodes de semis et de récolte. Cela augmente non seulement la productivité agricole, mais contribue également à la sécurité alimentaire en Afrique. Les satellites jouent aussi un rôle essentiel dans la gestion des catastrophes naturelles, en fournissant des données en temps réel qui permettent de réagir rapidement en cas de sécheresse, d’inondations ou de feux de forêt.
Parmi les pays africains ayant lancé des satellites, on peut citer le Nigeria, l’Algérie, l’Égypte, l’Afrique du Sud, le Ghana, et le Kenya. Chacun de ces pays utilise ses satellites pour répondre à des besoins spécifiques. NigeriaSat-1 et 2 : ces satellites nigérians sont utilisés pour la surveillance de l’environnement, la gestion des catastrophes, et l’agriculture. NigeriaSat-2, en particulier, offre des images haute résolution utilisées pour l’urbanisme et la sécurité. EgyptSat-A : ce satellite égyptien est conçu pour l’observation de la Terre et aide à surveiller l’agriculture et l’urbanisation en Égypte.
Angosat-2: lancé par l’Angola, ce satellite est un atout pour les télécommunications et la diffusion de la télévision numérique. Il joue un rôle clé dans l’amélioration de l’accès à l’internet en Angola. SumbandilaSat (Afrique du Sud) : ce satellite sud-africain a fourni des données précieuses pour l’agriculture, la gestion de l’eau et la foresterie.
L’impact économique des satellites africains
Les satellites représentent un investissement stratégique pour l’Afrique. Bien qu’ils nécessitent des dépenses initiales importantes, leur impact économique à long terme est significatif. En général, selon Space News Africa le coût de fabrication d’un satellite varie entre 250 millions et 500 millions de dollars, en fonction de sa taille, de sa mission et des technologies intégrées. Par exemple, les satellites de télécommunication améliorent la connectivité en Afrique, notamment dans les zones rurales mal desservies. Cela permet de réduire la fracture numérique et de stimuler le commerce électronique, les services financiers, et l’éducation en ligne. Un satellite comme Angosat-2, qui a coûté environ 320 millions de dollars, a permis de significativement améliorer les infrastructures numériques en Angola.
L’ère technologique mondiale
Les satellites d’observation, quant à eux, fournissent des données précieuses pour les industries agricoles et minières, deux secteurs clés de l’économie africaine. Les données satellites permettent d’améliorer l’efficacité des chaînes d’approvisionnement, de réduire les coûts de production, et d’augmenter la rentabilité des entreprises. Par conséquent, ces technologies attirent les investisseurs, car elles offrent des perspectives de croissance économique durable.
La mise en service des satellites par les pays africains est un signe encourageant de leur volonté de participer à l’ère technologique mondiale. Cependant, pour maximiser les bénéfices de ces satellites, il est crucial que les États africains investissent davantage dans les infrastructures locales et dans la formation des compétences. L’exemple du Sénégal avec GAINDESAT montre que, bien que le chemin soit encore long, les satellites peuvent apporter une valeur ajoutée considérable à l’Afrique en termes de développement économique et social. Il est donc essentiel de continuer à attirer les investissements dans ce secteur stratégique pour garantir une croissance durable et inclusive sur le continent.