Le Cameroun dispose d’un fort potentiel géologique pour un certain nombre de minéraux. Ce pays dispose notamment des gisements de minerai de fer, de bauxite, de diamants, de calcaire, de rutile, de cobalt et de nickel. Toutefois, en dépit de l’existence de ces minerais, l’exploitation minière ne joue pas encore un rôle majeur dans le développement du Cameroun, et le secteur minier reste en marge de l’économie. Selon les experts, ce potentiel pourrait contribuer à la croissance économique du pays s’il est bien géré.
D’après le Dr Bareja Youmssi, expert en mines et pétrole et enseignant-chercheur au département d’Ingénierie pétrolière de l’Ecole nationale supérieure polytechnique de Bamenda (Cameroun), enseignant visiteur à l’école des mines de Bukavu (RDC), la cartographie géologique et les connaissances globales du potentiel minier du pays restent cependant très limitées et apparaissent aujourd’hui dépassées. D’ailleurs, les géologues révèlent qu’à ce jour, plus de 70% du territoire reste inconnu.
Dans le pays, plusieurs projets sont aujourd’hui à un stade avancé de travaux d’exploration. C’est le cas du projet de fer de Mbalam, de Lobe et de Bipindi ; le projet de nickel-cobalt de Nkamouna près de Lomié, propriété de Geovic ; le projet de bauxite de l’Adamaoua (à Minim-Martap et Ngaoundal opéré par Cameroon Alumina) et le projet diamantifère de Mobilon, près de la frontière avec la République centrafricaine, développé par Cameroon & Korean Mining). Sur l’ensemble de ces projets, quelques-uns ont déjà bénéficié de permis d’exploitation minière, l’exploitation proprement dite n’ayant toutefois pas encore démarré sur le terrain.
Mauvaise foi de certains détenteurs de titres
Dans ce pays d’Afrique centrale, le secteur minier contribue juste à hauteur de 1% du PIB. Plusieurs titres miniers accordés ne datent pas de plusieurs décennies. Pourtant d’après l’expert Dr Bareja Youmssi, de l’exploration, la mise en évidence d’un gisement, du développement et de la mise en production d’une mine il faut compter entre 15- 20 ans, quand la compagnie détentrice du titre minier est vraiment sérieuse ; et que ses capacités technique et financière ne posent aucun doute à développer un projet minier.
Nous avons plus de 200 permis de recherche délivrés mais à peine 10 compagnies font réellement de la recherche ; ils sont plutôt sur des places boursières à spéculer sur ces titres pour lever de l’argent qui n’arrive jamais au Cameroun sur le projet pour lequel le titre minier a été délivré,
décrie l’expert en mines, Youmssi.
Le Cameroun n’est pas une destination minière, il faut y travailler en réformant d’abord le secteur. En un mot je propose un audit des activités minières, du secteur minier Camerounais et des conventions signées jusqu’ à ce jour. Et pourquoi pas une renégociation de ces conventions. Il faut assainir le secteur,
ajoute-t-il.
Réformer pour industrialiser le secteur minier
Même si pour l’heure, le secteur minier ne porte pas encore véritablement ses fruits au Cameroun, des mesures peuvent être prises pour propulser l’envol de ce secteur qui pourrait faire entrer des recettes estimées à plusieurs milliards de dollars.
Il faut déjà faire comme dans tout pays qui désire faire du secteur minier la flèche de lance de son économie et vecteur du développement industriel. Il faut donner plus de poids à ce secteur en créant un ministère des Mines uniquement (à l’instar du Gabon, Tchad,Mali, Rwanda, RDC, Cote d’ivoire etc…) qui devra être dirigé par un minier chevronné, qui comprend parfaitement l’industrie minière. Je pense qu’il faut de nouveau écrire un code minier car l’actuel est beaucoup plus un code fiscal écrit par des juristes et non par des hommes du corps ; Il faut redéfinir le rôle et les missions de la Société nationale des mines et adopter une doctrine minière pour le Cameroun accompagner d’un master plan sur 10 ans,
pense le Dr Bareja Youmssi. D’après lui, il faut également encadrer l’exploitation artisanale qui n’est pas des moindres.
Chaque année nous enregistrons une production d’or artisanale de 1500 kg d’une valeur 78 milliards de FCFA (127,44 millions USD), qui généralement échappe au contrôle de l’Etat. L’activité artisanale a toujours existé dans les plus grands pays miniers à l’instar de l’Afrique du Sud, de la Russie, du Brésil, de la RDC, du Gabon etc. Il suffit de bien encadrer cette activité qui permet à la population locale de s’auto occuper et d’avoir un moyen de subsistance tout en développant leur localité avec les revenus issus de cette activité.
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