La connectivité en Afrique est un enjeu majeur pour le développement économique et social du continent. Les câbles sous-marins, qui permettent des communications rapides et fiables, sont au cœur de cette transformation. De nombreux pays africains mettent en œuvre des politiques pour améliorer leur infrastructure de télécommunications. Le Nigeria, par exemple, a lancé le « National Broadband Plan 2020-2025 » visant à augmenter la couverture du haut débit à 70% de la population d’ici 2025.
L’Afrique du Sud a introduit des régulations favorables aux investissements dans les infrastructures numériques et prévoit un investissement de 3,5 milliards de dollars US dans le secteur de la télécommunication d’ici 2026. Le Kenya, quant à lui, a mis en place des initiatives comme le « Digital Economy Blueprint » pour stimuler l’expansion de la connectivité internet.
Par ailleurs, la société publique Telecom Namibia (TN) a achevé, le 31 juillet, la mise en service du segment namibien du câble sous-marin à fibre optique Equiano avec l’inauguration de sa station d’atterrissement à Swakopmund. Ce câble, reliant la Namibie à l’Europe et au reste de l’Afrique, devrait améliorer la qualité des services de connectivité haut débit pour les particuliers et les entreprises.
Cette inauguration survient peu après que Paratus Namibia, également partenaire de Google pour le projet Equiano en Namibie, a annoncé l’activation du câble. Arrivée sur les côtes namibiennes en juillet 2022, cette infrastructure renforce le réseau télécoms national avec une capacité nominale de 144 térabits par seconde.
Jusqu’à présent, le pays dépendait principalement du West Africa Cable System (WACS), offrant 14,5 térabits par seconde pour sa connectivité internationale. Selon une étude commandée par Google, l’arrivée d’Equiano devrait plus que doubler les vitesses actuelles d’accès à Internet, augmenter la pénétration d’Internet de 7,5 % au cours des trois premières années et favoriser une croissance importante, la création d’emplois et la durabilité. D’après les dernières statistiques officielles, la Namibie compte 2,9 millions d’abonnés à la téléphonie mobile, dont 68 % utilisent l’Internet mobile.
Quelques pays africains inspirants
Certaines nations africaines se distinguent par leurs infrastructures de câbles sous-marins avancées. L’Égypte, avec des câbles comme le « MENA » (Middle East North Africa), joue un rôle stratégique en tant que carrefour de connectivité pour le continent. L’Afrique du Sud est également un leader avec des projets tels que le câble « WACS » (West Africa Cable System), qui relie l’Afrique de l’Ouest à l’Europe avec une capacité de 5,12 Tbps (térabits par seconde). Le Maroc, grâce au câble « Atlas »et à son réseau de points d’atterrissage, est un autre exemple notable de succès en matière de connectivité sous-marine.
De nombreux pays africains, notamment ceux de l’Afrique subsaharienne, ont des besoins urgents en matière de connectivité. Par exemple, le Burundi, le Mali et la République centrafricaine ont des niveaux de connectivité internet parmi les plus bas du continent, avec des taux de pénétration de l’internet inférieurs à 10%. L’amélioration de la connectivité pourrait transformer ces pays en facilitant l’accès aux services numériques, à l’éducation en ligne et en stimulant la croissance économique.
Impact économique de la connectivité
La connectivité accrue grâce aux câbles sous-marins a un impact économique considérable. Selon une étude de la Banque Mondiale, une augmentation de 10% dans la couverture de l’internet haut débit peut entraîner une augmentation de 1,38% du PIB dans les pays en développement. Pour l’Afrique, où la connectivité à large bande est encore limitée, cette augmentation pourrait se traduire par un potentiel de croissance du PIB de plusieurs milliards de dollars US. Par exemple, une étude de 2023 estime que le développement des infrastructures de télécommunications pourrait générer une croissance économique supplémentaire de 3,5% par an dans les pays d’Afrique de l’Est.
Les coûts d’investissement dans les câbles sous-marins sont élevés. Pour des projets comme le câble « 2Africa », qui devrait être opérationnel en 2024, les investissements sont estimés à environ 1,5 milliard de dollars. Ces coûts comprennent la construction du câble, les équipements de télécommunication et la maintenance. Selon la Banque Mondiale, le câble “African Coast to Europe” (ACE), qui a été lancé en 2012, a nécessité un investissement de 700 millions de dollars pour relier l’Afrique de l’Ouest à l’Europe. En effet, les investisseurs devraient prêter une attention particulière au secteur des câbles sous-marins en raison de son potentiel de croissance et de rentabilité.
L’augmentation de la demande pour les services de données, la numérisation croissante des économies africaines et les politiques gouvernementales favorables offrent un environnement propice à des investissements fructueux. L’amélioration de la connectivité en Afrique à travers les câbles sous-marins est cruciale pour le développement du continent. En investissant dans ces infrastructures, les pays africains peuvent non seulement améliorer leur économie interne mais aussi attirer des investissements. Avec des politiques favorables, des besoins pressants et un impact économique significatif, le secteur des câbles sous-marins représente une opportunité stratégique pour les investisseurs cherchant à participer à la transformation numérique de l’Afrique.
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