En Afrique, la pêche est une activité essentielle pour la sécurité alimentaire comme pour le développement économique des pays. D’après des statistiques de de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), relayées dans le « journal openedition.org », la production africaine des pêches maritimes est faible, évaluée à 4,5 millions de tonnes en 2006, comparée à la production mondiale évaluée, elle, à 82 millions de tonnes. L’Asie occupe de loin la première place avec des captures de 41,2 millions de tonnes, suivie de l’Amérique et de l’Europe avec respectivement 22 et 13 millions de tonnes.
Toujours selon la FAO, à l’exclusion des algues, la production aquacole africaine a subi un léger repli de 1,2% en 2020 par rapport à 2019. Une légère contraction due essentiellement à la baisse de la production en Égypte, le principal producteur d’Afrique. Au Nigeria, premier producteur de l’Afrique subsaharienne, la tendance à la baisse enregistrée depuis 2016 s’est aggravée en 2020, avec un net recul de 9,6%. Dans le reste de l’Afrique, l’aquaculture a bénéficié d’une croissance à deux chiffres (14,5%), et a atteint 396 700 tonnes en 2020, contre 346 400 tonnes en 2019. A contrario, toutes les autres régions ont connu une croissance continue en 2020. Le Chili, la Chine et la Norvège, les principaux producteurs des régions Amériques, Asie et Europe, respectivement ont tous affiché une croissance en 2020.
Il est donc clair d’après ces chiffres de l’organisation onusienne que l’Afrique souffre non seulement d’un déficit de captures d’espèces aquatiques, toute la production africaine étant inférieure à celle d’un pays comme l’Indonésie (4,7 millions de tonnes). Mais également d’une faible production aquacole comparée aux autres régions de la planète, surtout de poissons.
Une production de poisson marginale
Au Nigeria par exemple, d’après FISH4ACP, une organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique qui contribue entre autres à la prospérité de la pêche et de l’aquaculture, en dépit du fait que le pays soit le premier producteur d’Afrique subsaharienne de poisson et le premier producteur mondial de poissons chats (90% des activités piscicoles du pays), la production de poisson est loin de couvrir le marché. Constituant plus de 40% de l’apport en protéines des Nigerians avec une consommation par habitants qui s’élève à 13,3 kg par an, la demande dépasse largement la production locale.
Au Cameroun, plusieurs tonnes de poissons surgelés sont importées chaque année pour satisfaire une consommation locale estimée à 500 000 tonnes par an contre une production nationale évaluée à 340 000 tonnes. Lors de son passage à l’Assemblée nationale le 30 novembre 2021, le ministre camerounais en charge de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales, le Dr Taïga avait relevé qu’entre le 1er janvier et le 31 octobre son ministère a délivré « 34 avis techniques d’importation de produits halieutique pour un quota global de 249 857 tonnes ».
Un volume d’importations (249 857 tonnes en 2021) confirmé par l’Institut national de la statistique (97 000 tonnes au premier semestre et de 152 654 tonnes au 31 octobre 2021). La Chambre de commerce, d’industrie, des mines et de l’artisanat du Cameroun (Ccima), dans une note de conjoncture économique quant à elle parle 189 500 tonnes de poissons importés par le pays au terme de l’année 2021, pour une enveloppe évaluée à 134,1 milliards de francs CFA. L’institution précise d’ailleurs que le volume desdites importations au premier semestre de 2021 était de l’ordre de 96.900 tonnes correspondant à 63,6 milliards FCfa. Et de 92.000 tonnes pour un cachet de l’ordre de 70,5 milliards FCfa au second semestre.
Le Gabon également, comme tous les autres pays d’Afrique peine à satisfaire une demande locale de poisson en constante augmentation. D’après la FAO, la consommation annuelle de poisson dans ce pas d’Afrique centrale tourne autour de 35 kilogrammes par personne. Soit l’un des taux les plus élevés du continent africain. Mais 25 000 tonnes doivent être importées chaque année pour répondre aux besoins du marché local.
Développement de la pisciculture africaine
Des chiffres et bien d’autres qui montrent que de nombreux pays africains sont tributaires des importations. Pour inverser la dépendance aux importations qui creusent les balances commerciales et par ricochet accélèrent la sortie des devises, les gouvernements africains tablent sur la production de poissons (carpes, tilapia, poissons chats, etc), à l’instar du Cameroun qui entend porter la sienne à 100 000 tonnes d’ici 2030 à en croire le ministère en charge des Pêches.
Car d’après la FAO, les poissons d’élevage occuperont une place importante dans la consommation et le commerce dans les 10 prochaines années. La consommation annuelle mondiale de poisson s’élève à 20,5 kilogrammes par personne. L’Asie, en particulier l’Asie du Sud, l’Asie du Sud-est, la Chine et le Japon devraient représenter 70% de la consommation mondiale de poisson d’ici 2030. L’Afrique subsaharienne, en revanche, devrait voir sa consommation de poisson par habitant fléchir de 1% par an jusqu’en 2030. Mais, compte tenu de la croissance démographique rapide des Africains de l’ordre de 2,3% durant la même période, la consommation totale de poisson de la région progressera de 30%.
Aujourd’hui, plus qu’avant, le commerce des produits d’origine aquatique en général et du poisson en particulier joue donc un rôle essentiel qu’il s’agisse de générer des recettes, de créer des emplois, d’apporter de la valeur ajoutée et de contribuer à la sécurité alimentaire.