Le 29 novembre, des dirigeants de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) ont bouclé, à Paris, dans la capitale française, leur table-ronde organisée pour collecter 7 milliards d’euros nécessaires au financement de la deuxième vague des projets prioritaires intégrateurs dans la sous-région.
Pendant les deux jours de tour de table, ils se sont attelés à convaincre les investisseurs à mettre à la disposition de cette région du continent des moyens en vue de la réalisation de leurs « 13 projets intégrateurs » prioritaires sur la période 2023-2025, dont les principaux sont les routes, des ponts et des infrastructures d’interconnexion électrique pour un montant de plus de 8,8 milliards d’euros.
S’exprimant à l’ouverture des travaux, le président en exercice de la Cemac, Faustin-Archange Touadéra, chef de l’Etat de la République centrafricaine, a spécifié les défis contraignants auxquels la sous-région est toujours confrontée, en dépit des efforts consentis çà et là :
En dépit de ses énormes potentialités, la Cemac reste confrontée à des défis qui ralentissent sa marche vers l’émergence. Ces défis sont d’ordre structurel, sécuritaire et environnemental,
a-t-il énuméré. Pour sa part, le Fonds monétaire international (FMI) a appelé à la poursuite des réformes structurelles, l’amélioration de la gouvernance, et une gestion prudente de la manne pétrolière. L’institution de Bretton Woods reconnaît néanmoins quelques petites avancées significatives. Elle cite notamment les réserves de changes en augmentation ainsi que les réserves en cours, et l’amélioration des avoirs nets. Mais ces facteurs positifs n’ont pas éradiqué le sempiternel problème d’accès aux financements. La levée de fonds demeure problématique.
Les projets font souvent face à des problématiques de terrain, de mise en œuvre politique, etc. Effectivement, la question qui se pose, c’est comment nous assurer que nous avons des projets intégrateurs qui soient de qualité, qui mobilisent des financements, notamment sur le long terme, des financements pas chers qu’on appelle des financements concessionnels, afin qu’on regarde aussi les degrés d’endettement, et comment est-ce qu’on attire le secteur privé ?,
a expliqué l’administrateur de la Banque Mondiale pour les pays de la Cemac, Abdoul Salam Bello.
104% de l’objectif initial
C’est d’ailleurs dans le but de lever des fonds, comme lors de la première table ronde organisée il y a trois ans dans la même ville française, que la Cemac a initié ce second forum avec ses partenaires techniques et financiers ainsi que des investisseurs privés, à l’effet de convaincre les potentiels investisseurs et de mobiliser les quelque 8 milliards de dollars (environ 4830 milliards de FCFA) recherchés pour injecter dans le développement de la sous-région.
Au final, la table-ronde de Paris n’aura pas été une petite balade de santé. Du moins si l’on en croit Michel-Cyr Djiena Wembou, secrétaire permanent du comité de pilotage du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac). Il a assuré que quelque 9,2 milliards de dollars ont été promis à son institution, représentant 104% de l’objectif initial.
Avant la table-ronde, la Communauté avait déjà réuni 2 milliards d’euros et ses besoins pour atteindre l’objectif escompté, étaient de 7 milliards d’euros (4575 milliards). Les dirigeants de l’espace communautaire assurent avoir obtenu la promesse de 9,2 milliards d’euros, soit un peu plus que le montant escompté, notamment grâce au soutien des Émirats arabes unis, selon Jeune Afrique.
« C’est un franc succès », s’est réjoui le ministre congolais de l’Economie et des Finances, Jean-Baptiste Ondaye, au terme du tour de table organisé qui a duré deux jours dans la capitale française.
3,8 milliards d’euros récoltés lors du premier forum
Au cours de la première table-ronde s’était tenue en novembre 2020 toujours dans la capitale française, sous le haut patronage du président congolais, Denis Sassou Nguesso, les six États de la sous-région Cemac (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad) avaient collecté 3,8 milliards d’euros (2294 milliards de FCFA), largement supérieure aux 2 205 milliards de FCFA dont ils avaient besoin pour la réalisation des 11 projets intégrateurs dont était constituée cette première vague. Ces 11 projets avaient été arrêtés au cours de l’assemblée générale extraordinaire des six chefs d’Etat à Yaoundé le 22 novembre 2019.
L’enveloppe nécessaire au financement des projets intégrateurs est estimée à 4 074,64 millions d’euros soit 2 670,28 milliards de FCFA. Sur ce montant 709,92 millions d’euros (environ 465,24 milliards de FCFA) soit 17,4% du coût total, ont déjà été mobilisés. La Communauté sollicite donc auprès des partenaires techniques et financiers un montant de 3 364,72 millions d’euros, soit 2 205,04 milliards de FCFA pour couvrir le gap de financement,
se félicitait alors la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (Bdeac), institution mandataire pour mobiliser la communauté des bailleurs de fonds autour des objectifs de financement fixés par la Cemac.
Mi-mars dernier, à l’issue de la 15e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etats de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, à Yaoundé, les participants s’étaient engagés à améliorer les conditions de vie des populations, et à industrialiser la sous-région. La Conférence avait annoncé une liste de 15 projets à financer dans le cadre de la seconde phase, pour une enveloppe de 1700 milliards de F CFA.
Quelques mois plus tôt, en février 2023 à Brazzaville, au Congo, les 15 projets avaient déjà fait l’objet d’un examen minutieux au cours de la 6e réunion du Comité technique en charge du suivi de la mobilisation des financements et de la mise en œuvre des 11 projets intégrateurs prioritaires de la Cemac.