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Nigéria : comment le pays voudrait atteindre l’autosuffisance en sucre à l’horizon 2033

Le Nigeria devrait importer 1,8 million de tonnes de sucre durant la campagne 2024/2025. Une dépendance coûteuse que le gouvernement entend inverser grâce à un partenariat stratégique entre le National Sugar Development Council (NSDC) et le géant chinois SINOMACH.

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Sucre

L’industrie sucrière nigériane entrevoit un nouvel élan, portée par des projets de grande envergure, visant à réduire la facture des importations et atteindre l’autosuffisance d’ici 2033. Le 16 avril 2025, le NSDC a signé un protocole d’accord avec SINOMACH pour développer un complexe agro-industriel capable de produire, à terme, un million de tonnes de sucre par an. Le projet, entièrement financé par le groupe chinois, mobilisera un milliard de dollars.

Cinquième plus grand consommateur de sucre en Afrique, derrière l’Égypte, l’Algérie, le Soudan et l’Afrique du Sud, le Nigeria peine à répondre à ses besoins par sa propre production. Le partenariat avec SINOMACH est vu comme une opportunité majeure, avec le soutien actif du NSDC.

Par ailleurs, l’État du Nigeria prévoit la construction de six sucreries dans le cadre d’un partenariat public-privé, associant des acteurs locaux et étrangers, dont l’indien Uttham Sucrotech International, Rite Foods et Legacy Sugar Company Ltd. Les travaux, qui s’étendront sur un domaine de 148 000 hectares, devraient s’achever, d’ici 2027. Cette initiative illustre la volonté du pays de bâtir une industrie sucrière solide et durable.

Une nouvelle feuille de route sucrée

Avec son Plan directeur national du sucre (NSMP), le Nigeria vise l’autosuffisance d’ici 2033. Cette deuxième phase prévoit de porter la production nationale à près de 2 millions de tonnes par an, générer 10 000 emplois, produire 400 mégawatts d’électricité, et économiser 350 millions de dollars en importations. Mais le scepticisme demeure. La première phase du NSMP (2012–2020) avait fixé un objectif de 1,75 million de tonnes, mais n’a permis de produire que 70 000 tonnes, soit moins de 5 % de la demande. Le pays continue d’importer massivement, notamment du Brésil, alors que la capacité de raffinage est passée de 2,75 à 3,4 millions de tonnes par an.

De même, l’ambition d’exploiter 224 000 hectares de canne à sucre n’a pas été atteinte. A ce jour, à peine 100 000 hectares sont cultivés, même si cela reste une nette progression par rapport aux 6 000 hectares recensés en 2010. La consommation nationale devrait continuer de croître, tirée à 60 % par l’essor de l’industrie alimentaire. D’où, l’importance d’un meilleur soutien aux producteurs locaux. À titre de comparaison, la consommation annuelle par habitant au Nigeria avoisine les 8 kg, bien en deçà de la moyenne mondiale de 36 kg, selon les données de l’USDA.

Stimuler l’investissement privé

Avec une consommation annuelle dépassant 1,5 million de tonnes, pour une production locale qui plafonne autour de 100 000 tonnes, la question de la sécurité sucrière reste cruciale. Des groupes comme Dangote ont décidé de passer à l’offensive. L’industriel nigérian a investi plus de 700 millions de dollars pour acquérir des terres, moderniser les infrastructures, former la main-d’œuvre et mettre en œuvre des initiatives sociales.

Le tout, dans l’objectif d’éliminer à terme les importations de sucre brut. « Nous mettons en œuvre notre stratégie d’intégration verticale, et avons massivement investi pour renforcer notre production nationale », a déclaré Tunde Mabogunje, directeur régional de Dangote Cement à Lagos/Ogun, dans la presse locale. Ces efforts visent à booster la productivité des exploitations et favoriser la transformation locale. Les principaux bassins de culture de la canne à sucre se trouvent au Nord du pays, notamment dans les États de Kano, Adamawa, Taraba, Kwara et Niger. Toutefois, plusieurs obstacles entravent encore le développement du secteur : faibles rendements ; infrastructures insuffisantes ; mécanisation limitée et contraintes climatiques.

Ces nouveaux investissements marquent un tournant décisif pour rompre avec la dépendance aux importations. S’ils sont menés à bien, ils pourraient transformer en profondeur l’économie locale : moins de sucre venu de l’étranger, plus d’emplois, et un savoir-faire renforcé au cœur des communautés. Portée par ces projets ambitieux, l’industrie sucrière nigériane semble enfin prête à écrire une nouvelle page, plus autonome et résolument tournée vers l’avenir.

Sur le continent, le Nigeria reste à la traîne derrière des pays comme l’Afrique du Sud ; l’Égypte ; le Maroc, l’Eswatini ; le Soudan ; l’Éthiopie et Maurice, qui disposent d’industries plus structurées, et d’un environnement plus favorable. Avec une population dépassant 198 millions d’habitants, dont près de la moitié sont des femmes et une majorité de jeunes, le Nigeria est en pleine mutation. Selon les prévisions de l’ONU, il deviendra le troisième pays le plus peuplé au monde, d’ici 2050. De quoi renforcer l’urgence de bâtir une économie plus résiliente et autosuffisante.

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